ME LOVE ME A LOT « ICÔNE 6.66 OU LES NOUVEAUX MUTANTS »


Enregistrement : 01/05/2019

Une fois n’est pas coutume, La Spirale se penche sur un phénomène instagram, #melovemealot, qui au-delà de son pseudonyme, ode ironique à l’égocentrisme moderne, incarne une nouvelle vague de mutants, entre beauté et abject, sexy et repoussant, entre éditorial de mode et fanzine cyberpunk trash ; une personnification synth pop de l’accident de la route qui excite, à la Crash de Ballard.

Ce qui, il y a encore quelques années, aurait été remisé à l’underground et la marge, est aujourd’hui un hit. Les gamins en raffolent, ses « followers » se comptent par milliers, jusqu'à Vogue qui lui ouvre ses pages.

― Ira Benfatto




Tout a commencé par un truc assez ridicule : des sourcils dessinés en forme de vague. La photo serait devenue virale et une mode en serait née. Alors, je vous avoue qu’à la rédaction, on est complètement passé à côté du phénomène, mais MLMA, elle, a su tirer parti de la chose : «C’était assez inattendu, mais j’ai réalisé, merde ! Je peux faire mon art ici (en parlant de la plateforme) et c’est ce que j’ai fait. »

Melovemealot (nous ne lui connaissons aucun autre nom) a grandi dans les quartiers populaires de Séoul. Elle confie à Vogue : « J’étais tellement pauvre, petite, que je fabriquais mes propres Barbie avec du papier toilette » et de rajouter « les outils ne font pas une bonne [œuvre], c’est l’artiste ». Une ode au punk et au « Do It Yourself », dès le plus jeune âge.

Au sortir de l’école, elle commence une carrière de styliste. « Le boulot était absolument débilitant. Il n’impliquait aucune réflexion et n’autorisait aucune flexibilité dans le design. Histoire vraie : une fois je crée un T-shirt qui disait « FANCY » dans une typographie élégante et qui s’était vraiment bien vendu. Là, quelqu’un l’a mal traduit en utilisant Navel (un moteur de recherche coréen qui, dans aucun domaine, n’a jamais fonctionné en quoi que ce soit) et affirmé que « FANCY » signifiait « pute ». J’ai failli perdre mon boulot. Ce jour là, je me suis dit que j’en avais fini avec la mode. »

Alors âgée de 22 ans, elle ne se consacrera plus qu’à son art. Avec le temps, son corps en deviendra l’unique support. « J’ai pensé que c’était le meilleur moyen de déranger. De nos jours, tout le monde se fiche du vrai Art, ils survolent le flux des différents posts. Mais quand vous scrollez sur une de mes vidéos, il est difficile de détourner le regard. »

MLMA habite aujourd’hui la moitié de l’année au Canada, a renoué avec le stylisme et commencé une carrière de rappeuse. Son Soundcloud comprend 23 morceaux qui, s’ils ne révolutionnent pas le genre, font montre d’une énergie créative débordante, de cette même fraicheur et « Fuck You Attitude » qui nous la rendent si charmante.

― Ira Benfatto


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