LUKAS ZPIRA & LE PROJET FREAKLAND


Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)

Habitué de longue date de La Spirale, à laquelle il a déjà accordé deux interviews au printemps 2000 et en janvier 2002, Lukas Zpira de Body Art revient nous parler de Freakland, un nouveau projet de terre d'accueil pour tous les freaks de la planète qui seraient à la recherche d'un endroit pour accueillir leurs évènements et de personnes pouvant leur apporter un soutien logistique, moral, voire financier.

Propos recueillis par Laurent Courau.


Ta dernière apparition dans La Spirale remonte au début de cette année. Te voici déjà de retour avec Freakland, un projet de terre d'accueil pour tous les freaks de la planète. Peux-tu nous donner plus de détails ?

C'est au départ un mix entre la vieille idée d'acheter un terrain pour faire nos performances et une boutade avec un gars d'une télévision... Ce mec me demande de faire une interview pour sa chaîne, hollandaise je crois, et de lui donner tous les contacts que j'ai en Europe, en me promettant de faire quelque chose de sympa, qui me ferait beaucoup de pub. Et blah, blah, blah... Comme d'habitude...
Je lui rétorque que le plan commence à être un peu éculé, que je n'ai pas envie de balancer mon carnet d'adresses comme ça, et que j'en ai un peu marre de les entendre dire qu'ils n'ont pas de tunes... Les télés veulent tout, mais ne donnent jamais rien. Et en plus, quand tu veux te voir, t'es obligé de payer pour avoir les chaînes sur lesquelles ils diffusent leurs programmes !
Je sentais le vent tourner, du genre « il se prend pour une star », alors j'ai pris les devants en lui lançant : « Si tu veux qu'on t'aide, tu n'as qu'à nous aider aussi... Tu participes à notre projet, et on participera au tien ! » A partir de là, j'ai lancé l'idée de travailler sur une cause commune à tous les freaks et j'ai lancé l'idée de la souscription en commençant par nous servir de ceux qui se servent le plus de nous... Petite précision, le gars s'est dégonflé !

Le terme "freak" désigne un large éventail de marginaux de tous poils. Peux-tu préciser à quel genre de personnes seraient susceptibles d'être accueillies dans ce lieu ?

Dans le terme "freak", nous regroupons toutes les personnes qui travaillent sur leur corps de façon non conventionnelle. Les hors normes, ceux que l'on montre du doigt.

Le communiqué de presse annonçant Freakland parle d'apporter un soutien logistique, moral, voire financier à ces freaks...

Exact. Nous avons besoin que le projet soit connu afin de trouver tout d'abord un lieu avec de l'eau. Si possible une rivière, des arbres et peut-être une construction, genre bergerie ou hangar. Nous avons besoin de financement pour l'achat de ce lieu. Nous avons besoin de matériel pour son aménagement, un chapiteau, des caravanes ou un mobil-home...

Les survivants des utopies communautaires des années 60 et 70 partagent pour la plupart une vision négative de cette époque. Qu'est-ce qui te donne espoir de réussir là où de nombreux autres ont échoué par le passé ?

Nous somme en plein dans l'utopie, mais nous ne sommes pas dupes et nous ne nous faisons pas trop d'illusions... Nous ne sommes qu'un regroupement d'individualités, pour la plupart fortes et difficiles à gérer, qui à un point nommé et à un certain moment vont avoir la possibilité d'entrer en interaction, point barre. Nous ne sommes ni une tribu, ni une communauté, si ce n'est une communauté d'intérêt.

J'imagine sans trop de mal les réactions du voisinage (sourire). Les paysans du coin vont adorer. As-tu déjà une idée du lieu d'implantation ?

C'est clair qu'il va y avoir des réactions... On pense au sud de la France, car nous faisons beaucoup de chose en extérieur, et qu'on les fait mieux lorsque le soleil brille. Et le noyau dur qui s'est formé autour de ce projet est composé des Kamichaos qui se sont installés aux Abattoirs à Marseille depuis peu, de la Freak Familly d'Aix en Provence, de la bande de Marquis de Lyon, d'O-Kee-Pa et du Art-Kor Team avignonnais... Mais il y a aussi des gens du Venezuela, des Etats-Unis, d'Allemagne et du Danemark...

Concrètement, que peut-on faire pour vous aider ? Quelles garanties offrez-vous aux personnes qui vous enverraient des chèques ?

Rien ne se fera sans argent... Nous commençons a en avoir un peu, car nous mettons nous-mêmes la main à la poche. Les Kamichaos et la Freak Family vont reverser une partie de leurs cachets sur le projet. Et une partie de l'argent que les participant vont donner lors de notre évènement "Art-Kor Suspension" du mois d'août sera elle aussi reversée sur le projet.

Learning Channel, une chaîne Tv américaine qui vient filmer les suspensions, nous lâche 1000 dollars. Et Hans Neleman, un photographe new-yorkais avec qui je travaille sur un bouquin a accepté d'inclure dans son budget une donation de 50 dollars pour chaque personne qui sera photographiée pour son livre. Nous envoyer de l'argent est un excellent moyen de nous aider, faire connaître le projet, nous aider à trouver un lieu et la logistique pour l'aménager en sont d'autres. La meilleur garantie que nous pouvons donner est dans notre propre investissement sur ce projet, mais aussi (et surtout) dans le fait que nous nous battons tous, et depuis longtemps pour certains, pour donner naissance a nos rêves. Celui-ci étant commun... il serait malvenu que l'un d'entre nous le brise.

Quelle est votre échéance pour mener ce projet à bien ?

On ne s'est pas vraiment posé de limites, et il est clair que, même si nous sommes remplis d'espoir, ça ne sera pas facile. Mais il est clair que c'est du court terme...

L'année dernière, nous avons organisé la première "Art-Kor Suspension", un évènement privé dans un lieu familial qu'on nous avait prêté. Nous étions environ une trentaine. Cette année, nous serons facilement le double... L'année prochaine, peut-être le triple... Il sera impossible d'utiliser ce même lieu. Les Kamichaos sont bourrés d'idées... On va certainement faire quelque chose en commun sur un big show. Pareil pour la Freak Family. Et il y a d'autres personnes qui n'attendent que ça. Tout cela était encore confus il y a quelques temps, un peu brouillon, dispersé. Tout le monde commence a trouver ses marques. Nous sommes quelques uns à piétiner d'impatience. John Kamiquaze a déjà surnommé le lieu "A Funny Garden" !

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Le Communiqué de Presse du Projet Freakland

Fidèle à notre esprit utopique et afin de donner de l'ampleur à nos/vos envies en ouvrant de nouvelles possibilités pour le futur, nous désirons faire l'acquisition d'un terrain dans le sud de la France.
Nous avons nommé cette initiative :

- Le Projet FREAKLAND -

C'est sur ce terrain que seront organisés les prochaines sessions d'AЯT-KØR Suspension et autres projets liés au kÞr. Ce terrain se veut être une terre d'accueil pour tous les freaks de la planète à la recherche d'un endroit pour accueillir leurs évènements et de personnes pouvant leur apporter un soutien logistique, moral, voire financier?
Il sera également pour eux une terre de repos, un lieu de rencontre et d'échange d'idées. Vous pouvez nous aider à faire de ce projet une réalité, en le faisant connaître et/ou en lui apportant votre soutien financier. Nous aurons également par la suite besoin de matériel ?


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A propos de cet article


Titre : LUKAS ZPIRA & LE PROJET FREAKLAND
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : La Spirale.org - 1996-2008
Date de mise en ligne :

Présentation

Lukas Zpira, le projet Freakland - Une interview tirée des archives de La Spirale.

A propos de La Spirale : Née au début des années 90 de la découverte de la vague techno-industrielle et du mouvement cyberpunk, une mouvance qui associait déjà les technologies de pointe aux contre-cultures les plus déjantées, cette lettre d'information tirée à 3000 exemplaires, était distribuée gratuitement à travers un réseau de lieux alternatifs francophones. Sa transposition sur le Web s'est faite en 1995 et le site n'a depuis lors cessé de se développer pour réunir plusieurs centaines de pages d'articles, d'interviews et d'expositions consacrées à tout ce qui sévit du côté obscur de la culture populaire contemporaine: guérilla médiatique, art numérique, piratage informatique, cinéma indépendant, littérature fantastique et de science-fiction, photographie fétichiste, musiques électroniques, modifications corporelles et autres conspirations extra-terrestres.

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