GARETH BRANWYN « DO IT YOURSELF, CYBERPUNK ! »


Enregistrement : Automne 1997

Un des entretiens phares de La Spirale.org, daté de la fin du siècle dernier ! Auteur de Jamming the Media, l'un des meilleurs livres jamais publiés sur les médias alternatifs, l'auto-production et l'auto-diffusion, Gareth Branwyn est un cas à part dans les rangs pourtant fournis de la cyberculture.

Collaborateur de revues aussi prestigieuses que Wired, Mondo 2000 ou bOING bOING, artiste et agitateur multimédia, responsable de plusieurs sites web dont l'excellent Street Tech, de Make Magazine et enfin grand spécialiste des subcultures et du fanzinat, Gareth avait réussi à trouver le temps de répondre à mes questions à la fin des années 90, peu de temps avant l'avènement du nouveau millénaire.


Propos recueillis par Laurent Courau.



Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de La Spirale. Je ne sais même pas si on doit vous considérer comme un écrivain, un journaliste, un auto-producteur ou un artiste ? Avez-vous un terme pour réunir et désigner toutes ces activités ?

Je suis assez fier, lorsque je remplis des formulaires officiels (gouvernementaux, médicaux, etc...) de ne jamais trop savoir ce que je dois mettre dans la case "emploi". Je me suis déclaré au fil des années comme artiste, graphiste, philosophe, fauteur de troubles, généraliste et écrivain. Ces derniers temps, je mets "écrivain" vu que c'est ce que je fais quasiment à temps plein. Bien que cela puisse paraître prétentieux, je me vois comme un "généraliste". Etant d'une curiosité sans limites, je ne veux pas me limiter à une seule chose. A l'instar de Buckminster Fuller, je conçois ma vie comme une recherche permanente dans ce qu'une "unité d'intelligence humaine" peut apprendre et expérimenter.

Qu'est-ce qui vous a attiré vers l'auto-production et l'auto-publication ? Quelle furent vos premières expériences sur ce terrain ?

Je me suis intéressé à l'auto-production et à l'auto-publication depuis le lycée. J'y suivais un cours de graphisme et me servais de l'équipement de l'école pour réaliser plusieurs revues underground et autres pamphlets. Depuis je n'ai cessé d'avoir entre les mains des imprimantes à encre (ou électrons). Je fais partie de cette mouvance depuis les publications des années 70 (oui, je suis aussi vieux *que* ça), le punk, les fanzines des années 80 et les webzines d'aujourd'hui. J'ai aussi participé au Mail Art durant les années 80.

Jamming the Media est certainement le livre le plus complet qu'il m'ait été donné de lire sur ce sujet. Qu'est-ce qui vous a donné envie de l'écrire et comment avez-vous réuni une telle somme de document ?

Ayant utilisés tant de différents médias, appris tant de trucs et rencontrés tant de gens intéressants et merveilleux, j'ai pensé que ce serait marrant de réunir tout ça dans un livre. J'ai rempli des étagères et des débarras entiers de fanzines, de mail art, de collages sonores, de musique et d'autres éléments de culture marginale pour finir par réaliser qu'il était temps d'en classer et d'en organiser une partie en en essayant de donner un sens à tout ça.

J'ai noté que vous citiez la phrase de William Gibson : "La rue trouve son propre usage pour les choses" dans Jamming the Media. Fait-t-il partie de vos influences majeures ? Est-ce que cette phrase vous a inspiré pour créer Street Tech ?

Oui, l'idée de départ de Street Tech, et mon intérêt pour l'auto-production dans le domaine technologique, m'ont été en partie inspirés par Gibson. J'ai pensé que l'idée de base du cyberpunk - la récupération dans un but culturel et politique d'une haute technologie créée à l'origine pour un usage militaro-industriel - était révélateur. Cette idée s'est bien sur répandue dans l'éthique d'auto-production des 30 ou 40 dernières années, depuis des choses comme le Whole Earth Catalog jusqu'aux labels punks, la culture de la photocopie des années 80 et ainsi de suite.

Le cyberpunk et les hackers ont amené l'idée que dans une société globalement interconnectée par l'informatique, un petit groupe de gens (ou même un individu isolé) pouvait s'accaparer un pouvoir disproportionné et le retourner contre le status quo général (de la même façon qu'un pratiquant d'Aikido retourne la force de son adversaire contre lui). Ceci ayant à la fois du bon et du mauvais.

Le site Street Tech n'est pas tant un noble effort de lutter contre le pouvoir. C'est un effort commercial (mon travail quotidien) dont le but est de fournir aux consommateurs high-tech des évaluations honnêtes de hardware informatique et d'autres produits électroniques. Avec son expansion, nous pensons y donner plus d'importance aux pièces auto-produites. Une personne associée au site se prépare par exemple à créer une station de radio pirate et tiendra sur le site une chronique de ses efforts, une autre construit un système de MP3 pour sa voiture, une autre construit un PC avec de la récupération. Ce genre de choses.

En parlant de ces opportunités d'expression libre, n'avez-vous pas par moment la sensation d'être isolé ou de mener un combat perdu d'avance ? Vous ne pensez pas que les grands groupes médiatiques gâchent déjà la fête ?

Les géants des médias gâchent toujours la fête. C'est leur boulot. Ils sont là pour faire de l'argent et dépouilleront de son contenu - contenu qui aurait pu gêner le status quo - tout ce qui possède un potentiel culturel intéressant pour n'en revendre que l'image. C'est toujours la même histoire.

Mais ce que j'essayais de dire dans Jamming the Media, c'est que, grâce aux technologies qui sont devenues accessibles à beaucoup de gens (pas à tous, mais à beaucoup), on peut une fois de plus tout recommencer à zéro. Si d'un côté les géants des médias volent et récupèrent les bonnes idées, de l'autre les zines, les labels et les réalisateurs indépendants, toi et tes amis pouvez utiliser les mêmes ordinateurs, photocopieuses, synthétiseurs, caméras vidéo et samplers qu'eux pour créer vos propres médias. Et oui, si vous faites quelque chose de vraiment bien, ils vont vous contacter et vous proposer pas mal d'argent que vous finirez sans doute par accepter. Et vous vous engraisserez, et la qualité de votre travail s'en ressentira. Mais pendant ce temps, de nouveaux pirates des médias apparaîtront et produiront de nouvelles choses plus fraîches et pas encore gangrenées.

Je suis peut-être naïf, mais je crois qu'à chaque fois que ce cycle se répète, quelques nouvelles idées marginales arrivent à toucher le plus grand nombre et à provoquer de petits changements. La musique est un bon exemple. Si vous prenez la musique populaire et ce qui y est considéré comme de la musique et non du bruit, la palette des sons considérés comme acceptables s'est élargie durant les dernières décennies, et ce particulièrement depuis l'apparition des samplers et des ordinateurs. Petit à petit, l'oreille du grand public s'ouvre. J'étais vraiment choqué lorsque j'ai entendu Perfect Drug de Nine Inch Nails sur une station de radio grand public. Voilà une chanson construite à partir de bruits samplés et maintenant considérée comme de la musique pop. Ce n'est pas un changement révolutionnaire mais c'est un changement.

A partir de votre expérience personnelle - la publication de Going Gaga vous amenant à travailler avec Mondo 2000, bOING bOING vous amenant à travailler avec Wired, etc... - considérez-vous qu'il est possible de collaborer avec les médias grand public tout en conservant un même esprit d'indépendance ?

Oui, c'est possible. Je pense que c'est très rare mais ça arrive. Vous devez être très vigilant pour rester vrai et honnête envers vous-même. Pour être honnête envers moi-même, je peux vous dire que j'ai fait des compromis et mis de l'eau dans le vin de ma "mission" originale. Mais je suis aussi satisfait des idées et des gens que j'ai pu présenter à travers les forums plus commerciaux que sont Wired ou Details (un important magazine masculin américain pour lequel j'écris). Et collaborer à ce genre de revues, pour de l'argent, m'a permis de continuer à écrire pour des publications marginales comme bOING bOING et de poursuivre des projets personnels tirés par les cheveux.

Les outils de communication ont joué un important rôle subversif lors de périodes historiques majeures. Où voyez-vous ce type de guérillas de la communication aujourd'hui ?

Hmmm. Bonne question. Il y a un tel réseau de technologies de communication en route que des idées neuves et subversives peuvent surgir à peu près n'importe où. Je pense qu'il se passe encore plein de trucs bien dans les ezines sur internet (comme La Spirale !) et dans certains trucs de vidéo numérique (comme D. Film, Res Fest et Free Speech TV). Les radios pirates semblent connaître un regain d'activités, du moins aux USA.

Je pense qu'avec l'amélioration de la technologie du streaming audio et vidéo, ça va devenir génial et que n'importe quelle personne équipée d'un ordinateur, d'un microphone et/ou d'une caméra vidéo pourra émettre dans le monde entier. Comme le soulignait quelqu'un récemment, les stations de radio mesurent leur influence et leur pouvoir (dans un sens économique et culturel) par la puissance de leur émetteur et le rayon de diffusion de leur signal. Mais qu'est-ce que ça signifie quand à peu près n'importe qui (du moins dans un pays développé) a le potentiel pour atteindre le monde entier à travers internet ?

Quels furent les grands moments de ces années consacrées aux cultures marginales et aux médias underground ?

Ouh la la, il y en a tellement. Ce fut un long et étrange trip. Travailler sur ma première revue underground au lycée fut un vrai rush. La découverte de Factsheet Five a fait des étincelles dans ma tête. bOING bOING a connu des périodes particulièrement brillantes. Le souvenir le plus intense remonte sans doutes au début des années 80 lorsque je faisais mon fanzine Going Gaga, que je l'envoyais dans le monde sans savoir qui le recevrait et s'y intéresserait et qu'ensuite je recevais tant des feedbacks positifs de gens aussi géniaux que Kevin Kelly et Howard Rhiengold (tous deux collaborant à l'époque au Whole Earth Review), Julian Dibble et Erik Davis du Village Voice, Mike Gunderloy de Factsheet Five et des tonnes d'autres personnages fascinants.

Zine, le livre de Pagan Kennedy est sous-titré "Comment j'ai passé six années de ma vie dans l'underground et finalement... me suis trouvé moi-même... je pense". Ca résume bien le truc pour moi aussi.

Au cours des dernières années nous avons vu l'émergence de la cyberculture, de la techno, de la jungle et de tout un tas de sous-genres à caractère fortement technologique. Quel sera à votre avis la prochaine vague ?

On me pose souvent ce genre de questions et je dois dire que je m'en fous un peu. Sans répondre exactement à ta question, je commence à remarquer de plus en plus l'utilisation de l'An 2000 comme outil de propagande par un certain nombre de groupuscules marginaux. Tout d'abord les Fundies (Chrétiens Fondamentalistes) qui le relient aux prophéties du Livre des Révélations, la marque de la bête et tout ce bazar.

Puis j'ai vu des magazines hippies comme Utne Readers and Communities, un journal sur les modes de vie communautaires qui sort des numéros sur la façon dont l'An 2000 peut être utilisé comme excuse pour attirer les gens vers les communautés ou les énergies alternatives, etc... D'accord, je suis pour les communautés et ce genre de trucs mais je trouve plutôt malsain de se servir des peurs et des angoisses des gens vis à vis de l'An 2000 pour les amener vers le communautarisme et l'énergie solaire.

Gillian Anderson était à la télévision l'autre soir et parlait de l'An 2000. Elle disait : "N'est-t-il pas ironique que l'ordinateur, la machine qui est responsable de tant d'aliénation dans notre société, soit la machine qui va nous réunir à nouveau." Aliénation ? Qu'est-ce qu'elle nous chante ? J'ai rencontré des dizaines d'amis très proches grâce à internet. Etant handicapé (je souffre d'une forme grave d'arthrite), le Net a été un cadeau de dieu pour moi. Je pense qu'il rapproche déjà les gens. Mais je suis aussi sur qu'il en a aliénés certains. Je déteste ce genre de visions simplistes des choses.

Je me demande bien quelle forme de folie millénariste va apparaître dans les années à venir. Un rejet de la technologie, issu de l'angoisse de l'An 2000, n'est pas difficile à imaginer.

Je pense qu'une prochaine vague sera issue de l'espèce de réseau câblé global de cyber-TV dont je parlais plus haut. J'espère que les gens en feront un meilleur usage et seront plus créatifs que dans les horreurs qu'on peut voir sur les télévisions publiques du câble américain.

Qu'il s'agisse des grands groupes médiatiques ou de l'auto-production, une écrasante majorité des productions vient d'Amérique du Nord et d'Europe de l'Ouest. Vous ne pensez pas qu'il serait temps que le reste du monde prenne la parole et que ça devient un problème majeur ?

Je suis tout à fait d'accord. Je suis souvent confus et embarrassé par le peu d'intérêt que manifestent les gens en Grande Bretagne et aux USA pour le reste du monde. Les enfants dans d'autres pays en savent souvent plus que les jeunes américains sur l'histoire des Etats-Unis et la plupart des enfants américains ne savent quasiment rien du reste de la planète. Je suppose que ça rend les choses plus faciles pour notre gouvernement et notre culture lorsqu'il s'agit d'exploser à coups de bombes d'autres pays pour nos intérêts nationaux.

Je pense que le net a fait quelque chose pour améliorer ça en cassant les barrières qui séparent les gens. Sans l'internet, je ne serais probablement pas en train de vous parler et de faire cette interview. Rien que le mois dernier, j'ai été interviewé par un magazine belge et un site sud-africain. Avant le net, mon exposition publique se limitait quasiment aux seuls Etats-Unis. Mais il est vrai que ça ne marche sans doute pas aussi facilement dans l'autre sens.

Jamming the Media a été critiqué, je pense à juste titre, pour être trop US-centrique. L'idée de départ de ce livre était de parler de tous ces gens que j'ai croisés, or avant internet la plupart de mes contacts venaient des Etats-Unis. Le côté international du Mail Art était assez génial. Quand j'ai lancé mon projet Sandwich Mail Round the World, j'ai reçu des contributions de seize personnes de neuf pays différents. Je ne saurais décrire mon excitation lorsque me revenait un paquet rempli d'art, de messages et de petits bibelots culturels après un an de voyage autour de la planète. C'était magique.

Comment voyez-vous le futur des communications ? Maintenant que nous avons internet, qu'attendez-vous comme prochaine révolution majeure ?

Hé bien, je pense que la convergence, bien que n'étant pas à proprement parler une révolution, sera le prochain truc. Ca pourrait d'ailleurs amener pas mal d'ennuis aux médias auto-produits. J'ai peur que des réseaux à hauts débits comme Internet 2 écrasent les petites gens et qu'ils restent coincés sur l'internet actuel dont plus personne n'assurera la maintenance. Lorsque ça aura démarré, il ne restera plus qu'un réseau très puissant sur lequel le coût de la diffusion deviendra prohibitif. J'ai remarqué que les géants des médias et le gouvernement vont déjà dans cette direction. Espérons que ça n'arrivera pas et qu'il existe une infrastructure assez importante pour soutenir l'auto-production en ligne, mais nous devons tous en être conscients et nous tenir prêts à contre-attaquer.

Quels sont vos prochains projets ?

J'essaie de faire marcher Street Tech et d'en faire un bon site. Je veux faire un livre qui soit une réponse scientifique et technologique à Jamming the Media, un livre sur les scientifiques amateurs et les inventeurs qui rêvent de choses intéressantes dans leurs caves et leurs garages.

Il y a par exemple un certain Nathan Cohen qui n'a pas réalisé sur le moment qu'il venait de faire une invention révolutionnaire en pliant son antenne de radio à ondes courtes en forme de pagode. Il voulait juste ne plus avoir ses voisins sur le dos à propos du fil qui sortait de sa fenêtre. Pour la plier, il s'est servi de la géométrie fractale dans la manière dont une structure fractale vous permet de faire rentrer une longueur maximale dans un espace minimum.

Une fois son design terminé, il a fait des tests afin de mesurer la dégradation causée au signal par son pliage. Les yeux lui sont presque sortis de la tête lorsqu'il a réalisé qu'il n'y avait pas de perte quantifiable. Surexcité, il a fait exploser sa carte de crédit pour acheter du matériel et construire un laboratoire dans son garage. Des recherches plus poussées ont démontré que, contrairement à la croyance générale, ce pliage fractal d'une antenne agissait de la même manière que les capteurs et les inducteurs qu'on ajoute habituellement aux antennes pour spécifier les fréquences. Cohen a maintenant construit des antennes du diamètre d'une diapo 24 X 36 qui vont jusqu'à capter les fréquences utilisées par les téléphones portables.

Je veux raconter ce genre d'histoires de façon amusante et irrévérente. Jusqu'à maintenant, personne ne m'a proposé suffisamment d'argent pour écrire ce livre et je ne veux pas me lancer dedans avant d'être certain de pouvoir m'y consacrer à plein temps en laissant de côté mes autres activités. Jamming a été écrit alors que je travaillais en parallèle pour de nombreux magazines et préparais deux autres livres et il en a souffert. Je travaille aussi sur un roman que je ne terminerai probablement jamais. Je ne trouve jamais de temps à lui consacrer.

Un dernier mot ? Quelque chose à ajouter pour terminer cette interview ?

Soyez vigilants. Assurez-vous que votre code soit propre. Mangez vos légumes. Réveillez-vous et sentez la planète !


Commentaires
norabens - 2009-07-29 21:54:47
chouette!

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A propos de cet article


Titre : GARETH BRANWYN « DO IT YOURSELF, CYBERPUNK ! »
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : Laurent Courau - 1997
Date de mise en ligne :

Présentation

Gareth Branwyn - Une interview tirée des archives de La Spirale.

A propos de La Spirale : Née au début des années 90 de la découverte de la vague techno-industrielle et du mouvement cyberpunk, une mouvance qui associait déjà les technologies de pointe aux contre-cultures les plus déjantées, cette lettre d'information tirée à 3000 exemplaires, était distribuée gratuitement à travers un réseau de lieux alternatifs francophones. Sa transposition sur le Web s'est faite en 1995 et le site n'a depuis lors cessé de se développer pour réunir plusieurs centaines de pages d'articles, d'interviews et d'expositions consacrées à tout ce qui sévit du côté obscur de la culture populaire contemporaine: guérilla médiatique, art numérique, piratage informatique, cinéma indépendant, littérature fantastique et de science-fiction, photographie fétichiste, musiques électroniques, modifications corporelles et autres conspirations extra-terrestres.

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