ANABEL'S POPPY DAY


Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)

Traumatisme de l'enfance ou psychédélisme adolescent ? Annie n'aime plus les sucettes. Elle écoute les Residents et Pantera en jouant avec son dernier piercing. D'ailleurs, elle ne s'appelle pas Annie mais Anabel et elle passe aujourd'hui à l'action en autoproduisant Small songs for small people, un disque inquiétant rempli de comptines dissonantes et d'atmosphères grinçantes entre Throbbing Gristle et le Manège de l'île enchantée. La pédopsychiatrie a décidément de beaux jours devant elle...

Propos recueillis par Laurent Courau.


L'ambiance générale de Small songs for small people me fait penser à la musique que pourraient produire les Teletubbies lors d'un mauvais trip d'acide. Consommes-tu toi-même de grandes quantités de drogues psychotropes ?

Contrairement aux Teletubbies, je ne consomme pas de substances illicites ! Jamais de drogues, jamais d'alcool : pas par conviction mais par crainte de l'effet. Je suis plutôt hypocondriaque donc méfiante de tout ce qui pourrait me rendre malade ou me faire perdre le contrôle.

Peux-tu nous dire qui se cache derrière le nom Anabel's Poppy Day et ce que signifie ce patronyme ?

Tout est composé, interprété et enregistré par moi seule sur un quatre pistes. Donc la personne qui se cache derrière Anabel's Poppy Day, c'est moi : Annabelle. Poppy Day car jour pop/musical. Ca représente mon style de prédilection et ça souligne le fait que je vis la musique comme un acte assez exceptionnel en soi. C'est un moment spécial, où je suis seule face à mes instruments, sans contraintes, sans personne pour me dire quoi faire ! Je fais ce que je veux et personne ne m'emmerde (quel luxe) !

Ton album rappelle plein d'objets musicaux étranges et notamment les incontournables Residents. Peux-tu nous parler des musiciens et des artistes (tous médiums confondus) qui ont influencé tes compositions ?

S'il y a un artiste qui m'a influencée, c'est vraiment Jad Fair. C'est en découvrant sa musique et sa démarche artistique que je me suis sentie capable de prendre un instrument. Ce mec ne sais pas jouer, ne sais pas chanter, mais ça ne l'empêche pas de faire des chansons qui plaisent à plein de gens. J'ai appris à jouer au fur et à mesure de mes enregistrements et d'ailleurs, je pense que ça s'entend. Il fait de la musique expérimentale telle que je le conçois. J'écoute des groupes comme Built to Spuilt, Bis, Bob Drake, pas mal de groupes de punk rock. J'adore l'énergie rock, la grosse "patate" du metal... Dans le genre, Pantera sont vraiment les meilleurs et si jamais je deviens une rock star, je met d'office Vinnie Paul derrière la batterie digitale ! A part Jad Fair, que je peux considérer comme quelqu'un qui a révélé en moi une envie, pas grand chose d'autre.

La durée et le nombre des morceaux de Small songs for smal people me rappelle la compétition que se livraient les groupes de Hardcore et de Grindcore du début des années 90, certains allant jusqu'à graver 75 morceaux sur un 45 tours. Pourquoi avoir choisi de limiter tes morceaux à des durées aussi réduites ? Tu n'avais pas envie de développer plus avant tes mélodies ?

En fait je ne calcule rien, j'ai une idée de riff en tête, je branche ma basse et je brode autour, je ne me pose pas plus de questions que ça, ça dure le temps que ça dure. Il est vrai que j'apprécie pas mal la démarche de Brutal Truth surtout sur Animal Kingdom mais ce n' est pas non plus une compétition! Après avoir joué dans un groupe où les morceaux duraient de 8 à 12 minutes, j'ai trouvé drôle l'idée d'en faire des supers courtes !!! Quant à développer mes mélodies, pourquoi pas dans un autre projet où je serai dirigée par d'autres.

As-tu déjà fait écouter ton album à des enfants et le cas échéant, quelles furent leurs réactions ? Joie, frayeur ?

Justement, je suis toujours curieuse de voir la réaction des enfants parce que dès qu'on me catalogue, c'est dans ce style là (même si je ne cherche pas à faire de la musique pour les gosses). Apparemment, ça plait aux très jeunes enfants (environ cinq ans) ils deviennent hystériques, sautent partout, courent dans tous les sens... Même si ce n'est pas le public ciblé, je trouverai ça génial de les voir s'exciter sur mes chansons !

Quels sont tes héros préférés ? Oui-Oui, Donald Duck, Calimero, Fantômette, Candy ?

J'aime Mary poppins et Merlin l'enchanteur. Les héros de Walt Disney ne sont pas si mièvres que ça ! Je les trouve drôles, visionnaires et fantaisistes. Mais mon tempérament ne me porte pas vers l'adulation... J'aime plein de trucs, comme tout le monde, regarder des films, lire, j'en tire des personnages qui me plaisent mais ça ne va pas vraiment plus loin que ça. Candy c'est cul-cul, Fantômette je suis trop jeune pour connaître, trop vieille pour Oui-Oui et Donald est tout pourri.

On imagine assez bien ta musique utilisée comme bande-son au cinéma. Quel type d'images souhaiterais-tu illustrer ? Aimerais-tu travailler avec un réalisateur en particulier ?

Mes chansons prennent plus d'intérêt quand elles sont associées à de l'image, je suis persuadée. Pour le disque ainsi que pour le site web, j'ai travaillé avec un ami graphiste. On a l'habitude de travailler ensemble, il sait ce que je veux et aime ce que je fais. J'ai des images assez précises et j'y accorde beaucoup d'importance. On pense faire un clip tous les deux mais rien n'est fait ! J'ai aussi un projet (pas pour tout de suite) avec Bechamel (www.bechamel.com) pour une de mes chansons en bande son de leur dessin animé. Rien n'est sûr mais j'aimerai beaucoup que ça se réalise ! J'aimerai bien sortir du domaine visuel de l'enfance, des imageries un peu "girly" parce que ça ne me ressemble que très partiellement. J'aime beaucoup la direction graphique qui a été prise jusque là mais je pense qu'il ne faut pas trop l'exploiter. Ca deviendrait vite monocorde, mielleux et naze en fin de compte. Je revendique un versant crados, qui dépasse et ne sent pas super bon et si je pouvais me faire une critique à ce niveau là, ce serait le côté lisse. Je me rends compte que c'est très difficile d'employer le ton juste à travers des images, c'est forcément quelque chose de figé dans le temps et qui ne représente au final pas grand-chose mais plutôt l'envie du moment.

De par le format des chansons, j'ai pensé à la pub mais c'est un milieu très fermé, idem pour le cinéma. J'aime la vision de l'enfance de Dany De Vito et le monde de Tim Burton mais bon, faut pas rêver.

Quelle fut la réaction de la presse musicale française à la sortie de Small songs for small people ? D'après ce qu'on peut lire sur Internet, il semblerait que ton album ait décontenancé plus d'un journaliste...

Ce qui ressort le plus souvent des articles, c'est l'interrogation. On se demande où je vais avec ces drôles de chansons et surtout qui je suis ! Ils me prennent pour une barge ! En général, l'accueil a été très sympa sauf pour deux trois articles plutôt malveillants de gens qui n'ont pas apprécié mais bon c'est normal, je fais une musique avec un parti pris très fort, 45 chansons c'est indigeste pour pas mal de gens...

Et tant que nous y sommes, qu'en ont pensé tes parents et les autres membres de ta famille ?

Ma famille ne prend pas vraiment au sérieux ce que je fais, on en parle pas trop, je leur dit juste ce qui se passe de positif ; je crois qu'ils s'en foutent... Ils attendent de voir ce que ça va donner.

As-tu entendu parler du syndrome de Peter Pan, ce trouble identitaire qui caractérise les adultes qui refusent de grandir et adoptent des comportements, des activités que l'on pensait rangées au placard de l'enfance et de l'adolescence et te considères-tu toi-même comme atteinte ?

Avec un père psy, j'ai entendu parler de ce syndrome plus d'une fois ! Je ne pense pas en être atteinte. J'ai 21 ans, je m'assume à tous les niveaux et puis vivre dans l'enfance à mon âge, c'est pathétique ! C'est vivre dans quelque chose qui ne nous appartient plus ! J'ai sûrement des restes de l'enfant que j'ai été, mais je trouve ça plutôt sain.


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Titre : ANABEL'S POPPY DAY
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : La Spirale.org - 1996-2008
Date de mise en ligne :

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Anabel's Poppy Day - Une interview tirée des archives de La Spirale.

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