CHRISTEENE VALE « DIG IN THE TRASH »


Enregistrement : 25/07/2018

La première fois que j’entends le nom de Christeene, c’est dans la bouche de Peaches en décembre 2016, pendant que nous sirotons du whisky au fond des loges de L’Épicerie Moderne, une salle alternative de la banlieue de Lyon. Toutes deux venaient de partager la scène lors de sa tournée américaine. Et la reine du queercore ne se lassait pas de chanter les louanges de la créature texane. Une phrase en particulier, digne des meilleurs slogans de films d’épouvante, s’était fixée dans ma mémoire : « c’est le type le plus adorable qui soit, avec au cœur la noirceur d’Alice Cooper ». Forcément, ça intrigue. Une fois rentrée, je fais ce que nous faisons tous, j’effectue une recherche en ligne. « Christeene Vale est une drag-queen américaine, artiste performeuse, chanteuse, parolière et rappeuse, reconnue pour son terrorisme-drag non conventionnel ». Terrorisme-drag ? Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ?

Demandant à voir, je clique sur son tout premier clip, au titre évocateur, « Fix my Dick ». Le décor est dressé, un squat de crackers à n’en pas douter, des murs lourdement tagués et du linge de bébé obstruant les fenêtres. Deux types à lunettes sont plantés là, en slips, bottes de cow-boys et casquettes de red-necks visées sur la tête. Une paire de mains surgit au bas de l’écran, caresse leurs entre-jambes et leurs ventres bedonnants. L’apparition laisse tomber sa fausse fourrure de pute à trois dollars et se retourne. Vision d’horreur : perruque sale et mal coiffée, maquillage dégoulinant de lendemain de grosse soirée, dent en or apparente et « botox » inscrit en strass sur son T-shirt rose en lieu et place du traditionnel rembourrage. L’effet est instantané : comme ces photos de scènes de crime abjectes, on ne peut s’empêcher de regarder. Elle toaste des paroles x-rated d’une voix nasillarde, au lourd accent du sud des États-Unis, entrecoupées d’interjections décalées, sur une boucle electro-clash, simple mais efficace. Je dodeline de la tête, sourire aux lèvres.




« What? Get your lipstick wet on my pole,
While you're workin that hole from the other side.
My buddies open the bunkmates, sellin' at low rates,
Mailin' you rebates.
I'll let you chew on my crabcake, to hell with the first date,
Just slide me the beef steak. »


Et c’est parti pour trois minutes et quarante-et-une secondes de dirty dancing effréné, entrecoupé d’images de poulet, de parties génitales floutées (titre oblige), de boules à facettes et de couches-culottes sales. Parfaite alchimie de second degré, de mauvais goût, de clichés parodiques, de sexe, de ridicule, de crasse et d’humour. Une jolie claque en ces temps par trop aseptisés, où la vraie exubérance et le grand n’importe quoi ne semblent plus avoir leur place. Christeene Vale est la créature de l’artiste Paul Soileau, acteur, performeur et illustrateur. Né aux Etats-Unis dans l’État de la Louisiane, dans une famille parlant le français cadien, il se passionne très vite pour le théâtre, par le biais du centre communal de son quartier. Son diplôme universitaire en poche, il quitte la Nouvelle-Orléans pour New-York, en rêvant d’une carrière d’acteur, de Broadway. Il y découvre un tout autre univers, celui de la scène drag, et crée son premier personnage : l’hilarante Belle du Sud qui a mal tourné, Rebecca Havemeyer.

En 2005, Paul vit de nouveau à la Nouvelle-Orléans. L’ouragan Katrina ravage la ville, son appartement n’y échappe pas. S’ensuit une année d’errance et d’abus qui le conduiront à Austin, Texas, où la scène artistique underground de « cet oasis de lumière peuplé de pédés, de gouines, de trans et de créatures que [il n’avait] jamais vues auparavant » lui tend les bras. « Christeene (comme le confiait Paul à l’Austin Chronicle en 2010) est le produit de beaucoup d’angoisses, de peurs, de répercussions de l’ouragan et du manque de stabilité dû aux multiples déménagements durant l’année qui suivit. Après, j’ai travaillé dans un Starbucks. Deux ans. C’est ce qui a mis le feu aux poudres, le monstre corporatif qui a vraiment fait Christeene ». Ainsi, elle exorcise les pires maux de la nature et de notre société. Paul, d’ailleurs, ne parle jamais de création, ou d’alter-égo, mais toujours de possession. Sur scène ou sur les réseaux sociaux, aucune trace du discret Paul Soileau que l’esprit de Christeene commande tout entier. Ses photos, vidéos backstages et posts écrits en petit-nègre-white-trash sont consultés par milliers, et ses fans lui vouent un culte total.

Au cours des neuf dernières années, la personnalité de Chisteene s’est complexifiée, étoffée. La production de ses vidéo-clips sont à mille lieux de son « Fix my Dick » filmé à l’arrache en un jour, avec un budget de vingt dollars. Son album « Basura » fait montre d’univers musicaux plus variés, de morceaux plus travaillés mais toujours aussi irrévérencieux, mesclage d’électro infernale, de rap ensorcelé, de punk et de funk salement entremêlés, de rockabilly sous LSD. A noter, la petite comptine country « Tickle-Pikles » chantée en duo avec un chat, et ce morceau sublime « Whip Slide » où sa voix prend des intonations de prédicateur pervers du sud profond accompagné de sa chorale gospel dégénérée de culte évangéliste sado-masochiste.


Article, entretien et traduction par Ira Benfatto.

Concerts « Basura » le 28 septembre à Marseille, le 29 à Bourges, le 5 octobre à Lyon. À ce jour, la date parisienne n’a pas encore été annoncée.



Quand je regarde la genèse de Christeene, je ne peux pas m’empêcher de penser à quelque anti-héro ou super vilain de bande-dessinée, à la Toxic Avenger ou Poison Ivy, nés d’horribles accidents. Dans ton cas : deux ans de travail ingrat dans une grande enseigne de cafés et une catastrophe naturelle, rien de moins. Peux-tu nous parler de la naissance de ce personnage mi- monstre corporatif, mi-super héroïne née du chaos  et de sa mission dans notre société aseptisée et normative ?

Ce fut une naissance facile, juste comme celle de George et Martha (rire) (NDLR : personnages de dessin animé américain). C’est arrivé comme ça, dans une extrême confusion. Christeene est une chasseuse d’hommes. Je l’ai sortie en ville plusieurs fois. Elle s’insinue sournoisement par la douceur, au fur et à mesure, mais est constituée de différentes strates, toutes plus fantasques et séditieuses. Je crois que sa mission est d’explorer chacun de ses aspects avec les autres, face à un public, à travers un écran, ou direct dans ta face, jusqu’à ce qu’elle crève de manière absolument dramatique.

Bien que tu viennes de la Louisiane, que tu aies vécu à New-York, je trouve logique que Christeene ne soit née qu’au Texas. Je veux dire, il y a une belle tradition de bizarrerie musicale dans cet état : les groupes texans des années 1960 étaient bien plus énervés et extrêmes que leurs contemporains californiens, la scène punk y est apparue bien plus tôt, super efficace. Quand La Spirale a demandé à Ben Graham (auteur de Scatological Alchemy, a Gnostic Biography of the Butthole Surfers) la raison de cet état de fait, il a évoqué les valeurs du Texas centrées sur l’indépendance, la tendance de ses habitants à flirter avec les extrêmes et à faire les choses en grand en général, les grands espaces catalyseurs d’ouverture des consciences, et bien sûr l’herbe venue du Mexique et le peyotl croissant naturellement dans le désert. Et toi ? Comment expliquerais-tu ce phénomène ? Peux-tu nous décrire la scène où tu évolues à Austin ?

J’appelle Austin « le Mordor du Texas », parce que c'est vraiment comme ça là-bas. Tu es juste le Seigneur des Ténèbres dans ce contexte. Tout cet État républicain est vaste, chaud et conservateur avec un pétrole épais, JR Ewing, un patriarcat putain imposant et en son sein, tu as cet oasis de lumière envahi de pédés, de gouines, de trans et de créatures, comme je n’avais jamais vues auparavant, de libéraux et ce putain de Capitole juste planté là. Les riches et Amazon, en bons porcs, ont repéré l'odeur des truffes d’Austin.

La ville que j’ai découvert il y a onze ans était encore assez petite pour que ce joli bordel se crée intimement et que les rêves s’échafaudent entre proches et partenaires de crime artistique. Tels que PJ Ravel qui réalise et produit les clips de Christeene ou mes danseurs T Gravel, Dawg Elf, Chubby D et C Baby, tous amis comme collaborateurs depuis la première heure. C’était une bulle moite, remplie d’histoires tordues.

Je me suis pris une grosse claque dans la gueule lorsque j’ai découvert Gary Floyd et The Dicks. Je me passionne vraiment pour la filiation de mon art, j’aime connaitre tous les cours d’eau aux gisements de pépites gays, tous ces chemins jalonnés de toilettes de station service d’où je viens. Qui a tissé ces liens ? Qu’est-ce qui dans ma création a été emprunté à cette filiation ? Qu’est-ce que j’y apporte de nouveau? Et suis-je digne de mes prédécesseurs ? Savoir que les Dicks viennent d’Austin, comme les Butthole Surfers et Girls in the Nose, c’est à se demander quel genre d’engrais infusé de peyotl a été pulvérisé sur la terre du coin. Si tu pisses dessus et que le jet est droit, des choses extraordinaires en jaillissent.



Tu as commencé à jouer dans un théâtre communautaire de la Louisiane, découvert l’art du travestissement à New-York, joué des petits rôles dans Hors d’atteinte de Steven Soderbergh (1998) ou Fourplay de Kyle Henry (2012) (d’ailleurs ta carrière d’actrice me rappelle étrangement la mienne : que des putes ou des toxicos), puis tu as fait partie de la troupe de théâtre expérimental texane « Rude Mecs ». Quelle est la part de la comédie dans ton projet Christeene ? Dirais-tu que cette formation théâtrale t’a éloigné de la scène drag traditionnelle, que c’est elle qui a fait que tu n’as pas fini sur le plateau de Ru Paul ?

Je suis à 100% un petit pédé théâtreux de province. Je l’ai toujours été. Je viens d’un monde du théâtre à la Waiting for Guffman ( NDLR : film américain réalisé par Christopher Guest en 1996) et j’assume. Lynnee de Tribe 8, en me conduisant à l’aéroport dans leur homo-mobile après avoir partagé l’affiche, m’avait demandé : « Alors ? T’es un punk ou un pédé théâtreux ? », ce qui m’a renvoyé naïvement à la corrélation entre les deux. GB Jones (NDLR : artiste, dessinatrice, éditrice et réalisatrice canadienne) et Bruce Labruce (NDLR : écrivain, photographe et réalisateur canadien) sont de superbes exemples de la fusion de ces deux mondes, comme Lynnee, Silas et les autres membres du groupe Tribe 8 et leurs gode-ceintures, Jayne County (NDLR : ou Wayne County, chanteuse punk et actrice transexuelle américaine), The Dicks, ou Vaginal Davis (NDLR : artiste intersexuée performeuse, peintre et écrivaine) qui martelait: « je suis toujours trop gay pour les punks et trop punk pour les gays ». Le théâtre coule dans les veines de ces énergumènes. Et donc oui, avec Christeene… C’est comme un putain de théâtre en feu.

Tout ce qui m’a toujours intéressé dans le théâtre est dûment utilisé et appliqué à travers Christeene : les costumes, les chorégraphies, l’écriture, le chant/les cris, les infos, le monde, le message, les lumières, l’aktion... Tout y est. Et ça m’apporte beaucoup de joie. Ca me possède tout entier. Je peux juste espérer que dans la perpétuelle évolution de ce joli bordel dans lequel je suis tombé, quel qu’il soit, je me dépossède de toutes les couches qui le constituent pour retourner au petit pédé théâtreux que j’étais à la base. Fier, vieux, intouchable, et probablement imbaisable, si je continue à sortir des ballons et des plugs de mon cul à chaque concert.

Comment la musique s’est-elle ajoutée à l’équation?

J’ai toujours expérimenté avec la musique, que ce soit au théâtre ou au travers de mes autres personnages, comme celui de Rebecca Hevemeyer. Avec elle, mes mentors « de la féminité », Brooks Braselman et Steven Sherman m’ont poussé à reprendre de vieilles chansons, trouver la version instrumentale et réécrire les paroles à ma convenance. Ça marche super bien. Avec Christeene, j’ai eu comme un déclic et « l’oiseau dans ma gorge », comme j’aime à l’appeler avec C (NDLR : un des danseurs de Christeene), a commencé à me parler et me souffler ce que je devais dire et écrire. Je ne remets pas ces messages en question, ni ne les dissèque. J’écoute, j’applique, trouve un producteur aventureux et talentueux. Et juste : je le fais.



Ton premier album et son titre explicite Waste Up-Kneez Down est un joli coup de pied dans la fourmilière (pour ne pas dire dans les couilles). J’aime particulièrement sa vidéo DIY où tu débarques en mode happening dans un centre commercial, une librairie de Scientologie (où tu rencontreras les réactions le plus violentes), un salon de manucures, une salle de sport, en chantant « I’m the new America » (NDLR : je suis la nouvelle Amérique) et qui se termine par ce superbe plan d’un red-neck hurlant « tu devras répondre de tes actions à notre seigneur, notre dieu » et toi, souriant. Peux-tu nous parler de ce tournage à la punk ?

PJ Raval et moi avons attendu bien trois ans après la sortie du morceau pour nous attaquer à cette vidéo. En live, le public pète les plombs sur ce titre, tout comme nous le faisons nous-même sur scène. C’est le final de chacun de mes concerts. Ça met le feu dans la grange et ça chie sur les oreillers du monde entier. Donc… Je voulais être sûr de distiller cette force et cette agressivité à travers le clip, et PJ était d’accord avec moi. À ce moment-là, nous étions déjà tombés amoureux de cette monteuse new-yorkaise, Victoria Chalk, qui s’était récemment familiarisée avec notre univers en travaillant sur les vidéos de Bustin Brown et Workin on Grandma.

PJ et moi avons organisé, planifié ces deux journées de tournage vraiment intenses à Austin, aidés d’amis tels que les réalisateurs Ivete Lucas et Patrick Bresnan prêts à démarrer le véhicule de fuite, les danseurs cassant absolument tout ce qu’ils touchaient, accompagnés d'une flopée de zozos créatifs du coin. On a tous foncés et pris la putain de ville en otage. Le second et dernier jour de tournage eut lieu au jour du « ravissement » (NDLR : évènement de la fin des temps, dans lequel les chrétiens seraient transportés au ciel et rassemblés pour y rencontrer le Christ à son retour) prédit par ce putain d’illuminé d’Harold Camping. Je me rappelle que le ciel était vraiment lourd de nuages et violet. Vraiment violet. C’était majestueux, comme l’enfer ! Nous avons réunis tous ces rushs brulants (il y en avait des heures !), les avons confiés à Victoria et boom! La mayonnaise africaine a pris.

Nous savions tous à la fin que nous nous étions surpassés.

En tant que Française, je me dois te demander : qu’est ce que ces plans de Paris viennent faire au milieu de tout ça ? Quel est le rapport entre une franchise de magasins low-discount, une laverie automatique, la scientologie et les célèbres monuments de notre capitale ? (sourire)

(rire) C’était la première fois que nous venions sur Paris. Rick Owens et Michele Lamy nous avaient fait venir pour leur soirée The Spotlight Club. Ce fut le coup de foudre au premier coup d’œil. PJ et moi, bien entendu, avons décidé de nous filmer faisant les cons à travers la ville. J’ai alors décidé de dire African Mayonnaise à la caméra, juste au cas où nous pourrions utiliser ces plans dans la future vidéo. Et ça s’est produit ! ;)



La dernière fois que j’ai croisé Peaches, elle m’a beaucoup parlé de toi, me disant que tu étais « « son âme sœur en performance ». Vous avez partagé la scène sur sa tournée « Rub » aux États-Unis. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment en êtes-vous venus à collaborer ? Et comment cette expérience a-t-elle influencé ton travail?

J’adore comment les êtres créatifs peuvent graviter les uns autour des autres, comme dans un grandiose système solaire. Peaches et moi, nous orbitons l’un autour de l’autre depuis un certain temps. Ce sont des amis communs qui ont joué les force d’attraction et ont maintenu nos trajectoires proches. J’étais déprimé en tournée à Londres un soir de Nouvel An, à me demander ce que j’étais, où j’allais, quand j'ai reçu un texto de Peaches me disant : « Salut ma chérie, tu veux partir en tournée avec moi dans quelques mois ? ». Crash. Les planètes entrent en collision et la sensation en fut délicieuse. Je lui serai éternellement reconnaissant pour ce SMS sorti des ténèbres.

Peaches est une pro. Elle fait partie de ces petites mains qui ont cousu cette filiation de pédés que je mentionnais plus haut. Peaches coud et sème toujours ses pépites. Il y a une célébration du sexe, des organes sexuels et des obscénités sexuelles que Peaches et Christeene prônent toutes deux. Sur cette rivière de lubrifiant et de sécrétions corporelles, Peaches tient la barre comme personne. J’adore la voir à l’œuvre et la sensation laissée est incroyable. J’ai réussi à m’incruster et lui servir de second dans cette aventure. J’ai beaucoup de chance d’avoir eu cette opportunité.

Tu viens de sortir un album Basura (ce qui veut dire « trash » ou « ordure » en espagnol)

Basura est le deuxième album de Christeene, c'est la première fois que je me suis assis.e pour réaliser une « collection » de mes titres, si je puis m’exprimer ainsi. Mon premier vynil. Comme Christeene est faite de toutes vos ordures, cet album est composé des meilleures basuras que je/Christeene a collecté durant ces dernières neuf merveilleuses et intenses années. Il a été produit et composé par le génie fou musical Peter Stopschinski, additionné de contributions sur certains titres spécifiques, comme celle de Graham Reynolds sur Whip Slide et Fuk V29, de Thomas Suire sur Aktion Toilet. Cet album est plus personnel, plus dangereux. C’est aussi probablement la dernière fois que je réunirai autant de morceaux pour les sortir en une fois. Dig tha fukk in !



En regardant tes dernières vidéos, Butt-Muscle avec Rick Owens ou Aktion Toilet, on peut définitivement dire que la qualité de production atteint des sommets, te propulsant au niveau de la royauté queercore dans laquelle je placerais à tes côtés Peaches (bien sûr) et Mikki Blanco. Cette extrême attention que vous mettez tous dans vos vidéos s’explique-t-elle par le fait que les clips sont l’arme ultime pour les artistes décalés, mis au banc des médias de masse ? Et si c’est une arme, quelle en serait la cible ?

Pour moi, les vidéos sont la plus pure représentation en mouvement de l’âme du chanteur. Leur réalisation est très importante à mes yeux. PJ Raval est un incroyable réalisateur primé à de nombreuses reprises. C’est ce qu’il apporte quand il travaille avec moi. Nous avons commencé à collaborer parce que j’avais Christeene, et lui son œil, et nous savions que nous tenions quelque chose de vraiment spécial. C’est comme de la peinture pour nous, un mini film. Notre collaboration a perduré durant toutes ces années. Pour moi, l’arme ultime, c’est la scène, pas les vidéos. Elles sont plus personnelles, un réel aperçu de l’état d’esprit et de l’univers sonore de Christeene.

Pour « Butt-Muscle », je travaillais pour la première fois avec un autre réalisateur, Matt Lambert. Rick Owens et moi voulions un « bébé », Matt travaillait déjà avec lui sur d’autres projets, et il semblait évident de combiner le tout dans une action coup de poing. Je pense qu’il est important de collaborer avec diverses personnes, mais à la fin de la journée, je retourne toujours à PJ. Lui et moi, nous nous comprenons.

A propos d’Aktion Toilet : pourquoi cette enfant récitant le Notre Père à la fin du morceau ? Est-ce une allusion à l’enfance perturbée de Christeene ou une obsession de Paul Soileau né au coeur de la Bible Belt dans une famille parlant français cadien ?

Pour moi, c’est une mise en garde avant de rentrer dans les bois… l’album. Notre Père est la première prière que j’ai apprise en français. Délivre-nous du mal… Je veux ce mal ! Pardonne-nous nos offenses… Je veux offenser ! Ce sont les meilleures leçons que la vie puisse offrir. C’est là que tu apprends à survivre si tu en ressors vivant.e.



Ta tournée européenne commence à la fin du mois. As-tu déjà des dates prévues en France? Aurons-nous le plaisir de te voir avec tes remarquables danseurs C. Baby et T. Gravel ? D’ailleurs : d’où sors-tu ces phénomènes ?

Bien sûr que je serai en France ! Nous planifions en ce moment même le concert de sortie d’album à Paris pour fin septembre, début octobre, comme dans d’autres villes. Nous sommes sur le point d’annoncer toutes les dates de concert de la tournée Basura. Les mecs seront avec moi, ouiiii ! C. Baby a pris sa retraite. Son corps n’a pas tenu le choc de toute cette folie. J’ai toujours mon fidèle T. Gravel à mes côtés, ainsi que Dawg Elf (qui sera de la tournée) et Chubby D. J’espère te trouver dans la foule pour connecter et exploser ensemble ce monde de dégénérés ! Merci pour cette conversation, Ira XXX






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A propos de cet article


Titre : CHRISTEENE VALE « DIG IN THE TRASH »
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : Ira Benfatto / LaSpirale.org
Date de mise en ligne :

Présentation

Parfaite alchimie de second degré, de mauvais goût, de clichés parodiques, de sexe, de ridicule, de crasse et d’humour, Christeene Vale est une drag-queen américaine, artiste performeuse, chanteuse, parolière et rappeuse, reconnue pour son terrorisme-drag non conventionnel.

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