NATASHA VITA MORE « IL PRIMO POSTHUMAN »


Enregistrement : 05/04/2018

Intelligence artificielle, manipulations génétiques, fusion de l'humain et de la machine, évolution des mentalités et désir d’immortalité...

Près de seize années ont passé depuis notre précédent entretien avec Natasha Vita More, au début des années 2000. Période à laquelle La Spirale faisait partie des rares médias francophones à aborder les thèmes du transhumanisme et du post-humain.

Notre monde ayant depuis connu une accélération scientifique et technologique sans précédent, nous étions curieux de son regard sur l'époque, de ses prises de position et de ses enthousiasmes, volontiers sujets à polémiques dans nos contrées.

Qui n'en ont pas moins le mérite de nous proposer d’élargir notre horizon, notre champ des possibles, en se positionnant sur une dynamique inverse à ce qui apparaît désormais comme une forme de dépression hexagonale, voire plus largement européenne.


Propos recueillis par Laurent Courau.
Traduction par Ira Benfatto.



Notre précédente interview remonte à un peu plus d'une quinzaine d'années. Beaucoup de choses se sont passées depuis lors. Notre monde a en quelque sorte accéléré depuis le 11 septembre, au travers de l'émergence de l'intelligence artificielle, de l'explosion des nouvelles technologies et de la résurgence de la migration spatiale. Qu'est-ce qui a changé pour vous ? Et vous sachant concernée et active, comment percevez-vous votre propre rôle ?

Depuis 2002, il s'est passé beaucoup de choses en matière de sciences et de technologie. Mais aussi dans la manière dont nous utilisons ces nouveaux outils dans les domaines de la communication, des transports, de la santé et du divertissement. Qu'il est excitant de voir que l'automatisation et les véhicules sans chauffeur, la robotique alliée à l'intelligence artificielle et aux dispositifs haptiques, de nouveaux traitements pour les pires maladies et de nouvelles méthodes pour expérimenter la réalité ont tous franchi des étapes clés.

Voyez ce qu'apportent les intelligences artificielles faibles en matière d'automatisation, à la fois comme bénéfices et sources d'inquiétude par rapport aux emplois qu'elles peuvent détruire. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose. Il existe de nouvelles opportunités dans l'administration et la supervision de l'automatisation. En génétique, ces avancées ont mené au développement de CRISPR, l'outil d'édition du génome humain qui permet de mieux comprendre le fonctionnement de gènes délétères et de les supprimer. Parlons du domaine du divertissement, avec l'amélioration des interfaces de réalité altérée. Les interactions entre l'humain et la machine se sont considérablement améliorées en matière de réalité virtuelle et de réalité augmentée, pour s'interfacer dans le « gameplay ». Les technologies portables sont plus intelligentes, elles deviennent quasiment invisibles.

Jusqu'à l'internet qui est devenu plus visuel et facile d'accès. Ses utilisateurs sont passé de 9,1% de la population mondiale à approximativement 47% aujourd'hui. En 2002, il y avait 3 millions de sites internet et nous en avons plus de 555 millions à ce jour. Et il n'y a pas que cela, pensons à la vitesse d'internet. En 2002, il fallait 12,5 minutes pour télécharger une chanson et, aujourd'hui, 10 secondes ou moins.

Puisque nous sommes d'accord pour dire que nous assistons aujourd'hui à une révolution technologique sans précédent, quelles sont les dernières évolutions qui ont attiré votre attention ? Puisque vous venez de citer ces technologies, je pense bien sûr à CRIPSR et à l'intelligence artificielle...

CRISPR, parce que c'est une méthode d'édition du génome qui reçoit actuellement de nombreux soutiens académiques, autour de ses laboratoires de recherche et de développement. Ses applications face aux diagnostiques de cancer et de maladies mentales sont remarquables.

L'intelligence artificielle se trouve encore à un niveau que l'on qualifie de « faible ». La vraie intelligence artificielle, telle qu'elle fut pressentie par Minsky et d'autres équipes pionnières des années 1950 et 1960, se devait d'acquérir la capacité d'apprendre par elle-même, de devenir plus savante et sensible. Ce n'est pas encore le cas. Après par une longue période de stagnation due à un manque de financement de sa recherche et de son développement, l'intelligence artificielle connaît aujourd'hui une nouvelle période de développement qui met l'accent sur l'intelligence artificielle générale (AGI), en quelque sorte l'apprentissage de base.

Pour en revenir à votre question, deux choses ont retenu mon attention : la science et la technologie de la cryonie, développées à la Fondation Alcor. Depuis 1972, ces techniques ont considérablement évolué, notamment durant ces dernières décennies avec une multiplication des preuves scientifiques et de prouesses techniques. Je me dois aussi de mentionner mon propre travail scientifique, en tant que directrice d'un groupe de recherche sur une découverte capitale dans les domaines de la mémoire à long terme et de la vitrification cryonique.

Cet article a été publié par l'Institut national américain pour l'information biologique moléculaire (NCBI) et par le PubMed. Cette étude associe des preuves scientifiques dans le domaine des biotechnologies et du bio-art. Elle surpasse tout ce qui a été réalisé en bio-art par le passé. J'en suis à la fois fière et reconnaissante pour l'opportunité qui m'a été donnée et pour l'équipe qui a bien voulu me suivre dans cette aventure.

Pouvez-vous nous parler de vos fonctions au sein de l'UAT (Université des Technologies Avancées) et à l'Institut pour l'Ethique et les Technologies Emergentes?

A l'UAT, j'enseigne à plein temps et y préside le programme d'enseignement supérieur. J'apprends aux étudiants de premier cycle à développer des projets innovants et à la manière de les présenter. Dans le cadre des cycles d'étude supérieurs, je me concentre sur l'élaboration de cours sur les technologies émergentes, sur la recherche approfondie et la dirigeance. Je suis membre titulaire honoraire de l'Institut pour l'éthique et les technologies émergentes (IEET). Néanmoins, la plupart de mes recherches sont présentées à la conférence annuelle de la gouvernance de l'Arizona State University, sur le droit, la politique et l'éthique.

Pratiquez-vous toujours quotidiennement le culturisme ? Et quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait améliorer son bien-être et prolonger sa durée de vie ?

Pas régulièrement, dernièrement. Je n'en ai simplement plus le temps. Mais je m'entretiens en allant à la gym trois fois par semaine, pour lever des poids et me sculpter, aller à la danse et au yoga.

Pour améliorer votre bien-être et prolonger votre durée de vie, je vous conseille de trouver un but à votre vie. Incroyable comme ce seul facteur peut développer ou briser le bien-être, la longévité d'une personne. C'est ce qu'il y a de plus important. Dans un second temps, je dirais qu'il faut s'entourer de gens que vous aimez, qui vous aiment ou au moins vous apprécient. Et enfin, une autre vérité dérangeante, les gens négatifs vous pourrissent littéralement par leur comportement hideux.

Maintenant, pour aborder la question sous un angle plus scientifique, je dirais qu'il faut manger équilibré, se maintenir légèrement en sous-poids, faire de l'exercice en aérobie et en anaérobie chaque jour, bien dormir. Ce qui reste tout à fait réalisable. Je ne fais que répéter ce que proclament toutes les revues scientifiques sérieuses. D'après moi, il faudrait ajouter que l'on se doit de manger des aliments frais et de la viande bio, d'éviter de manger trop souvent au restaurant car on ne sait jamais de quelle manière les plats sont préparés.

Plus spécifiquement pour vous assurer une longévité optimale, faites séquencer vos gènes par un laboratoire (tel que 23andMe ou DNA Testing). Les précautions spécifiques pour une plus grande longévité sont de faire séquencer ses gènes (dans des laboratoires tels que 23andMe DNA Testing). De prendre un rendez-vous annuel chez le dermatologue, afin de dépister la présence de carcinome basocellulaire, un cancer de la peau qui touche 50% de la population américaine. Prévoir une première coloscopie à l'âge de 50 ans, puis tous les 10 ans.

Le blanchiment des dents n'est pas qu'esthétique, il s'avère également bon pour la santé dentaire. Puisque les dents font partie de la structure qui abrite le cerveau, il existe une relation directe entre la santé dentaire et celle du cerveau. Une maladie inflammatoire des gencives peut ainsi provoquer une inflammation des cellules cérébrales. En parlant des cellules du cerveau, il vous faut absolument protéger cet organe, le plus important du corps humain. Les troubles de la mémoire sont en hausse avec des apparitions toujours plus précoces d'Alzheimer et des autres formes de démence.

Chaque jour, stimulez votre cerveau en apprenant quelque chose et en vous posant de nouveaux défis.

Votre mari Max More est président de la Fondation Alcor, depuis 2011. La cryonie semble toujours au centre des débats et de la controverse. Que pouvez-vous nous dire des progrès effectués dans ce domaine ?

J'ai posé la question à Max et m'arrêterai à vous répéter ses propos. L'utilisation continue de la vitrification (prévention de la formation de glace) s'est révélée être un succès. Dans le cas des neuro-patients (NDLR : suspension de la tête et non du corps complet), la tomodensitométrie de leur crâne montre une structure du cerveau préservée et viable. Pour obtenir un transfert plus rapide de nos patients depuis l'hôpital jusqu'aux locaux d'Alcor, de nouveaux moyens vont être développés afin d'assurer la stabilisation et le transport à travers les USA, comme dans de nombreux autres pays.

Il semblerait que le Cyborg Manifesto de Donna Haraway ait beaucoup influencé votre travail. Trente ans après sa parution, que pensez-vous de ce texte avec le recul ? De la manière dont il a été utilisé et récupéré à la fois par les académiciens, les cyber-féministes et une partie du mouvement transgenre ? D'un point de vue plus personnel, comment pensez-vous que le transhumanisme puisse faire évoluer et améliorer la condition féminine dans le futur ?

D'abord, il est intéressant de noter qu'Haraway s'est partiellement trompée. Ou disons plutôt qu'elle a suivi la réthorique post-moderniste au lieu d'appliquer le prisme transhumaniste contemporain à son analyse. Par exemple, elle déclare préférer être un « cyborg qu'une déesse » (NDLR : le cyborg-féminisme de Haraway s'oppose à l'éco-féminisme né des années 1960, pour lequel la femme est à la fois déesse, guérisseuse, sorcière, shaman, accoucheuse, en osmose avec la nature). Et pourquoi ne pas être les deux ? Son féminisme ne prend pas en compte les évolutions technologiques ou l'« essence humaine » qu'est l'amour. L'amour est essentiel aux pré-humains, humains et transhumains, comme il le restera pour les post-humains. Avec une pensée pour John Lennon et le réductionnisme.

Sa seconde erreur réside dans sa vision du cyborg, qui s'y avère plus transhumain que cyborg. Je souligne ce point, car le terme « cyborg » s'est vu défini par Manfred Clynes en 1950, comme un hybride émergeant de la fusion de l'homme et de la machine, découlant de la théorie cybernétique. Ce n'est en aucun cas l'« homme du futur », mais un homme-machine créé pour l'exploration spatiale. Pour citer Clynes et son co-auteur Nathan Kline : « Les cyborgs rendent l'homme libre d'explorer ». Alternativement, l'agenda transhumaniste se focalise sur l'extension de la longévité, au-delà de l'espérance de vie génétique maximale de 122.3 années, en prenant le relai là où s'arrête la biologie. Bien sûr, la biologie reste une merveille, mais l'être humain vit dans une enveloppe fragile frappée d'une date d'expiration qui peut aisément développer des maladies, des infections et des dommages cellulaires.

Les transhumanistes prônent ainsi l'usage éthique de méthodes scientifiques valides et d'innovations technologiques pour diminuer l'impact des maladies corporelles et cognitives. Maintenant que les progrès génétiques, le clonage des cellules souche, les traitements hormonaux, la lutte contre les déséquilibres psychologiques, les prothèses et les appareils externes d'aide au bien-être se trouvent tous à l'avant-plan de la recherche scientifiques et des investissements économiques, l'agenda transhumaniste se trouve enfin sous le feu des projecteurs. Comment s'appelle la culture des gens qui veulent vivre longtemps, en bonne santé, et améliorer leurs capacités cognitives, mémoire inclue ? Le transhumanisme.

La popularité grandissante de Ray Kurzweil, notamment depuis qu'il a rejoint Google, semble avoir attiré un nouveau public vers le transhumanisme. Que penses-tu de cette nouvelle popularité ?

Kurzweil n'est qu'un facteur parmi d'autres de la popularité du transhumanisme, mais il reste un pionnier, un inventeur prolixe et un avocat de la vision transhumaniste.

Avez-vous ressenti une évolution des mentalité sur le transhumanisme, de la part du grand-public et des médias de masse ?

Oui. Dans les années 1980, les idées transhumanistes étaient considérées comme tenant de la science-fiction, de l'ordre de l'impossible et se voyaient même critiquées par des experts reconnus qui se moquaient de ses visées. Ces opposants ne valent pas mieux que leurs prédécesseurs. Voici quelques citations qui m'amènent à relativiser leurs propos, par comparaison :

. « Je pense qu'il y a un marché mondial pour peut-être cinq ordinateurs. » ― Thomas Watson (1874-1956), Président d' IBM, 1943

. « Qui diable veut entendre les acteurs parler ? » ― H. M. Warner (1881-1958), fondateur de la Warner Brothers, en 1927

. « Les avions sont des jouets intéressants mais n'ont aucune valeur militaire. » ― Maréchal Ferdinand Foch, professeur de stratégie à l'École militaire supérieure

. « Ce téléphone connaît trop de ratés pour être jamais considéré sérieusement comme un moyen de communication. Cet appareil n'est intrinsèquement d'aucune valeur pour nous. » ― Note interne de Western Union, 1876

. « Le voyage dans l'espace est une foutaise. » ― Sir Harold Spencer Jones, Astronome royal en Grande-Bretagne, deux semaines avant le lancement du premier Spoutnik en 1957

. « La théorie des germes de Louis Pasteur n'est qu'une fiction ridicule. » ― Pierre Pichette, Professeur de Physiologie à Toulouse, 1872

Dans les années 1990, le mouvement transhumaniste a pris une ampleur internationale et de nombreux partisans du post-modernisme s'en sont inquiétés. Le comité biotechnique de George W. Bush a par exemple déclaré que le transhumanisme constituait l'idée la plus dangereuse au monde. L'académicienne et post-moderniste reconnue, N. Kathryn Hayles a dit en 2011 qu'elle « pensait naïvement avoir contrecarré le transhumanisme une fois pour toute, en exposant ses méprises pour sa plus grande satisfaction et en assénant un coup définitif à ses aspirations. Mais qu'elle s'était trompé. »

Maintenant, à l'aube de 2018, le transhumanisme s'avère plus fort que jamais. Ses idées, autrefois considérées comme de la science fiction, sont aujourd'hui réelles et les théories s'enracinent. La population veut vivre longtemps, en bonne santé. Beaucoup sont préoccupés par leur mémoire et le vieillissement, on ne peut plus arrêter les progrès de la science contre la maladie. Personne ne veut être malade. Nous voulons tous être sains et pleins de vitalité.

Certaines des idées les plus farfelues, telles que le transfert du cerveau, apparaissent désormais comme des solutions potentielles contre la démence et la maladie d'Alzheimer. Sauvegarder les données de nos cerveau pouvait sembler risible quelques décennies en arrière, mais aujourd'hui c'est une solution logique à la perte de mémoire et aux autres maladies du cerveau. Le fait que l'industrie des jeux vidéos ait adopté la réalité virtuelle comme nouveau territoire indique que les gens veulent explorer de nouveaux domaines, qui incluent l'artificiel et l'informatique.

Vous avez récemment donné une conférence à Harvard sur le « futur des religions », à l'occasion de laquelle vous avez évoqué différents sujets tels que le futur de l'humanité, le transhumanisme et le posthumanisme. Justement, que pensez-vous de l'avenir de l'individu dans un monde toujours plus connecté, où l'homme et la machine fusionnent? Qu'adviendra-t-il de nos identités et de nos individualités ?

Le corps humain représente la « forme physique » de l'être humain. L'homme et la machine continueront de fusionner de multiples manières et les machines pourraient à l'avenir se mettre à développer leurs propres identités, séparément des humains. La question de l'identité ou de la pérennité de l'identité est un problème d'ordre philosophique (voir Derek Parfit et Max More). Pour ma part, je l'envisage d'après une grille de lecture plus comportementaliste, qui englobe notre conscience et nos désirs.
Par exemple, si le christianisme repose sur le corps du Christ, la question reste de savoir si cette emphase sur le corps doit s'étendre à la définition même du corps? Ma réponse est oui. C'est ce que je suggérais avec Primo Posthuman. Plutôt que de prôner la désincarnation, j'argumentais que le système nerveux périphérique de l'être-humain fait partie intégrante de son agencement et de son identité, transmis vers la sphère extérieure. Que nos dispositifs « intelligents » se télescopent et fusionnent en synergie, pour former une identité extra-corporelle. Une identité qui dispose toujours d'un « corps », sous la forme d'un système de données, de séries de zéros et de uns qui nous appartiennent dans le cyber-espace.

Aujourd'hui, on peut observer à travers le monde une forte dichotomie entre forces progressistes et réactionnaires, aussi bien d'essence politique que religieuse. Êtes-vous inquiète de cette inclinaison régressive ?

Le progressisme a toujours gagné les batailles qui ont opposé les progressistes aux réactionnaires. Une réaction réagit au progrès et le progressisme a besoin du progrès pour exister. Pourtant, ces termes ne sont pas statiques. Ils fluctuent et se reflètent souvent l'un l'autre, en modifiant leurs positions. Les progressistes réagissent à ceux qui refusent le changement, etc. Si l'on met cela de côté, tout le monde se trouve d'un côté et de l'autre, selon les circonstances.

Par exemple, je me découvre réactionnaire lorsque j'apprends par l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) qu'il faudra dix ans et dix millions de dollars pour lancer un médicament qui solutionnera une mutation génétique responsable d'une certaine maladie infectieuse. Quoi !? Je pense que la plupart réagirait défavorablement à ce genre de monopole bureaucratique.

Mais je ne peux pas répondre pleinement à cette question puisque rien n'a changé depuis des centaines d'années et que je me concentre sur la recherche de solutions, plutôt que sur le maintien des divisions.



D'après le rapport annuel des Nations-Unies, le déséquilibre entre la minorité ultra-riche et la vaste majorité de pauvres n'a jamais été aussi criant. Au-delà des questions scientifiques et technologiques, ne pensez-vous pas que ce déséquilibre économique et démographique constitue le plus grand danger pour notre planète et les générations à venir ?

Je ne le pense pas. Cette façon de penser « ceux qui ont et ceux qui n'ont pas » est typique du 20e siècle. Dans certains domaines, je fais partie de ceux qui « ont ». Je dispose d'un travail, d'une voiture et d'une maison. Mais je fais aussi partie de ceux qui n'ont pas. Je ne possède pas un million de dollars, je ne dispose pas d'un corps d'1m80, mes cheveux ne sont pas roux et, plus important, je n'ai pas d'enfant. Est-ce que je m'en prends aux autres qui ont pu avoir des enfants ? Non, ce serait ridicule. Le fait que certains soient nés riches ou aient étudié très dur pour obtenir leurs diplômes et des salaires élevés n'a rien d'injuste. Que cela se sache, beaucoup de ces personnes sont d'extraction pauvre, proviennent de familles défavorisées et renvoient la balle à l'ensemble de la société. Certains ne le font pas, bien sûr, et ceux-ci sont ces abrutis ingrats typiques.

Auparavant, le but était d'obtenir un niveau d'éducation et une sécurité sociale à ceux qui en avaient besoin. Et non de perdre son temps à accuser les riches. Et laissez-moi ajouter que je suis ravie que les riches soient servis les premiers, ainsi ce sont eux qui se confrontent aux problèmes que peuvent causer ces produits ou ces médicaments. Par la suite, quand les coûts baissent et les rendent accessibles à ceux d'entre nous qui ne sont pas riches, ces produits ou médicaments sont meilleurs et moins chers.



Et maintenant, une question traditionnelle sur LaSpirale.org, vous considérez-vous comme optimiste ou pessimiste ? À la fois sur un plan personnel et global.

De manière générale : optimiste pragmatique

À un niveau personnel : pragmatique réaliste, qui sait que les problèmes surviennent et les gère avec prudence

À un niveau plus global : idéaliste réaliste qui, même si je souhaite que le monde dépasse les guerres, sait que ce n'est pas du ressort de la psychologie « humaine ». La meilleure solution pourrait être d'améliorer le processus cognitif et la charge émotionnelle qui compromet les êtres humains.



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Intelligence artificielle, manipulations génétiques, fusion de l'humain et de la machine, évolution des mentalités et désir d’immortalité... Près de seize années ont passé depuis notre précédent entretien avec Natasha Vita More, au début des années 2000. Période à laquelle La Spirale faisait partie des rares médias francophones à aborder les thèmes du transhumanisme et du post-humain.

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