OLIVIER LECULIER « ÉCRANS MIXTES 2020 »


Enregistrement : 21/02/2020

Du 04 au 12 mars prochain se déroulera à Lyon et dans sa métropole la dixième édition du festival de cinéma « queer » Écrans Mixtes. L’occasion pour nous de revenir avec son président, Olivier Leculier, sur leur programme foisonnant, mais aussi sur la genèse et le futur du festival, les dernières frontières à abattre en terme de discrimination et, bien sûr, leurs prestigieux invités d’honneur qui ne sont autres, cette année, qu’André Téchiné et... John Waters, le cultissime réalisateur de Female Trouble, Pink Flamingos et Cry Baby, à présent auteur de multiples livres, dont l’hilarante autobiographie Provocation, bientôt suivie d'un deuxième ouvrage en français, si l'on en croit les bruits de couloirs.

Mais en attendant, sortez les cha cha heels qu’on vous a offert pour Noël et vos bombes de hair-spray, John Waters sera à l’honneur dans l’ancienne capitale des Gaules les 11 et 12 mars prochains. Au programme des festivités : feux d’artifices et lâcher de ballons à l’effigie de Divine au dessus de la basilique de Fourvière, signe de départ du cortège de drags, bears, freaks et autres garçons coiffeurs à la tête duquel, John Waters (dans la même Cadillac Eldorado rouge décapotable 1959 dans laquelle les Dreamlanders furent arrêtés pour attentat à la pudeur lors du tournage de Mondo Trasho en 1969) saluera la foule en folie en distribuant sacs à vomi dédicacés, escorté de dykes on bikes au look rockabilly, flanquées de déesses lipstick délurées aux frocs moulants et casques de cheveux imperturbables [01], suivis d’une deuxième voiture où le sosie de Divine en tailleur rose jouera encore et encore la même scène de parodie de l’assassinat de JFK de Eat Your Make Up (on ignore encore qui jouera Kennedy).

La Halle Bocuse, elle, revisitera les célèbres recettes de merde de chien et de rat rôti tandis que les mairies d’arrondissements s’ouvriront exceptionnellement aux réunions d’alcooliques anonymes, aux colloques de fétichistes des pieds ou s’improviseront cliniques d’avortement clandestines (voir le programme). [02] Il est à noter que la métropole de Lyon rétablira pour cette occasion la peine de mort et qu’une chaise électrique sera placée place Bellecour pour l’exécution de toute personne affublée de chaussures blanches (interdites après le Labor Day, soit le 7 septembre) [03] ou pour quiconque voulant mourir pour l’art. André Téchiné sera le second invité d’honneur de cette édition anniversaire, mais suite aux menaces d’enlèvement proférées par un groupe de cinéastes underground anarchiste local, sa muse Catherine Deneuve ne sera malheureusement pas des nôtres. [04]


Propos recueillis par Ira Benfatto.

[01] Cry Baby, mercredi 11 mars à 20:30
[02] Polyester, mercredi 11 mars à 18:30
[03] Serial Mum, en cloture le Jeudi 12 mars à 20:45
[04] Cecil B. Demented, jeudi 12 mars à 16:00





Écrans Mixtes s’apprête à célébrer son dixième anniversaire. À la lecture des différents articles de presse qui vous ont été consacrés au fil des ans, les termes « petite association à un salarié » et « petit budget » sont récurrents. Et pourtant, l’année dernière, votre invité d’honneur n’était autre que l’immense James Ivory et votre fréquentation a doublé par rapport à l’année précédente. Et cette année vous n’avez pas un, mais deux invités de marque : André Téchiné et l’inclassable John Waters ! Peux-tu nous raconter la genèse de ce festival, la passion nécessaire et les combats qu’il a fallu mener pour le maintenir et le faire grandir dans une ville telle que Lyon ?

Cette année, nous fêterons effectivement la dixième édition du festival Écrans Mixtes. L’association existe, elle, depuis une douzaine d’année et organisait, dans un premier temps, des projections sur les thématiques LGBTQI+ dans la Métropole. Puis, devant l’absence à Lyon, seconde ville de France, d’un festival de cinéma queer tandis que de nombreuses autres villes en étaient pourvues et que le festival parisien existait lui depuis plus de dix ans, l’équipe d’origine a décidé de se lancer.



Dès le départ, elle était composée de cinéphiles désireu.ses de rendre hommage à des réalisateurs et réalisatrices qui, au cours de l’histoire du cinéma, s’étaient emparé.es de thématiques queer lorsque ce n’était pas si simple. Certain.es ont porté à l’écran des histoires donnant de la visibilité aux minorités LGBTQI+ et ont questionné une société patriarcale hétéronormée souvent excluante. D’autres, en rupture avec l’industrie cinématographique dominante, et souvent privé.es de moyens, ont ouvert des voies esthétiques nouvelles, aujourd’hui encore suivies et admirées. 

Dès le début du festival, étaient donc présents l’amour du cinéma et la conscience que cet art peut dévoiler ce que nos sociétés refusent parfois de dire ou de montrer. Le projet était clair, raconter une histoire du cinéma par le prisme des regards queer et rendre ainsi hommage aux cinéastes qui les ont portés en projetant leurs œuvres et en les accueillant durant le festival lorsque cela est possible. Ainsi, quelle émotion de voir Jonathan Caouette ovationné, lors de la projection de Tarnation à l’Institut Lumière !



Cependant, il nous a fallu défendre et expliquer ce projet que certain.es, consciemment ou inconsciemment, auraient préféré cantonner au pire à un petit évènement communautaire, au mieux à un simple outil de lutte contre les discriminations. Nous avions, nous, l’ambition d’un festival de cinéma pour tous.tes avec de nombreuses séances dans toute la Métropole de Lyon et de nombreu.ses invité.es. Ne cachant évidemment pas qu’une telle ouverture sur la cité avait aussi pour objectif de donner de la visibilité et donc, de fait, de lutter contre les discriminations.

Alors, il a fallu faire nos preuves, porté.es par la passion, soutenu.es par les compétences de nos bénévoles. Le soutien de partenaires privés tel que agnès b et l’accompagnement de grands médias tels que Les Cahiers du cinéma a ensuite permis au festival d’obtenir une crédibilité auprès de nos financeurs publiques et d’attirer l’attention d’autres financeurs privés. Aujourd’hui, nous sommes en capacité de faire venir James Ivory des États-Unis, (dont nous avons organisé la première rétrospective en France l’an passé, la seconde ayant lieu à la Cinémathèque française en janvier dernier) ou bien encore, pour cette dixième édition, John Waters qui n’est pas venue en France depuis plus de quinze ans.

N.D.L.R. : nous ne corrigerons pas cette exagération, car toute watersienne.

Nous tenons également à proposer des programmes inédits autour de cinéastes dont nous aimons le travail. Ainsi, en 2016, nous organisions la première rétrospective intégrale des films d’Alain Guiraudie. L’an passé, Marie Losier, que nous admirons, était parmi nous pour présenter son œuvre. Elle avait également signé le trailer du festival et sera cette année l’animatrice de la master class de John Waters. Un moment inédit qui s’annonce assez fou, au vu de leurs personnalités respectives. Enfin, pour cette dixième édition, ce sont les réalisateurs Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard qui verront l’intégralité de l’œuvre projetée, pour la première fois en France. Ils ont, avec un grand enthousiasme et une belle énergie, accepté de réaliser notre bande-annonce.

Comme tu le dis, les mots « petite association à un salarié » et « petit budget » reviennent souvent au sujet d’Écrans Mixtes, même si on salue par ailleurs le professionnalisme et le sérieux du festival. C’est un fait, nous ne pouvons, hélas, à ce jour assurer qu’un seul salaire à mi-temps (celui de notre directeur artistique, Ivan Mitifiot) pour faire exister le festival. Le point positif est que notre budget n’était que de 12 000€, il y a encore quatre ans, et qu’il va cette année franchir le seuil des 50 000€. Ce n’est pas rien, mais finalement assez peu au regard de notre ambitieux projet et de ce qui se fait habituellement pour des festivals de notre envergure (55 séances, 25 lieux sur toute la Métropole et de grands invités internationaux). Après tout, le festival portugais Queer Lisboa, dont nous respectons énormément le travail, engage bien plusieurs salarié.es permanents et a un budget bien supérieur au nôtre. Pourquoi pas un festival sur les thématiques queer d’une telle envergure en France ? Nous y travaillons.



© Greg Gorman

Vos premières éditions étaient placées sous l’égide de francs-tireurs tels que Bruce Labruce, Jonathan Caouette ou Joao Pedro Rodriguez. La neuvième année mettait à l’honneur James Ivory, légendaire cinéaste plébiscité par la profession comme par le public, et ce bien au-delà de la sphère queer. Ce même grand-écart s’inscrit au sein de cette dixième édition avec Téchiné, le réalisateur aux multiples récompenses, et Waters, qui bien que culte restera toujours l’image même de l’underground. Était-il important pour ce premier anniversaire à décimale de renouer avec les marges ? Comment avez-vous réussi à obtenir le Pape du Trash ? Et n’avez-vous pas peur de déclencher une hystérie dans la ville à sa venue ? (sourire)

Effectivement le terme « queer » est le plus souvent rattaché à des cinéastes undergrounds tourné.es vers des esthétiques singulières. Évidemment, nous admirons ces artistes, de Kenneth Anger à Barbara Hammer en passant par James Bidgood ou Monika Treut. Mais plus généralement, il nous semble important de valoriser et de remettre en perspective dans l’histoire du cinéma, l’ensemble des cinéastes qui ont abordé les thématiques queer. Quand James Ivory réalise Maurice en 1987, film qui se termine par une passion amoureuse assouvie entre deux jeunes hommes de catégories sociales différentes, deux tabous sont ainsi dépassés et même si c’est dans son style très classique, Ivory, laboure à une époque encore très fermée, les champs du possible. Ainsi, pour travailler sur les thématiques queer, le grand écart entre James Ivory et Marie Losier, ou bien cette année entre André Téchiné et John Waters, nous parait nécessaire et nous plaît beaucoup.

Pour répondre à la première question, il me semble que nous n’avons jamais renoncé à la marge et même si les « grands noms » paraissent donner une identité plus mainstream au festival, nous n’avons jamais cessé de programmer des cinéastes plus en marge, la présence de Marie Losier et des cinéastes du Novo Queer Cinéma brésilien, l’an passé, en atteste. De la même manière, c’est une fierté pour nous de maintenir le grand écart entre une projection à l’Institut Lumière de L’Année des treize lunes de Fassbinder, en présence de João Pedro Rodrigues, et d’une séance de courts métrages plus expérimentaux de Jonathan Caouette au Lavoir Public.

Pour cette dixième, il n’était donc pas question de retour à la marge, mais plutôt de choix symbolique. Et la présence de John Waters nous est assez rapidement apparue comme indispensable, tant il représente à lui seul un grand pan de la culture queer (de par ses choix esthétiques, de par sa complicité avec Divine, etc.). Nous l’avions approché, il y a deux ans, pour lui manifester notre admiration et lui signifier notre volonté de l’avoir à Lyon. La dimension à laquelle accède désormais Écrans Mixtes a permis de rendre la chose possible cette année. Nous en sommes très heureu.ses.

L’hystérie dont tu parles a déjà commencé ! Nous n’avons jamais été autant sollicités par le public et par la presse nationale. Tout le monde veut le voir, l’interviewer et savoir quand les évènements en sa présence auront lieu. Cela nous a permis de mesurer à quel point le culte autour du réalisateur de Baltimore est encore très présent. Imaginez donc l’hystérie qui va régner à Lyon lorsqu’il sera présent à la grande dégustation de crotte de chien qui se tiendra place Bellecour ou au lâcher de ballon « Divine » du haut de la Colline de Fourvière.

À l’heure où la question de la parité dans les festivals de cinéma est de toutes les parutions, je dois saluer votre quasi 50/50. J’ai compté : vous êtes à seize femmes contre dix-huit hommes pour les longs-métrages, et sept femmes contre neuf hommes pour les courts. Ce léger écart est amplement comblé par la programmation qui compte un focus sur les femmes de cinéma (comprenant entre autres Be Natural, le documentaire de Pamela B. Green sur Alice Guy-Blaché qui réécrit la genèse du cinéma au féminin, un film culte sorti en 1980 de Marie-Claude Treilhou des bars à filles aux bars de filles, et une soirée dédiée à la réalisatrice de documentaires engagés Carole Roussopoulos), un hommage à Barbara Hammer, disparue l’année dernière, et même un documentaire sur le clitoris. Avez-vous vécu cela comme une contrainte ? (sourire)

Ta question, même si elle est ironique, est très intéressante. Nous nous la posons chaque année, pas en terme de contraintes ou de quota en amont, mais plutôt pour valider nos intuitions de programmation : la diversité des regards est-elle présente ? Et nous constatons que oui ! Certaines années, nous avons même constaté qu’il y avait plus de réalisatrices que de réalisateurs au programme. Tant mieux ! Cela s’explique surement par le fait que les réalisatrices ont une sensibilité et un regard plus porté sur les thématiques qui nous intéressent, y compris le féminisme bien sûr. Autre explication possible, plus négative celle-ci, est que l’accès à la réalisation de films de fiction produit par l’industrie du cinéma est très compliqué pour les femmes. On retrouve donc ces réalisatrices plutôt sur le terrain du documentaire ou du film expérimental, qui est un terrain que nous couvrons largement puisqu’il constitue l’une des bases de notre programmation (séance documentaire gratuite en bibliothèques municipales). Je trouve donc dommage que l’industrie du cinéma soit encore si frileuse et que le pourcentage de films réalisés par des femmes reste si bas.



Côté programmation, cette année, nous serons les premier.es à rendre un grand hommage à la réalisatrice américaine Barbara Hammer disparue l’an passé. Un regret toutefois, nous aurions tellement aimé pouvoir l’accueillir à l’avenir. La présence cette année de Nicole Fernandez Ferrer, déléguée générale du centre audiovisuel Simone de Beauvoir, pour parler de Carole Roussopoulos sera un des temps forts de cette édition. De même que la présence de Marie-Claude Treillhou pour présenter son incroyable Simone Barbès ou la vertu. Un ensemble d’œuvres qui montre que le cinéma ne gagne rien à la domination masculine.

Il faut également signaler que le festival est organisé, depuis sa création, autour de la journée du 8 mars. C’est bien sûr symbolique, nous avons conscience que rien ne se joue en une journée et qu’un travail plus profond doit être fait sur la longueur par l’ensemble du secteur du cinéma.

Autant la question de l’homosexualité est devenue presque mainstream, au petit comme au grand écran, autant celle de la transidentité et les réals trans restent, rares exceptions mises à part, largement confinés aux seuls festivals LGBTQI+. Avec votre carte blanche à Océan, puis le film d’Isabel Sandoval, deux courts et un documentaire, vous faites la part belle à ce « T » trop longtemps exclu de la communauté gay elle-même. Pourquoi est-il important de montrer ce cinéma et quel est-il ?

Ta question est très pertinente et elle nous préoccupe. Sur la visibilité des personnes transgenres nous traversons une époque charnière, comme l’ont été les années 1990 pour la visibilité des gays et des lesbiennes. Jusqu’à très récemment cette visibilité avait souvent tendance à se cantonner à « ce douloureux problème ».

Aujourd’hui, des réalisateurs comme Océan déplacent la discussion, et bousculent avec humour et légèreté les préjugés. Je pense que cela n’a pas de prix pour les jeunes personnes trans qui découvrent ces œuvres, mais c’est aussi d’une extrême richesse pour chacun.e d’entre nous. Ce qui nous parait important, c’est que de plus en plus de personnes transgenres ont accès à la réalisation même si ce n’est hélas pas encore suffisant. Cela présage d’une plus grande visibilité et surtout d’une justesse des représentations accrue. De nouveaux regards queer sur le monde !

Je pense donc que les nouveaux courants esthétiques sont à chercher du côté de ces réalisateurs et réalisatrices transgenres.

Je profite par ailleurs de ta question pour rendre hommage et évoquer avec émotion Coby, ce jeune homme dont la force et la sagesse au cours de sa transition nous avaient tant touché.es. Il nous a quittés il y a tout juste cinq mois.

N.D.L.R. : Jacob Hunt, dit « Coby », était le personnage principal du documentaire éponyme de Christian Sonderegger, sorti en 2017.

Enfin, tu as raison de signaler la présence de la réalisatrice trans Isabel Sandoval, qui arrivera de Los Angeles pour nous présenter en avant-première son très sensible Brooklyn secret. Nous sommes très fièr.es de l’accueillir à Lyon. Cela devrait être un des très beaux moments de cette dixième édition.



N.D.L.R. : À noter aussi la projection le 8 mars du documentaire Call Her Ganda de PJ Raval, dont vous aviez déjà entendu parler dans nos pages, puisqu’il n’est autre que le collaborateur et réalisateur attitré des clips de Christeene Vale.

J’applaudis l’initiative des séances scolaires en partenariat avec SOS Homophobie. Vous présentez, aux élèves de la 4ème à la terminale, trois films : Océan, le documentaire d’Océan relatant les différentes étapes de sa transition, une histoire d’amour entre femmes au Kenya dans Rafiki de Wanuri Kahiu, et enfin Beautiful Thing d’Hettie MacDonald, un film de 1996 qui, justement, n’est pas étranger à l’abrogation en Angleterre l’année suivante de la Section 28 interdisant « la promotion dans toute école publique de l’acceptation de l’homosexualité en tant que prétendue relation familiale ». N’est-ce pas là la mission ultime d’un festival tel que le votre ?

Merci ! Effectivement si il y a un point sur lequel nous pouvons avoir un rôle moteur en terme de lutte contre les discriminations, c’est bien celui-ci. Un grand nombre d’entre nous a expérimenté les bouleversements personnels que pouvaient entrainer la découverte des autres voies possibles, hors de celles tracées par une société majoritairement cisgenre, hétérosexuelle et blanche.

La question des séances scolaires est donc pour nous très importante. Depuis trois ans, chaque année nous augmentons le nombre de séances et le nombre de lycéen.nes en salle. Cela grâce à l’aide de nos salles partenaires (Le Comoedia, Les Alizés, Les Amphis à ce jour) et à l’accompagnement bénévole de l’association SOS Homophobie.



Pour revenir à ta question précédente, nous découvrons cette année que les questions de transidentité restent encore sensibles. En effet, lorsque le très beau mais désormais très mainstream Beautiful Thing est proposé aux enseignants pour leurs élèves, il trouve un écho fort. Bien entendu, lors de sa sortie dans les années 1990, cela n’aurait pas été envisageable. Par contre, lorsque nous proposons une séance du documentaire Océan en présence du réalisateur, les choses se compliquent et des forces de résistance, même invisibles, se mettent à l’œuvre. Il va falloir faire preuve de volonté et de patience pour faire tomber cette nouvelle barrière.

Dans ton édito au programme de cette année, j’ai beaucoup aimé quand tu parlais de votre double objectif de mémoire et de questionnement du présent, des expérimentations et autres recherches artistiques qui construisent demain. Quelle place a cette prospection du futur dans la présente édition ? Et quel avenir souhaites-tu à Écrans Mixtes ?

Dans cet édito, je fais le constat que l’ADN du festival est fortement ancré dans l’histoire du cinéma et qu’Écrans Mixtes est désormais reconnu comme une référence, pour ce qui est de la mise en valeur de notre héritage cinématographique au travers des regards queer. Il nous faut consolider cette position, mais la venue de Panos Koutras, d’Alain Guiraudie, de Bruce La Bruce, de Monika Treut, de João Pedro Rodrigues, de Marie Losier, de Jonathan Caouette, de James Ivory et cette année de John Waters et d’André Téchiné nous permet d’envisager sereinement les prochaines éditions. Nous rêvons à de grands noms de réalisateurs et de réalisatrices pour l’avenir.

Si nous devions nous lancer un défi pour faire encore grandir le festival, il serait du côté du cinéma de demain et des différentes formes expérimentales qu’il pourrait prendre. C’est à l’état de réflexion actuellement, mais pourquoi pas imaginer une section spéciale à cet effet. Quant à la trace de cette volonté dans la présente édition, je dirais qu’elle est vraiment à l’état d’embryon. On la trouve probablement dans certains courts métrages de notre sélection. Le court métrage étant encore le domaine où des risques peuvent être pris en termes de fréquentation et de recettes. En tant que festival qui a des comptes à rendre à ses salles partenaires, nous sommes forcément confrontés à la réalité des chiffres. Combien d’entrées ? Combien de recettes ? L’idéal serait de pouvoir louer un lieu de diffusion dans lequel la programmation n’aurait rien à voir avec la question des chiffres mais plutôt avec l’essai, la recherche. À suivre donc.



Quant à l’avenir d’Écrans Mixtes, je ne suis pas du tout inquiet. C’est désormais un des évènements culturels attendu et suivi sur la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui commence même à trouver un écho dans la presse nationale. Pas mal pour un petit festival municipal destiné à la seule communauté LGBTQI+ ! Plus sérieusement, Écrans Mixtes est devenu bien plus grand que la somme des volontés et des énergies qui l’ont fait exister lors de ces dix premières éditions. Ce que chacun.e a apporté, fait fructifier de manière très significative. Cela nous dépasse désormais et c’est tant mieux ! A nous de stabiliser l’existence du festival grâce au développement de ses moyens afin de continuer très humblement dans cette direction.



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Titre : OLIVIER LECULIER « ÉCRANS MIXTES 2020 »
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Du 04 au 12 mars prochain se déroulera à Lyon et dans sa métropole la dixième édition du festival de cinéma « queer » Écrans Mixtes. L’occasion pour nous de revenir avec son président, Olivier Leculier, sur leur programme foisonnant, mais aussi sur la genèse et le futur du festival, les dernières frontières à abattre en terme de discrimination et, bien sûr, leurs prestigieux invités d’honneur qui ne sont autres, cette année, qu’André Téchiné et John Waters !

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