TINAM BORDAGE « SADIQUE-MASTER FESTIVAL 2022 »
Enregistrement : 05/04/2022
Mise en ligne : 05/04/2022
Avec la levée des contraintes imposées par nos gouvernements, les turbulences reprennent. Et il nous appartient désormais de faire face à une nouvelle édition du Sadique-Master Festival, qui se tiendra à Paris du 22 au 24 avril 2022.
Partenaire du festival, La Spirale a fait le point avec son fondateur et principal organisateur, le très agité et truculent Tinam Bordage.
Lien : Site officiel du Sadique-Master Festival 2022
Propos recueillis par Laurent Courau.
13 Notes en rouge (2022) (Horreur/Giallo) (France) (Exclusivité mondiale)
Un film de François Gaillard.
Le Sadique-Master Festival est donc de retour après deux années d’absence pour cause de pandémie. Comment sens-tu cette édition à quelques semaines du coup d’envoi ?
Effectivement, cette absence de festival due à la pandémie pendant une certaine période a créé un gros manque que les quelques projets virtuels n’ont pas totalement comblé. Alors, pour cette reprise en réel, on reprend tous les bons éléments et on effectue un retour en beauté. Les dates étaient encore incertaines, récemment. Leur dévoilement tardif resserre donc le temps dont nous disposons pour l’organisation. Mais tout se profile bien et nous vous préparons une grande édition. Malgré un certain stress lié au facteur d’imprévisibilité, je me sens tout de même confiant et plein d’enthousiasme.
Cette pandémie a affecté de nombreuses initiatives artistiques et culturelles. Est-ce le cas du genre de cinéma, plutôt obscur, que défend le Sadique-Master Festival ? A-t-il été plus difficile d’assurer une programmation que pour les éditions précédentes par manque de films ?
Les restrictions liées à la pandémie ont clairement affecté toute cette production, c’est certain. Et concernant le festival, ceci a causé du retard sur la finalisation de certains films, décalé certains plannings. La programmation de cette année s’est avérée plus difficile à assurer, mais c’est aussi dû à une exigence de notre part. Et au final on s’en sort clairement bien. Quelques films que nous voulions absolument ne sont pas encore terminés, mais rien dans la programmation ne fait office de « remplissage » et nous en sommes ravis.
Capture Kill Release (2018) (Horreur/Drame) (Canada) (Exclusivité Française)
Un film de Nick McAnulty et Brian Stewart.
Parlons donc des cinq films annoncés pour cette édition 2022 ? Entre autres choses, il y est question de la culture archaïque d’une île des Cyclades grecques, de found footage dans un chalet forestier, des déambulations nocturnes et urbaines d’un échappé d’asile, des projets d’assassinat d’un couple malsain ou de « néo-giallo érotique et déjanté »…
Ceci concerne les cinq longs-métrages, car des courts composent aussi la programmation. Mais c’est effectivement une bonne synthèse des thématiques proposées. Cela dit, comme c’est le cas de beaucoup de films dans notre programmation, ceux-ci se limitent rarement à leurs thématiques qu’ils transgressent dans leur fond et dans leur forme. Parmi ces cinq films, tous sont au moins des exclusivités européennes, sinon mondiale. Car nous sommes approximativement les seuls sur ce créneau et surtout les seuls à refuser des films parce qu’ils ne sont « pas assez extrêmes ».
Cette édition signe aussi le grand retour de cinéastes tels que François Gaillard qui n’a pas sorti de nouveau long-métrage depuis dix ans ou sept ans dans le cas de Marian Dora, alors qu’ils sont des habitués du festival. De même pour le Danois Kasper Juhl, fidèle de l’événement, dont nous suivons attentivement l’évolution cinématographique. Parallèlement à ça, de nouveaux cinéastes viennent rejoindre cette programmation et se faire découvrir auprès de notre public.
The Yearning of Maria D. (2020) (Extrême/Drame) (Allemagne) (Exclusivité mondiale)
Un film de Marian Dora.
Peux-tu nous présenter les invités de cette édition ? À savoir les trois réalisateurs, et acteurs pour deux d’entre eux, François Gaillard, Kasper Juhl et Gyula Noises ?
Bien sûr. François Gaillard, comme précisé lors de ma réponse ci-dessus, est un habitué du festival. Ne serait-ce que comme spectateur. Il a découvert l’événement lors de la seconde édition, où nous avions projeté Tokyo Grand Guignol– film à sketch dont il a composé un segment (le meilleur, à mon sens). Il a ensuite été convié comme juré lors de l’édition suivante, nous sommes devenus de très bons amis et j’ai suivi de près (jusqu’à le harceler chaque année pour qu’il le termine) tout le processus d’évolution de son long-métrage 13 notes en rouge - un néo-giallo gore et érotique - désormais finalisé et dont l’avant-première lors de cette édition constitue à elle-même un véritable événement retentissant dans le cinéma bis Français.
Kasper Juhl – habitué de l’événement aussi et qui n’hésite pas à venir presque chaque année du Danemark - quant à lui est davantage productif et sort chaque année au moins un court ou long-métrage. Et lorsque celui-ci rentre dans notre ligne nous le programmons volontiers au festival.
Guyla Noesis est le seul des trois à venir pour la première fois mais il nous propose une des œuvres les plus radicales et dérangeantes que le festival ait pu diffuser en format court-métrage. D’ailleurs, celui-ci collabore avec certains noms connus du milieu tels que Jean Louis Costes, Antoine Bernhart ou Shivabel Coeurnoir.
The Deer House (2022) (Horreur) (Danemark) (Exclusivité mondiale)
Un film de Kasper Juhl.
Le Sadique-Master est donc un festival de cinéma, mais il accueille aussi des exposants et des artistes, sans oublier une pompe à bière dont abuseront probablement les spectateurs de la nocturne du samedi 23 avril. À quoi peuvent (et doivent) s’attendre les publics qui oseront passer la porte des 5 Caumartins ?
On souhaite donner une dimension très participative et conviviale au festival et c’est d’ailleurs pour cela que je me suis strictement refusé à refaire une édition durant les périodes de restriction. Un Sadique-Master Festival sans bière et sans stands, ça ne marche pas. Ce n’est pas pareil. Dans cette configuration tout le monde discute, échange, les gens trinquent et s’amusent avec certains objets reluisants de notre merch’ comme – notamment – nos masques à l’effigie d’Emile Louis et d’Albert Fish. Nos partenaires exposants proposent aussi de bien sympathiques choses entre DVDs, livres, ou encore goodies insolites dont nous vous réservons la surprise. Nous comptons aussi, cette année, accentuer le côté « animations » en proposent quelques interactions décalées.
Le spectateur qui osera passer la porte vivra une expérience intense et exaltante autant dans le visionnage de films extrêmes (sous différentes formes) qu’à travers l’esprit général et assurément peu conventionnel du festival
Le cinéma Les 5 Caumartins
101 Rue Saint-Lazare, 75009 Paris, France
Outre ta casquette d’organisateur du Sadique-Master Festival, tu viens de publier un premier roman : Le réel vous avalera, au pitch improbable. Peux-tu en donner un avant-goût aux lecteurs de La Spirale ? Il semble se positionner au croisement de plusieurs genres littéraires, entre horreur psychosociale, science-fiction dystopique et thriller biologique, sans oublier quelques déviances de ton crû ?
Lorsque l’on me demandait de quoi parlait mon roman j’ai pendant longtemps eu beaucoup de difficultés à en faire un vrai résumé, une vraie synthèse, car comme tu le dis celui-ci se situe au croisement de beaucoup de choses et dans son identité propre ça ne ressemble vraiment à rien de déjà existant. Mais pour allécher les lecteurs j’ai trouvé une formule assez sympathique, un peu explicite, qui donne généralement plutôt envie : « Le réel vous avalera amorce une horreur psychosociale pour s'épanouir dans la pire et la plus étrange dystopie d'anticipation SF qui puisse se concevoir. Comme si George Orwell avait fait un enfant avec Lynch dans la citadelle des 120 journées de Sodome de Sade. »
Jusqu’à maintenant, tous les retours que j’en ai eu n’ont été que positifs, avec beaucoup d’éloges, donc je suis plus que ravi. C’est un roman vraiment difficile, clairement pas ce qu’il était judicieux de faire pour un premier, mais j’en suis tout de même très satisfait. Et pour ceux que ça intéresse j’en vendrai justement lors du festival sur le stand Sadique-Master.
Le réel vous avalera
Un roman de Tinam Bordage.
Dernier point, le Sadique-Master s’occupe également de distribuer des DVDs, dont Les infâmes court-métrages du Sadique-Master Festival et Long Pigs, tes deux livres et deux masques d’un goût reluisant. Peux-tu nous présenter vos DVDs et nous dire s’il reste des exemplaires disponibles de ces deux masques ?
Durant la pandémie et avec l’impossibilité d’organiser un événement réel on a justement cherché à continuer les activités autour de Sadique-Master. C’est là qu’est survenue l’idée de la distribution, même si elle occupait déjà mon esprit depuis un certain temps. D’abord cette « compilation » des courts-métrages diffusés au festival dans une forme de « Best Of » et ensuite un premier long-métrage Long Pigs (sorte de C’est arrivé près de chez vous à la sauce cannibale) qui a été une excellente opportunité en raison d’un drôle de paradoxe.
Ce film est considéré comme « culte » mais ne disposait plus d’aucune distribution, à un tel point que les anciens exemplaires de l’unique édition limitée grimpaient, sans que l’on ne sache pourquoi, à des prix exorbitants sur des sites de revente. Et là on intervient avec un nouveau produit à des prix normaux répondant à la demande par une offre adéquate.
Tout ça figure sur notre boutique virtuelle de vente mais vous pourrez aussi les retrouver sur notre stand Sadique-Master lors du festival, aux côtés effectivement de mes deux livres et de ces jolis masques. Jusque-là, il reste des exemplaires d’à peu prés tout mais le DVD des Infâmes courts-métrages risque de finir de s’écouler lors du festival, puisque nous ne disposons plus que d’une trentaine d’exemplaires.
Long Pigs (2007) (Mockumentaire/Comédie/Horreur) (Canada)
Un film de Nathan Hymes et Chris Power.
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