ÉRIC OUZOUNIAN & CHRISTIAN VANDERBORGHT « NETWAR OU LA GUERRE DU RÉSEAU »


Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)

Netwar ou la guerre du Net !

Eric Ouzounian et Christian Vanderborght retracent la courte histoire des réseaux informatiques et questionnent l'Homo Numericus de ce début de millénaire sur des questions aussi fondamentales que la fin des démocraties, le modèle de l'homme interfacé, l'éventualité d'un saut évolutionniste ou la nécessité d'une approche non-aristotélicienne pour appréhender la complexité de notre temps présent au travers de Netwar, un essai publié le mois dernier par les éditions Sens & Tonka.

Des thématiques qui ne pouvaient qu'attirer l'attention d'une Spirale en pleine crise de croissance digitale, aussitôt jetée à corps perdu dans cet entretien.


Propos recueillis par Laurent Courau.


Qu'est-ce qui vous a motivés pour écrire ce livre sur la récente histoire des réseaux informatiques et leur impact sur notre devenir ? Et qu'est-ce qui vous a inspiré un titre aussi guerrier ?

Eric Ouzounian : Après avoir réfléchi, on avait envie de témoigner. De remettre à l'heure quelques pendules. Beaucoup de livres ont été publiés sur le sujet, mais sans réflexion approfondie ; juste de l'anecdote, comme d'habitude. Nous posons avec ce livre des questions qui engagent un choix de vie, ou de société. Espérons que nous pourrons ainsi contribuer au débat, qui lui est indispensable.

Christian Vanderborght : Suite à la déconfiture de Canalweb, j'avais besoin de faire un point sur mon parcours personnel pour transcrire mon expérience sous la forme d'un livre, forme d'expression que finalement, je n'ai jamais employé dans mon parcours artistique. C'est la transcription d'un journal d'occupation par rapport à mes centres d'intérêts et aussi l'envie de dire ce que peu de personnes disent aujourd'hui sur l'apparition de ce media, c'est à dire qu'il est le fait des artistes, des scientifiques et des militants, d'une pensée utopique, bien avant que les commerciaux et les consommateurs ne s'en emparent comme vecteur de promotion. D'où le titre Netwar - la Guerre du Net. Je le dis dans le bouquin, nous sommes en face de la première guerre numérique.
En faisant des recherches sur les archives concernant les prémisses d'Internet, j'ai constaté que l'histoire avait déjà été réécrite, que la majorité des sites pionniers ont disparu ou disparaissent encore derrière des sites porno, ou encore se font absorber comme Mygale.org, un hébergeur gratuit qui fut englouti par Multimania/Lycos et dont tous les sites web alternatifs associés avaient été éliminés par un discret mais néanmoins radical autodafé.
Des batailles de l'ombre, idéologiques, juridiques, commerciales se sont produites et continuent de se poursuivre en parallèle de la guerre Nord-Sud (USA-Afganistan, Palestiniens-Israël et toutes les autres guerres oubliées... Tchétchènes, africaines, indonésiennes, etc.) dans l'ensemble des pays connectés à la toile, pour les mêmes raisons politiques, contractuelles et légales, de manière à asseoir le contrôle des oligarchies politico-économico-médiatiques des infostructures, face aux nouvelles lignes de front du marché global.
Si on compare l'Internet à la presse et la télévision, des médias qui jusqu'à tout récemment étaient les garants les plus importants d'un espace public démocratique, dans le sens d'une diffusion de l'information et d'une formation des opinions et des comportements électoraux, trois facteurs sont à souligner. Premièrement, l'Internet sort des cadres locaux et nationaux qui définissent les limites de l'espace de diffusion de ces médias "traditionnels". Deuxièmement, il exacerbe une tendance à la décentralisation et à une fragmentation de l'espace médiatique qui dans le cas de la presse et de la télévision a souvent été contrée par une tendance à la concentration et à la monopolisation plus ou moins relative. Troisièmement, l'Internet a permis et permet toujours une participation très décentralisée à des formes de communication jusqu'à récemment réservée à des acteurs institutionnels puissants. De manière plus radicale, on peut même considérer qu'il s'agit de la seule source d'information fiable face à la désinformation inouïe menée par le gouvernement américain pendant la seconde guerre d'Irak, un exemple probant, et ne parlons pas de la soupe et des autres niaiseries de notre JT quotidien.
Cette guerre numérique concerne notre conscience, une certaine idée généreuse du monde dans lequel nous vivons, qu'alimentent nos aspirations individuelles, libertaires, mutantes. Confrontée à la réalité, notre conscience ne peut que s'émouvoir de l'énorme brutalité à laquelle elle est soumise. Tout comme nous brûlons les neurones de notre cerveau pour un peu d'intelligence momentanée, tous les sites inactifs qui disparaissent derrière un lien hypertexte nous font perdre un peu d'intelligence virtuelle. Intelligence qui semble nous faire défaut pour comprendre la complexité non-aristotélicienne de notre planète bleue.

Olivier Saint-Léger, qui fut rédacteur en chef des magazines Webmaster et .Netpro, me décrivait récemment la seconde moitié des années 90 et la période de la nouvelle économie comme une sorte d'amok numérique qui se serait emparé vu village global. Est-ce que vous adhérez-vous à cette vision d'un délire collectif autour des nouvelles technologies de l'information ?

E.O. : Je pense qu'il s'agit davantage d'un délire du capitalisme. C'est une recherche de lucre invraisemblable qui a alimenté cette frénésie. Pour moi, c'est un truc comme l'an 1000 ou les tulipes hollandaises. Il y avait évidemment un délire collectif autour du Net, mais c'était seulement parce que des gens devenaient milliardaires en six mois, et que ça excitait tout le monde. Les réels enthousiastes qui pensaient que cet outil de communication pouvait apporter beaucoup à l'humanité étaient moins nombreux.

Cborg : Le projet < UBIK > / La MétaPhysique du Virtuel (1993) reposait sur une méthodologie pratique et des pools de compétences propres à explorer le monde digital :

MEDIA BASE : laboratoire de recherche, formalisation des procédures de recherche, dissémination sélective de l'information.
WORKSHOP : organisation de séminaires et d'ateliers en référence avec l'objet.
DATA BANK : ingénierie des savoirs : formalisation des compétences en système-expert et base de connaissance.
POOL SYSTEME : exécution des projets en liaison avec le laboratoire et les forces de production. Gestion de projet, technostructures déléguées (moteurs d'inférence, de standardisation et d'optimalisation des compétences).
POOL PRODUCTION : ingénierie culturelle et événementielle orientée vers l'esthétique à travers la mise en place de programmes audiovisuels interactifs et de spectacles multimédia.
Les startups ont fait fi de cette optimisation des compétences pour établir une tête de pont sur ces nouveaux territoires. Elles n'étaient souvent que des structures opportunistes en quête de la manne financière, comme des junkies agglutinés autour du pusher dans une frénésie AMOK.

« Le dernier homme et le consommateur final sont dans une convergence profonde. C'est là un élément apocalyptique qui est inhérent à la société de consommation de soi-même et du monde. Nous sommes entrés dans une crise de la consommation absolue. Les guerres locales de notre époque se situent dans ce cadre. » - Peter Sloterdijk.

Les premiers atteints par cette frénésie amok ont été les financiers qui déliraient de profits mirobolants immédiats sans prendre conscience des conséquences. Voir l'affaire Enron que nous abordons dans le bouquin.
Le village global, lui, poursuit son existence avec ses résistants-terroristes pour projeter de nouveaux modèles de sociétés possibles et si ils n'y parviennent pas aujourd'hui, disons que nous aurons laissé passer une belle opportunité historique de modifier certains rapports de forces en ne soutenant pas ces résistances. La résistance islamiste n'est qu'une des formes d'expression spectaculaire de la complexité politique et sociale du village global. Nous n'avons pas tous les mêmes peurs.

Avant la nouvelle économie, il y a eu l'époque des pionniers des réseaux informatiques et des expériences artistiques comme < PIAZZA VIRTUALE > que vous mentionnez à plusieurs reprises. Pouvez-vous nous parler de cette période et de ce qu'elle a pu nous laisser comme héritage ?

Cborg : < PIAZZA VIRTUALE > (1992) est issue des pratiques d'un rezo d'artistes européens auquel j'ai participé, connu sous différents noms génériques tels que FRIGO/RADIO BELLEVUE/CODE PUBLIC/MINUS DELTA T/UNIVERS CITY NETWORK/ PONTON MEDIA LAB. Nous avons sévi dans les années 80-90 dans les domaines de la vidéo, la performance, la musique industrielle et les médias radio et TV. Nous fonctionnions un peu comme les Residents, dans un groupe anonyme et fluctuant qui avait plusieurs formes d'expressions. A la fin des années 80, nous avons mixé tout notre savoir faire dans le cadre d'installations multimédia à travers de projets que nous avons réalisés dans différents festivals tels que Ars Electronica à Linz en Autriche.
Nous avons ainsi mis en place un dispositif interactif avec des réseaux TV, radio, téléphone, BBS et Telnet pour créer durant la DOCUMENTA IX la première TV interactive : PIAZZA VIRTUALE où les participants via ces outils de communication composaient en direct un programme de TV avec des échanges venant de sources visiophones, faxes et autres medias interconnectés. Aujourd'hui, dix ans après, c'est devenu banal. Tout le monde utilise le chat, la visioconférence et tous les modes de communication que le net a popularisés.
A l'époque, nous étions des ovnis. Les artistes disaient que nous étions vendus aux médias, et les médias, perturbés par l'exotisme de ces échanges, les ont finalement galvaudés dans les reality-shows type Loft Story. Avec à la clé, 125 000 appels téléphoniques par heure et un à deux millions de téléspectateurs européens sur des réseaux nationaux, locaux et (surtout avant l'ouverture des pays de l'est) avec la participation de bases médias disséminées dans les pays baltes, russes et autres pays inaccessibles à la démocratie.
Quand les logiciels Mosaic et Netscape et le langage hypertexte sont apparus, c'était pour nous évident que les prémisses annoncés par nos pratiques expérimentales des médias allaient révolutionner notre société. Les modes collaboratifs et organisationnels du net permettent ce qu'aucun média n'a pu faire jusqu'à présent : globaliser les échanges de ce village que Mc Luhan à su modéliser avant nous.

Contrairement à toute attente et à ce que tout le monde prévoyait à la fin des années 90, les géants des médias n'ont pas encore réussi à dominer les réseaux informatiques qui échappent encore en grande partie à leur contrôle. Comment expliquez-vous cette situation ?

E.O. : Les grands groupes ne sont pas outillés pour attaquer des micros marchés, des niches. Le modèle des grands médias fédérateurs n'est pas en bonne santé. Même l'autoproclamée grand-messe du JT ne satisfait plus une partie croissante de la population. Les gens cherchent davantage des médias de proximité, au détriment sans doute d'une notion d'appartenance à un collectif, ou plutôt ils vont vers un collectif de réseau et non de géographie. On est aujourd'hui plus proche d'un californien qui possède les mêmes centres d'intérêt que de son voisin de pallier. Ce qui amène les médias de masse à perdre du terrain face aux médias en ligne. C'est vrai pour la presse écrite en ce moment, mais cela s'étendra également à la télévision.

Cborg : Selon le sens sémantique du terme "télévision" (vision à distance), il devient plus facile d'accéder à son programme sur un PC que sur un téléviseur, surtout si ce dernier est relié à plusieurs décodeurs et que les télécommandes s'empilent? Le PC est la plus interactive des télévisions : une intelligence qui permet de naviguer parmi des milliers de programmes, un réseau mondial qui les distribue et un disque dur qui stocke vos émissions préférées. En comparaison, la télévision paraît bien en retard : les programmes sont distribués à des horaires imposés, le stockage confié au bon vieux magnétoscope et les guides de programmes câble ou satellite semblent issus d'une période pré-minitel. Evidemment l'image de la télévision est meilleure, mais pour combien de temps ?
Comment en sommes-nous arrivés là ? Les médias, surs de leurs technologies affirmés et de leur modèle économiques fonctionnels et rentables, ont pris l'arrivée des réseaux informatiques comme une secrétaire au service de leur entité, pour organiser leurs activités triviales.
La manière aiguë dont l'émergence d'une société de l'information est aujourd'hui perçue, en particulier par les médias, tient bien sûr d'abord à l'explosion quantitative sans précédent historique des données mises à la disposition du public. Mais plus profondément, cette mutation paraît correspondre à un changement de point de vue radical qui tend à s'imposer dans presque tous les domaines, y compris en recherche fondamentale. Ce qui était perçu antérieurement comme phénomènes, agents ou processus temporels, est désormais abordé sous l'angle d'une circulation généralisée d'information, celle-ci devenant la "nouvelle ressource" des entreprises et le moteur du changement social.
Ce changement est d'autant plus spectaculaire qu'il coïncide avec une intensification sans précédent de la communication. Celle-ci est omniprésente, non seulement entre les humains qui développent des stratégies pour s'approprier les nouveaux objets techniques de communication (mobiles, ordinateurs de poche, assistants numériques personnels, etc.), mais aussi entre ces objets eux-mêmes, devenus "communicants" et dotés d'artefacts qui s'interposent de plus en plus entre les humains dans l'échange et occupent une place de plus en plus grande dans l'ensemble du fonctionnement social. Seules la complexité des médias numériques et aujourd'hui la maîtrise technique des réseaux informatique permettent ce déploiement. Les médias classiques ne maîtrisent pas encore la chaîne complexe de ce processus.
Il est intéressant de constater que l'initiative de Clinton et de Gore ne faisait originalement guère référence à l'Internet, mais envisageait encore un rôle plus important pour les câblo-opérateurs ou d'autres services numériques propriétaires. L'Internet a pris plus tard le rôle primordial dans la politique d'information des États-Unis et dans la plupart des autres pays du monde, parce qu'il répondait le mieux à plusieurs des enjeux formulés, comme l'intégration des infrastructure hétérogènes, le service public à prix abordable, la modularité des services, l'accès égalitaire et compétitif pour les fournisseurs de contenus et de services, l'intégration de l'infrastructure nationale dans une infrastructure globale.
Le développement du "Mobil Uplink Unit Wireless" permet à toute personne équipée d'être un émetteur en puissance, ce que récuse les médias classique basés sur le modèle du "downlink", un flux contrôlé vers la multitude citoyenne et consommatrice.
La tendance peut s'inverser avec la bataille des droits que les médias maîtrisent fort bien pour valoriser leur rôle au sein du monde numérique. De nouvelles alliances en ce sens sont en train de se former. Aux médias les contenus et le contrôle des droits, aux réseaux la technologie et le contrôle des accès.

Je débattais récemment par email avec Maxence Grugier de Cyberzone et Lukas Zpira de Body Art de la disparition de la contre-culture. Lukas et moi-même défendions l'idée que la contre-culture n'a plus de raison d'être puisqu'elle n'a plus, contrairement aux 60's, de culture dominante à laquelle s'opposer. Qu'en pensez-vous et quelle est votre vision de la sphère culturelle contemporaine ?

E.O. : La contre-culture est totalement intégrée à la culture dominante et son système marchand. Le sexe, les drogues et la musique sont très largement fondus dans la culture dominante, il n'y a plus tellement d'interdits, à part les armes, peut-être. Ce qui m'intéresse dans la sphère culturelle contemporaine, ce sont les trucs gratuits, qui ne sont pas conçus pour gagner de l'argent mais seulement pour être montrés, dans un but militant ou pas. C'est peut-être là qu'il faut chercher un espace de rupture entre culture dominante et contre-culture, vers ce qui est interdit. Aujourd'hui, ce qui est interdit, c'est de ne pas générer de profit.

Cborg : Que définissons nous comme contre-culture? Il me semble que Maxence, Lukas et toi-même faites partie de la contre-culture actuelle qui n'est pas celle des années 60. Je suis même étonné que vous pensiez qu'il n'y a plus de culture dominante à laquelle s'opposer. Il y a au contraire une culture dominante monopolistique qui tend à une sorte d'hégémonie totalitaire à travers les arcanes de la distribution planétaire des mêmes hits, des mêmes films, des mêmes best-sellers qui comme leurs noms l'indiquent sont les véhicules de culture qui se vendent le mieux. La culture Pop, la contre-culture des années 60 a pris le pouvoir après mai 68 et leurs acteurs se sont fondus dans la société du spectacle chère aux situationnistes, avec le post-modernisme comme figure philosophique déguisée d'un système réactionnaire qui ne considère la culture que rentable et assujettie aux lois du marché.
Quand la police intervient dans des manifestations culturelles, on a affaire à la contre-culture. A titre d'exemple, les raves parties interdites par la loi, le phénomène P2P, les mouvements Nologo, et du côté politique les altermondialistes, Attac et leurs actions qui essaient bon gré, mal gré, de résister à la vision d'un monde uniquement considéré comme une marchandise, brevetable et marketable.
Pour moi, le rezo est une formidable opportunité de tisser les liens d'une contre-culture multiforme en opposition à cette idée que le capitalisme aurait vaincu toutes les formes d'opposition. Linux fait partie de ces réussites qui entretiennent le coté novateur de la thèse alternative. Les initiatives qui concourent autour de la notion de < logiciel libre >, de < nocopyright >, de < nologo >, de < noglobalization > et la création de nouveaux Non-Rituels Sociaux, associés à ces pratiques collectives, communautaires, individualistes et cupides qui nous caractérisent, annoncent soit le < MILLENIUM NAZI > enfin réalisé, soit la défonce généralisée à travers interfaces < BIOTEK TM > dans une infernale < DOOM > party.
La prolifération des webzines auxquels vous participez de manière active montre bien que la contre-culture n'est pas morte et qu'elle a aujourd'hui des armes pour se battre sur le terrain des idées pour organiser et poursuivre le combat généreux d'une résistance hors des partis politiques qui ne répondent plus aux attentes des nouvelles générations.

Revenons à notre explication de texte et à la phrase < Un lien inactif est un neurone mort > que vous utilisez comme sous-titre de Netwar. Doit-on comprendre à travers cette métaphore que votre vision du réseau correspond à celle d'un organisme intelligent global ? Ce qui correspondrait effectivement aux théories de Teilhard de Chardin que vous abordez plus loin dans cet ouvrage?

E.O. : Un lien inactif peut interrompre une progression dans un raisonnement hypertexte, en association d'idée et non linéaire, comme un neurone mort est un point de connexion qui se brise. Le lien inactif sur un web est un morceau de mémoire indisponible. C'est une sorte de Tao des machines, même si le réseau en lui-même est moins important que ceux qui le constituent et l'alimentent.

Cborg : « La société peut être vue comme un organisme multicellulaire avec les individus dans le rôle de cellules. Le réseau de chaînes de communication reliant les individus joue alors le rôle du système nerveux de ce super organisme », i.e un "cerveau global". C'est une métaphore et un projet anglo-saxon "Global Brain" qui pose une fois encore le problème de la complexité de notre environnement.
Nous nous déplaçons d'une société matérialiste et individualiste vers une société de l'information immatérielle, communautaire et universelle. Ce processus de mutation nous oblige à repenser le monde comme un être global, une Noosphère. La Noosphère a commencé à exister, comme résultat de la pensée humaine, une pensée primitive, à l'origine isolée comme les premiers hommes l'étaient au fond de la grotte de Platon. Pour cette raison, Teilhard de Chardin a utilisée le mot Noogénèse. La Noosphère est l'étape de croissance de la Noogénèse, laquelle a accompagné la croissance de l'Homme dans la Nature avant que les hommes, ayant atteint l'étape de la Socialisation, la Noosphère se nourrisse de la pensée humaine sous les mêmes lois de l'Évolution.
Prenons date ! En 2017, à la vitesse exponentielle des processeurs, nous gagnerons des millénaires à l'échelle du temps analogique. L'avancée des biotechnologies nous donnera une bonne connaissance des secrets de l'ADN et de ses modes de réplications intelligentes. La computation quantique amplifiera la saveur inimitable du vivant. Un autre réel nous sera accessible grâce à notre Pda (Personnal Digital Assistant) en liaison permanente avec les I.A. (Intelligences Artificielles) du < REZO >. L'énergie du time-binding> généré, ce processus neurologique et socioculturel qui permet aux hommes de créer, de conserver et de transmettre ce qu'ils ont appris individuellement au profit des générations futures, nous donnera une puissance de cognition inégalée.

On parle beaucoup aujourd'hui d'une crise de civilisation. Parallèlement à ça, certains psychiatres considèrent que les crises de leurs patients sont des périodes particulièrement productives, notamment propices aux remises en question et à la recherche de solutions. Pensez-vous que ce type d'analyse soit applicable à la situation actuelle ?

E.O. : La crise est un temps paroxystique extrêmement pénible. La civilisation occidentale est actuellement dans un sale état, sans perspectives, engendrant douleurs et frustrations, tout en les imposant, au besoin par la force, à d'autres civilisations. Il est normal que cela conduise à une rapide évolution des comportements, notamment à l'égard de l'éducation, des médias, de l'environnement. Mais, à contrario, on peut également craindre un repli long, vers des attitudes encore plus égoïstes, ce qui amènera inéluctablement un conflit. En tout cas, on assiste à un foisonnement d'initiatives.

Cborg : Les difficultés de nos concitoyens à se reconnaître comme appartenant à une classe sociale, préférant se déclarer membres de cette anonyme et énorme "classe moyenne", n'effacent pas pour autant la réalité des classes sociales. Ni même celle de la lutte des classes. Encore faut-il voir ce qui relève de la crise de la représentation, de la lutte et ce qui émerge.
Nisbet avançait trois explications : une meilleure diffusion du pouvoir, dans la sphère politique, allait modifier les comportements ; l'extension du secteur tertiaire annihilerait les références sociales du passé sans en créer de nouvelles ; l'élévation du niveau de vie gommerait les antagonismes créant, avant toute autre distinction, une population de "consommateurs". La mort des classes était programmée. Mais, surtout, elle devait engendrer la fin de la gênante "lutte des classes". Le processus fut soigneusement entretenu outre-Atlantique, relayé en France et en fanfare par Giscard, puis par Jacques Delors. Il n'en finit pas de finir. En 1999, Lionel Jospin reprend à son compte le concept de "classe moyenne", comme classe identitaire unificatrice. Les communistes utilisaient, eux, volontiers l'expression de "classe ouvrière élargie". Mais à schématiser le présent ou s'arc-bouter sur le passé, ne risque-t-on pas de passer à côté de ce qui bouge dans la société ? Les élections françaises de 2002 ont donné le ton, reste à connaître l'impact d'une guerre en Irak et de la récession qui s'ensuivra. Cette fameuse crise sert surtout à masquer la mainmise des dominants sur les dominés dans notre société "libérale".
Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international déclara : « Pour ce qui nous concerne au FMI, nous n'avons jamais changé. Ma théorie a toujours été celle des trois mains : la main invisible du marché, la main de la justice (c'est celle de l'État) et la main de la solidarité. Il faut que les trois mains puissent travailler ensemble. » La présidence de la Banque Mondiale prononce des déclarations proches en faveur de l'implication de la société civile et des organisations non lucratives censées la représenter. Cynisme ou inconscience ? Limite de la pensée théorique du personnel politique ? Laurent Fabius fut un moment tenté de briguer la présidence de cet organisme avant d'être nommé ministre de l'économie et des finances du second gouvernement Jospin. A cet égard, on conçoit la profondeur historique de la naïveté des sociaux démocrates à l'égard de l'humanisme de l'économie de marché. Cette "stratégie de l'ambiguïté" se nourrit de conceptions qui cloisonnent les différents secteurs pour ensuite fonder leur complémentarité sur ce cloisonnement. Elles fournissent un soubassement à une rhétorique politique dans laquelle les associations sont convoquées pour justifier un désengagement progressif ou brutal de l'État, selon sa nature réactionnaire ou sociale-démocrate. Derrière la référence à des thématiques aux valeurs progressistes indubitables (la participation, le partenariat, la décentralisation, voire le libéralisme) peut se cacher une "logique de dépolitisation".

Netwar insiste à plusieurs reprises sur la nécessité d'utiliser une approche non-aristotélicienne pour appréhender la complexité de notre temps présent. Auriez-vous la bonté d'expliquer ce dont il retourne aux lecteurs de La Spirale qui n'ont pas encore eu votre livre entre les mains, voire même à ceux qui le possèdent déjà ?

E.O. : On peut prendre un parallèle en médecine. Un comportement médical aristotélicien va consister à établir un diagnostic, à identifier un agresseur et à lui envoyer une contre-attaque de type antibiotique. La médecine chinoise fonctionne sur le principe de prévention et surtout sur une vision globale du corps et de l'esprit. Une approche aristotélicienne qui isole les causes et les conséquences n'est pas la bonne pour concevoir le réseau.

Cborg : Nous sommes bien obligés, face à la complexité du phénomène que nous voulons décrire, de remettre en cause le modèle aristotélicien qui nous a été transmis par l'histoire occidentale et qui n'est plus capable de nous offrir une représentation des forces en présence. Un modèle déjà fortement ébranlé par les découvertes physiques de Einstein et la mise en application de la théorie de la relativité générale. Autant cette théorie est aujourd'hui admise dans notre corpus intellectuel et scientifique ; autant une autre théorie est encore en butte à l'ostracisme du corpus universitaire. Je veux parler de la théorie de sémantique générale élaborée par Alfred Korzybski en 1933 pour désigner sa théorie générale de l'évaluation. Cette théorie est présentée dans son ouvrage Science and Sanity : An Introduction to Non-Aristotelian Systems and General Semantics (Science et sanité : une introduction aux systèmes non-aristotéliciens et à la sémantique générale). Je crois qu'il n'existe toujours pas de traduction de ce texte en français.
Délaissant les dogmes mythologiques, Korzybski s'interroge : « Quelle est la caractéristique spécifique des humains ? » Il observe qu'à la différence des animaux, chaque génération humaine a la capacité potentielle de repartir du point où la génération précédente s'est arrêtée. Il analyse les processus neurologiques et socioculturels qui permettent aux hommes de créer, de conserver et de transmettre ce qu'ils ont appris individuellement au profit des générations futures. Il nomme cette capacité neurologique spécifique le time binding. Korzybski observe que la structure de nos formes de représentation (langages, etc.) joue un rôle déterminant dans l'histoire des cultures humaines. Comment se fait-il qu'en règle générale des structures bâties par des ingénieurs ne s'effondrent pas ou que lorsqu'elles s'effondrent, on décèle facilement les erreurs d'ordre physico-mathématique ou d'autres erreurs d'évaluation, alors que des systèmes politiques, économiques et sociaux, eux aussi produits par des humains, s'effondrent sous l'impulsion de guerres, de révolutions, de dépressions financières ou du chômage. Cette question en entraîne une autre. « Comment les ingénieurs construisent-ils des ponts ou d'autres types d'architectures d'un point de vue neurologique ? »
Selon Korzybski, ils utilisent un langage particulier, restreint mais parfait, les mathématiques. Ce langage dont la structure est similaire à celle des faits dont il rend compte, produit par conséquent des résultats empiriques prédictibles. Il examine le point de vue neurologique des bâtisseurs des structures sociales, économiques, politiques et des autres structures humaines instables, et découvre qu'ils emploient des langages (c'est-à-dire des formes de représentation) dont la structure n'est pas similaire aux faits de la science et de l'existence. Bien que les principaux faits historiques soient connus, des solutions aux problèmes humains sont bloquées par des dogmes préscientifiques, mythologiques ou métaphysiques qui ont fait et font encore obstacle à la possibilité d'identifier les erreurs.
Les prémisses du système non-aristotélicien peuvent être exprimés par la simple analogie de la relation d'une carte avec le territoire :

1. Une carte n'est pas le territoire.
2. Une carte ne représente pas tout le territoire.
3. Une carte est autoréflexive, en ce sens qu'une carte ?idéale? devrait inclure une carte de la carte, etc., indéfiniment.

Appliquées à la vie courante et au langage, les prémisses s'expriment ainsi :

1. Un mot n'est pas ce qu'il représente.
2. Un mot ne représente pas tous les ?faits?, etc.
3. Le langage est autoréflexif, en ce sens que nous pouvons, dans le langage, parler à propos du langage.

Aujourd'hui nous avons encore tendance à confondre carte et territoire. Nos réactions habituelles sont encore fondées sur des postulats inconscients, préscientifiques et primitifs qui, mis en pratique, violent le plus souvent les deux premières prémisses et méconnaissent la troisième. Les mathématiques et la sémantique générale sont les seules exceptions.
L'introduction des langages numériques dans notre quotidien nous permet d'aller plus avant dans la compréhension du monde du vivant et je ne comprends pas pourquoi nous en sommes toujours à la description et à l'étude du monde selon le modèle aristotélicien, alors que celui-ci a montré ses limites pour décrire la complexité de notre environnement.

Vous affirmez dans ce livre que notre salut passera par une réflexion globale et responsable, qui dépasserait le concept d'état-nation. On assiste pourtant de toute part à un retour en force des communautarismes et du tribalisme. Comment expliquez-vous ces allers-retours entre l'évolution et la régression ? S'agirait-il dans le cas de ces dernières à une réaction quasi "organique" aux évolutions en cours ?

E.O. : Le communautarisme ne me gêne pas tant qu'il reste ouvert. On peut très bien appartenir à une ou plusieurs communautés, qu'elles soient culturelles ou autres, sans pour cela s'enfermer dans ces seules communautés. En même temps, la tentation est forte puisque l'exacerbation du sentiment d'appartenance rassure. Les deux aspects, évolution et régression, sont à l'oeuvre en même temps, pourtant le pouvoir politique reste immobile, tétanisé et ne propose aucun dépassement : il est effectivement incapable d'offrir une réflexion globale et responsable.

Cborg : L'Histoire montre le déclin de la communauté. Ou plutôt, progrès et déclin à la fois : croyances morales, statut social et racines culturelles sont devenues des formes de nostalgie dont on entreprend sans cesse la revitalisation. L'émancipation de l'individu doit donc se mesurer aussi au vu de la perte des structures anciennes d'où il s'est émancipé, et qui étaient aussi des structures de sens. L'État moderne, celui des années 50, aujourd'hui assez affaibli, dominé par ces autres États que sont les grandes entreprises, devient une communauté lui-même, et une communauté absolue, qui n'en tolèrent pas d'autres. L'État repose sur la force, alors que les groupes sociaux reposent sur la responsabilité mutuelle. La force nécessite une ramification vers le Pouvoir central, fédérateur de gré ou de force ; le rassemblement en réseau a constitué une forme première de tout gouvernement étatique moderne. Pour autant, le principe d'un Etat puissant et centralisé n'est intéressant pour la classe dominante que dans la mesure ou il doit restaurer les conditions du profit que sont la sécurité et le bon fonctionnement des infrastructures et de l'administration. Une police, une justice, des routes et des communications efficaces, des hôpitaux et des écoles passables sont des pré requis au bon déroulement des affaires. Mais, par la suite, lorsque la puissance des multinationales devient largement supérieure à celle des États, le rapport change. Le produit national brut du Burkina Faso est équivalent au chiffre d'affaires annuel des Galeries Lafayette, les puissances de Microsoft ou de Total Fina Elf sont incomparables à celle des trois-quarts des pays du globe. L'enjeu est finalement celui de la démocratie, du gouvernement par le peuple qui élit des représentants pour gouverner contre le gouvernement d'une oligarchie d'actionnaires de multinationales.

Comme je l'énonce, dans un système non-aristotélicien, le mot "communauté" n'est pas la communauté. Les communautés dont nous parlons sont des communautés virtuelles qui existent par l'acceptation de certaines règles souvent non-écrites auxquelles les individus adhèrent parce qu'elles représentent des valeurs qui leur sont profitables. Elles n'ont pas encore de légitimité réelle.
Les Etats-Unis d'Amérique sont le premier modèle d'un gouvernement fédéral qui a pris la prépondérance sur le modèle démocratique de l'État-Nation. On voit aujourd'hui qu'ils n'ont pas l'intention de céder leurs pouvoirs acquis face aux récriminations démocratiques des États-Nations. Bien au contraire, ils font pression de tous leurs pouvoirs pour que le monde se plie à leurs desideratas.
Le tribalisme et le communautarisme sont des tentatives de réponses engagées par les populations des États-Nations pour organiser leur revendications ou leurs besoins d'expression sous des formes sociales propres à satisfaire des besoins que les États-Nations ne sont plus à même de résoudre. Les États-Nations sont confrontés à la pérennité de leur existence face à la montée des oligarchies et des mafias qui corrompent nos dirigeants et l'état chronique de notre déficit budgétaire.
Il me semble qu'il y a urgence à revoir notre constitution qui date de 50 ans et a été conçue pour répondre à un état d'après guerre qui n'est plus celui dans lequel nous sommes. Il y a urgence à fournir à l'Europe une constitution qui réponde aux besoins de citoyens qui vivent dans une globalité culturelle plus large que le concept d'État-Nation.
Il y a urgence, comme face à un corps malade, de fournir une thérapie efficace pour sortir des cercles mortifères dans lesquels nous nous morfondons. Les réseaux informatiques nous offrent la possibilité d'organiser une renaissance du contrat social qui nous lie à nos gouvernements et de responsabiliser nos exigences à l'aune de la complexité et des difficultés auxquels ils font face. Encore faudrait-il qu'ils prennent en compte les demandes et les revendications souvent contradictoires exigées par les différentes tribus et communautés dans un modèle qui intègre ces contradictions et cette complexité. C'est un des enjeux majeurs des prochaines décennies. Pour moi, cet enjeu passe par l'éducation plutôt que par la répression, par la mise en commun de l'intelligence des bases de données traitant de ces problèmes pour extraire le dénominateur commun de toutes ces revendications et leur trouver des réponses pratiques et transversales.

Vous opposez la notion égotique de l'homme solitaire, tentant de maîtriser le monde, à la notion tangente de l'homme interfacé, joueur blasé d'un monde virtuel. Est-ce que notre époque ne serait pas plutôt caractérisée par la confluence des deux ?

E.O. : Il y a les deux, mais est-ce qu'il y a confluence ou affrontement ? L'homme solitaire est dangereux par son refus de connaissance et de découverte, qui engendre repli identitaire et tentation fasciste au bout du compte. L'homme interfacé paraît plus sympathique. Je ne crois pas qu'il faille prendre le mot blasé dans une acception péjorative, cela signifie simplement que la fascination pour l'outil n'opère plus.

Cborg : J'en reviens toujours au fait qu'il faut revoir les modèles théoriques qui sous-tendent notre interprétation du réel. La notion de l'individu apparaît avec la révolution industrielle et l'effondrement des gouvernements de droits divins. Il a fait la part belle, dans nos systèmes démocratiques, à la croyance qu'un individu pouvait transcender son statut social et gravir la pyramide du pouvoir grâce aux seules vertus de sa force de travail et de son intelligence. Il est la convergence solitaire de la compétition et de la réussite sociale. Nous baignons dans cette croyance et notre société est bâtie sur cette acceptation. Mais la complexité actuelle et le clientélisme montrent les limites de cet exercice qui nourrit la politique démocratique depuis deux siècles.
Le modèle de l'homme interfacé propose une autre approche basée sur la théorie des jeux vulgarisée par Von Neumann. L'interaction est la base du modèle. « Les jeux sont des modèles abstraits qui représentent des situations formalisées (...) dans lesquelles des joueurs sont amenés à prendre des décisions rationnelles pour maximiser leurs gains (...) en adoptant une stratégie qui dépend entre autres de ce qu'ils peuvent connaître des stratégies des autres joueurs. » L'individu n'est pas seul et ces actions peuvent induire des réactions de la part de ceux qui sont concernés par ces actions On peut aussi mettre à profit ces interactions pour accroître la synergie entre les acteurs. Ce qui n'empêche pas que ces derniers soient à certains moments en concurrence avec le joueur.
Nous sommes en effet à la convergence, à la tangente de ces deux modèles. Le modèle du joueur, de mon point de vue, permet un meilleur usage des ressources philosophiques et économiques de notre intelligence.

Vous concluez ce livre en envisageant une nouvelle étape de l'évolution dans un processus non linéaire. Pensez-vous que nous soyons en train de vivre aujourd'hui ce que Timothy Leary considérait comme un saut évolutionniste et que le concept de mutation soit réellement d'actualité ?

Cborg : Je cite René Berger : « Les mécanismes mentaux, qui ont régné durant des siècles, sont en train de se "faner", comme une fleur ou un arbre qui ont épuisé leur sève, non pour céder à la mort, mais pour régénérer les conditions d'une nouvelle naissance ou, plutôt d'une métamorphose, c'est-à-dire d'un changement radical, au sens propre, à partir de la racine ? » Or, c'est partout et tous les jours que se multiplient les indices d'un tel changement, aussi bien sur cette terre qu'au-delà dans l'espace, jusqu'au tréfonds de la matière et, sans doute, de l'esprit. Il ne s'agit nullement de renier notre passé. Il s'agit d'abandonner les mécanismes conceptuels qui, après nous avoir servi des siècles durant à établir et à maintenir notre pouvoir sur le monde, apparaissent de plus en plus comme des structures transitoires qui menacent d'inhiber notre développement au seuil du siècle à venir. C'est en effet à une nouvelle métamorphose que nous avons affaire, "méta-morphose" (méta-physique, méta-technologie, ) que nous n'avons pas à subir, mais à construire .
Et il s'agit bel et bien d'une mutation qui nous oblige à repenser notre futur à la lumière de ces nouvelles connaissances. Cette mutation est nécessaire pour répondre aux nouveaux défis dont nous sommes les sujets en terme d'environnement, de génétique, de richesse partagée et de conscience.

Bienvenue aux X-Men !


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Titre : ÉRIC OUZOUNIAN & CHRISTIAN VANDERBORGHT « NETWAR OU LA GUERRE DU RÉSEAU »
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : La Spirale.org - 1996-2008
Date de mise en ligne :

Présentation

Eric Ouzounian & Christian Vanderborght, Netwar - Une interview tirée des archives de La Spirale.

A propos de La Spirale : Née au début des années 90 de la découverte de la vague techno-industrielle et du mouvement cyberpunk, une mouvance qui associait déjà les technologies de pointe aux contre-cultures les plus déjantées, cette lettre d'information tirée à 3000 exemplaires, était distribuée gratuitement à travers un réseau de lieux alternatifs francophones. Sa transposition sur le Web s'est faite en 1995 et le site n'a depuis lors cessé de se développer pour réunir plusieurs centaines de pages d'articles, d'interviews et d'expositions consacrées à tout ce qui sévit du côté obscur de la culture populaire contemporaine: guérilla médiatique, art numérique, piratage informatique, cinéma indépendant, littérature fantastique et de science-fiction, photographie fétichiste, musiques électroniques, modifications corporelles et autres conspirations extra-terrestres.

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