EMMANUEL & JOEL HUBAUT « TETINES NOIRES, PEST MODERN & AUTRES AVENTURES »


Enregistrement : 27/12/2020

Entretien croisé avec deux artistes et originaux bien connus des amateurs de bizarreries, Emmanuel et Joël Hubaut, fils et père, à l’occasion de la sortie d’Anthomologies (1981-1997). Anthologie donc enthomologique des Tétines Noires, groupe aussi indéfinissable que culte qui aura sévi durant les décennies 1980 et 1990, avant de se reformer en 2018.

Anthomologies (1981-1997), un coffret de quatre disques qui réunit la discographie complète des Tétines Noires, soit trois albums complets et un disque de de bonus pour un total pléthorique de 90 titres, agrémentés de nombreux documents.

Et à cette occasion, une interview bicéphale qui fait office de rattrapage d'un précédent rendez-vous manqué lors de la sortie de Rock 'n' Roll Station en 2018, premier opus de Pest Modern, projet atypique et familial.


Propos recueillis par Laurent Courau. Photographies des Tétines Noires, de scène et de famille par Joël Hubaut, Marie-Hélène Frigout, Pascal Victor, Vincent Romeder, Laurent Theillet, Luc Quelin, Brice Bourgois, Stéphane Alfonsi, Mattias Launois, Élodie Lesourd, Karim Gabou et Amélie Hubaut.




Qu’est-ce qui a motivé la reformation des Tétines Noires, suivie de la sortie de cette anthologie « anthomologique » en ce début d’hiver 2020 ? Hasard du calendrier ? On ne peut s’empêcher de noter un parallèle intéressant entre votre production artistique et l’ambiance, aussi sombre que grinçante, de la période que nous traversons… (sourire)

Emmanuel Hubaut : Effectivement, j’ai l’impression que notre production passée entre assez bien en résonance avec la période actuelle. Et qu’elle n’a rien perdu de sa pertinence dans un monde de plus en plus controlé, uniformisé, aseptisé, en pleine crise existentielle. Les thèmes apocalyptiques de notre dernier album 12 Têtes Mortes, sorti en 1995, se trouvent assez en adéquation avec certaines probabilités d’un futur proche… mais c’est un pur hasard de calendrier. (sourire)

De manière bien plus triviale, c’est en fait le projet de réédition de nos anciens albums qui a provoqué le déclic de réformation des Tétines Noires pour une série de concerts. Depuis une dizaine d’années, les labels Manic Depression et Infrastition me proposaient de ressortir nos disques qui n’étaient plus disponible. J’aimais bien l’idée mais je voulais y ajouter d’autres enregistrements inédits, des lives, afin de proposer quelque chose de nouveau et de plus complet sur le groupe. Je savais que cela allait être un gros travail pour récupérer les archives, les digitaliser, les sélectionner, les remastériser et je ne trouvais pas le temps pour m’y consacrer.


Les Tétines Noires (1982) © Joël Hubaut

Les choses se sont accélérées, il y a trois ans, lorsque j’ai retrouvé Goliam après un concert de Dead Sexy à Lille. Nous avions du nous voir trois ou quatre fois, rapidement, depuis l’arrêt du groupe en 1997. On était super content de se voir, on a bu des verres. Et dans l’euphorie, je lui ai parlé de cette idée de réédition et lui ai proposé que l’on se reforme pour célébrer cela par des concerts. C’est sorti de nulle part, sans préméditation. Il y des des signes, des hasards ou des opportunités dans la vie, qu’il faut savoir saisir sans hésitation. À partir de là, tout s’est enclenché de manière assez naturelle. Ayant eu vent de ce projet de réformation, d’anciens membres du groupe nous ont contactés pour nous dire qu’ils étaient partant, pareil pour l’artiste Made In Eric, notre pied de micro humain.

Il ne me restait plus qu’à faire le coffret. Ce qui a finalement pris bien plus de temps que de remonter le groupe. Nous avons recommencé les concerts au printemps 2018 en France et en Europe, et génial le public a été au rendez vous. Deux dates sold-out à Paris, avec avec un mélange d’anciens fans et des personnes plus jeunes qui nous voyaient pour la première fois, et une troisième à l’affiche avec The Young Gods. Analog Anthomologies, version vinyl contenant juste 13 titres est sorti l’année dernière chez Icy Cold records, et le coffret 4 Cds Anthomologies 1981-1997, ce mois-ci. Il contient nos trois albums et de nombreux autres enregistrements. Quatre-vingt-dix tracks au total, accompagnés d’un livret de 36 pages et en parallèle de la mise en ligne en téléchargement gratuit de nos archives visuelles sur Anthomologies.org.


© Joël Hubaut

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, ton père est l’artiste Joël Hubaut, fameux pour son « mixage hybride et monstrueux qu'il qualifie avec humour de Pest-Moderne ». Connaissant son intérêt pour un certain rock ’n’ roll déglingué et décalé, serait-ce lui qui t’aurait motivé - directement ou indirectement - à jouer de la musique, dès ton plus jeune âge ?

Emmanuel Hubaut : En effet, je crois qu’il a une grande de responsabilité dans toute cela. (sourire) J’ai baigné depuis tout petit dans son univers, qui mêle art plastique, musique et performance. Quand je devais avoir quatre ou cinq ans, je pense, ma Mère travaillait. Il m’emmenait chaque jour aux répétitions d’un spectacle intitulé La Bête de Zorglub, créé avec son ami Jacques Luley et dans lequel il hurlait des borborismes dans un « parc à bébé » ! Du proto-Tétines Noires. (sourire)

On fera d’ailleurs tous ensemble le morceau Epidemik Pakotill, sur notre deuxième album en 1991. La musique de Jacques Luley m’a aussi beaucoup influencé et je lui rends un petit hommage en ouverture du quatrième CD d’Anthomologies avec le morceau Gengis Jako. Sinon, mon Père a toujours intégré sa vie et sa famille à son travail un peu comme dans la devise de Filliou : « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».

Nous participions donc à ses performances, à ses expositions et il nous piquait nos jouets pour ses installations. Ahahah ! On a grandi en écoutant Zappa, Soft Machine, Gong, Alice Cooper, Captain Beefheart, La Monte Young… toutes ces choses ont ressurgi un peu plus tard dans mes goûts et dans mes influences, mais petit j’étais déjà à fond sur le rock ’n’ roll des années 50 et Ennio Morricone, j’adorais les westerns. Je rêvais déjà de jouer de la guitare électrique. On a d’abord monté vers neuf ou dix ans un groupe de playback, comme le font les enfants sur des guitares découpées dans du contre-plaqué par mon Père. Puis à onze ans, mes parents m’ont offert pour Noël ma première guitare électrique, sur laquelle mon Père m’a appris les accords.


Les Tétines Noires (1983) © Joël Hubaut

Il m’a aussi ramené de Londres le 45 tours des Sex Pistols My Way/No One is Innocent qui a été un choc. J’ai adoré et j’ai basculé du rock 50’s au punk, c’était hyper facile avec la bande-son du film The Great Rock’n Roll Swindle et toutes ses covers géniales, cette même énergie simple, des morceaux courts avec trois accords, mais avec en plus l’excitation que cela se passait dans l’instant. Et les looks étaient géniaux ! Fascinants ! Au collège, on a décidé de monter un groupe avec un ami dont la soeur habitait à Paris et traînait avec la scène punk. Elle lui ramenait les disques de Métal Urbain, Edith Nylon, Ici Paris et Oberkampf.

Il a trouvé le nom des Tétines Noires, en dérision par rapport à notre jeune âge. Quelque mois plus tard, on a fait notre premier concert à Pali Kao à Paris avec le groupe Déficit des Années Antérieures. Et un mois plus tard, toujours avec Déficit des Années Antérieures dans le lieu alternatif d’expositions, de performances et de concerts qu’avait ouvert mon père à Caen. On ne savait pas vraiment jouer au départ, mais c’était pas le propos, plutôt un collage de sons et d’idées visuelles. Mon Père avait aussi à cette période son propre groupe, New Mixage, et nous avons souvent joué avec eux.


Pest Modern « Rock 'n' Roll Station » (2018) © Joël Hubaut

Profitons de l’occasion pour revenir sur votre projet commun, Pest Modern. Qu’est-ce qui vous avait motivé ? Vous vous êtes réveillés un matin en vous disant que ce serait chouette de faire du rock ’n’ roll électronique, hanté et déglingué en famille ? (sourire)

Emmanuel Hubaut : Cela faisait un moment que nous n’avions pas fait de choses ensemble et cela me manquait. Par le passé, c’était plutôt l’un qui invitait l’autre à collaborer sur son projet. Comme j’expliquais avant, j’ai participé à certaines de ses performances et de ses expositions. Mon premier enregistrement, c’était pour le 45 tours >Bacterial Voice Epidemia avec mon Père et le groupe Déficit des Années Antérieures, sorti en 1980.

De son côté, mon Père a fait les pochettes des albums des Tétines Noires, a chanté sur notre deuxième album, a réalisé des pièces pour des installations et des affiches. Mais cette fois-ci, c’est un projet spécifique ensemble. L’idée est venu du morceau Rock ’n’ Roll Station de Jack Berrocal et de Vince Taylor. Morceau génial, avec une musique post-proto-punk-indus-jazz-wave… avec des paroles complètement barrées, qui m’ont fait penser à une peinture et lecture de mon Père. Je lui ai proposé de faire une reprise de ce morceau, puis on a décidé de faire un deuxième morceau pour les sortir en 45 tours.

En studio, on a enregistré des improvisations de mon Père. On s’est retrouvé avec plein de bon matériel que j’ai retravaillé et le 45 tours s’est transformé en un album ! Le tout navigue en eau trouble, entre influences 50’s, garage rock, electro punk, suicide et poésie sonore. C’est drôle, car pas longtemps après, on a partagé l’affiche avec Jack Berrocal, Christophe, Pascal Comelade et Pedro Penas Robles pour une soirée en hommage à Alan Vega, organisée par sa femme Elizabeth Lamere et Marc Hurtado à Paris. Depuis, nous avons intégré pour la scène El Tiger Comics Group aux synthès modulaires et nous commençons à travailler sur un deuxième album.


Pest Modern (2019) © Véro Puce

Joël Hubaut : En ce qui me concerne, c’est d’abord pour cette joie et pour cet enthousiasme de recevoir une telle proposition de mon fils Emmanuel. J’ai trouvé l’idée opportune et « contextuellement » d’appoint dans la mélasse environnante. J’ai trouvé génial de pointer ce « tout est possible » du fabuleux Rock ’n’ Roll Station de Vince Taylor ré-activé par Jack Berrocal, deux magnifiques comètes furieuses d’amour et de rébellion. Dans la situation générale actuelle, c’était la bonne trouvaille pour tenter un raccord total fulgurant entre nous. En tirant sur la bobine, tout était en bonne percolation pour projeter notre mix, pourtant maintes fois déjà engagé.

Mais là, soudain, tout devenait plus idéalement limpide, ha ha ha ha, je veux dire plus richement brouillé, ha ha ha, c’était en tout cas hyper cohérent de pouvoir partager nos ondes frémissantes et de fusionner cette osmose frénétique au deuxième degré, avec l’univers singulier d’Emmanuel, combiné entre Artaud et ma langue « épidémik pest modern ». Voilà un exemple évidement de ce qu’on pourrait vanter comme action intergénérationnelle, à savoir la transmission et l’échange d’expériences et de savoirs entre des personnes d’âges différents, ha ha ha ha ha ha ha ha ! Pour faire très vite, c’est tellement plus simple et plus complexe, bien sûr… ha ha ha !

Et cette attitude «  intergénérationnelle  », pour casser définitivement le plan à la rêve américain du rock primaire, c’est pas du tout un truc de bourrin de cow-boy, mais bien vraiment une sagesse d’indien (d’amérindien ), on dit. Il est bon de le rappeler aujourd’hui dans cette décrépitude mondiale !


Les Tétines Noires (2019) © Underwill Mouque

À la fin des années 1980, le groupe OTH déclarait que « le rock ’n’ roll était la dernière aventure du monde civilisé ». Est-ce que ça vous semble toujours d’actualité ?

Emmanuel Hubaut : Tout dépend de ce que l’on projette exactement dans ce mot de rock ’n’ roll. Le rock ’n’ roll est mort de nombreuses fois et depuis fort longtemps. Il est devenu un qualificatif du langage courant pour définir un peu tout et n’importe quoi… usé jusque la moelle, sous toutes les formes par les publicitaires et les communicants.

J’ai l’impression que la musique a perdu ces dernières années sa dimension de contre-culture pour les nouvelles générations, en grande partie. Elle n’est plus la fédératrice d’une attitude, d’une tribu comme jusqu’à la fin des années 1990. Elle est passée au second rang, elle est là pour illustrer les jeux vidéos, les séries, les applications pour media sociaux. Elle est vidée de sa substance pour n’être plus que le produit d’emballage du divertissement.

Il reste à inventer de nouvelles voies, de nouveaux langages pour résister et échapper à cette mise au pas général. C’est peut être une question de cycle. Je crois toujours au pouvoir intrinsèque et magique des sons, de la musique sur l’être humain, à la pop culture. En l’état actuel, un peu moins. (sourire) Mais ça n’en est pas moins excitant, le futur est à réinventer d’une certaine manière et de façon plutôt urgente. (sourire)


Flyer Rock Vidéo (1983)

Joël Hubaut : Je n’sais pas trop ce que veut dire le monde civilisé dont parle OTH ? Si le groupe parle du rock comme d’un aboutissement, c’est vraiment stupide. En tout cas, il faudrait de nouveau un concert pirate d’OTH et d’extrême urgence *. Et cette fois devant la mairie de Montpellier, pour MOQUER ce capo de maire socialiste actuel qui est en train de saccager le MOCO, ce très beau projet de Nicolas Bourriaud en cours depuis trois ans. Ce petit soldat réac’ de maire socialiste voudrait rétablir les simagrées populistes d’un socio-égalitarisme de médiocrité à tout crin en voulant remplacer les expériences de l’art contemporain, trop élitiste pour lui, par des travaux d’épigones médiocres de proximité et faire aussi la place belle pour des saloperies convenues de street art, ce virus affligeant d’une rare banalité normative qui nous envahit depuis des années ! Qu’ils restent dans la rue les street-artistes !

* Le groupe OTH avait fait un concert pirate de protestation devant la préfecture de Montpellier dans les années 1980.

Mon point de vue est relatif en permanence puisque tout est toujours mouvant et rien n’est jamais certain. Il m’arrive parfois d’ailleurs de trouver sublime un graffiti dans la rue. Il y’a des exceptions évidement ! Ha ha ha ha ! Pour un monde civilisé, je me garderai d’affirmer quoique ce soit et surtout de définir des points ultimes de l’histoire comme définitifs, tellement l’histoire est rhizomée, croisée, superposée, accumulées, transhistorique. Et puis je combats toutes les idées exclusives et saucissonnées, tout ce qui cloisonne, tout ce qui sépare, tout ce qui trace une vérité établie. Je lutte contre cette forme de ségrégation intégriste permanente.

Alors le rock et ses puristes, je trouve çà pathétique ! Je suis évidement pour l’impur et l’infect. L’esprit « rock ’n’ roll », je l’entends comme cela, comme un chahut vital, primordial, un inassouvissement permanent, une passion furieuse du mouvement mouvementé, une dérive de pensées libres indéfinies, versatiles, contradictoires, avec des états d’exceptions impromptus, déréglés, improbables. L’esprit « rock ’n’ roll » n’a rien à voir pour moi avec le cliché archétypé des paillettes gominées et de la guitare électrique. L’esprit « rock ’n’ roll », c’est le désordre envisagé comme équilibre mental, l’insoumission adaptable à chaque épreuve. Je suis pour l’impureté et le désordre poétique absolu, c’est à dire contre l’ordre totalisant.


Idiotisme Epidemik © Joël Hubaut (2017)

L’esprit « rock ’n’ roll », je l’entends comme étant une pulsion contre l’ordre. Je suis pour un désordre vital poétique, c’est à dire que je suis pour une contamination qui affecte la contamination. Je suis contre l’ordre de l’ordre. L’esprit « rock ’n’ roll », dont j’évoque le choc quotidien renouvelable, est une manière de lutter contre tout embrigadement, dont celui justement du rock et tout cet arsenal de postures surfaites. Ha ha ha ha ! Mais quel est ce monde civilisé qui nous parvient des USA avec son rock de masse domestique lobotomisé dans les ultra-riffs d’une hyper consommation à outrance et dont un des derniers tubes pourrait être le Black Friday de la connerie universelle de toute la beauferie planétaire avant le prochain track-vaccin de Trump  en distorsion ?

Hiouppie le rock ’n’ roll  ! Ha ha ha ha ! Non ! Moi, je parle de l’esprit rock hors-horaire, hors-frontière, hors-État. Je veux dire cet esprit sismique et tellurique de la tension, du battement du coeur au repos comme en course vive, cet esprit permanent de la fureur de vivre de tous les âges, de la préhistoire à nos jours. C’est cet esprit, justement INTERGENERATIONNEL, qui nous projette, chacun de nous, singulièrement comme le fractal d’une constellation en boucle perpétuelle. Oui ! Nous sommes affiliés à une flaque mouvante permanente qui s’auto-recycle. Nous appartenons-à cette maxi méta-famille toujours en éveil pour l’émerveillement autant que pour l’indignation et la révolte. Et c’est cela pour moi l’esprit « rock ».

Nous ne sommes, chacun de nous, que les fragments d’une lignée directe ou collatérale, en lien psychique chamanique avec toutes les aventures permanentes des siècles passés et à venir. Les plus proches flaques étant, parmi bien d’autres, les incohérents, Dada, le lettrisme-situationnisme, le Bauhaus imaginatif, Fluxus, la Beat Generation, les beatniks, les punks, puis tous les rocks post-rock, post technoïdes, post post... jusqu’aux a-rocks mutants quantiques des multivers... si je puis dire… Ha ha ha ha  ! Il n’y a pas de dates de péremption. C’est cosmique ! C’est rock and roll ! Hiouppie  ! (Répondu en écoutant l’album l-ov-E  / l-if-E (A tribute to Genesis Breyer P. Orridge, auquel Emmanuel à participé activement.


Les Tétines Noires (2018) © Stéphane Burlot

En parallèle de cette réformation des Tétines Noires, tu me disais récemment au téléphone que l’aventure de Dead Sexy Inc. se poursuit. Quelle est l’actualité de votre trio depuis les remises par Dukes of Paris au printemps dernier ?

Emmanuel Hubaut : Oui, nous travaillons en ce moment sur deux morceaux, pour un 45 tours qui devrait être prêt pour le tout début de l’année 2021. Malheureusement, on a eu comme toute le monde nos concerts annulés, notamment des dates au Japon avec le groupe Rama Amoeba, avec qui on devait sortir un split-single. On verra si cela pourra se faire.

Question traditionnelle, voire désormais rituelle, pour conclure les entretiens de La Spirale. Comment imagines-tu l'avenir, comment l'imaginez-vous d’un point de vue à la fois personnel et global ? Mais aussi, comment l'espérez-vous ou le souhaitez-vous, histoire d'imprimer une vision sinon plus optimiste, au moins plus constructive du futur ?

Emmanuel Hubaut : En étant un peu réaliste, il est difficile de ne pas voir de nombreux signaux d’alertes au rouge en ce moment et pour un futur proche. Bien plus proche que ce que l’on imaginait, il y a encore peu de temps. Le plus inquiétant est qu’il s’agit de combinaisons de facteurs qui, historiquement, ont mené par le passé de grandes civilisations à leurs chutes.

La différence de taille est que, cette fois-ci, c’est l’ensemble de la planète qui est concerné. Je me suis souvent demandé en regardant en arrière, par exemple les Première et Deuxième Guerres mondiales, comment il était possible que les gens ne se soient pas aperçu, dans leur majorité, de l’arrivée imminente de la catastrophe. L’être humain doit posséder pas mal de gènes commun avec l’autruche. Le dénialisme est en ce moment en plein développement. Refus de la science, fake news, post vérité, le film Idiocracy, pas très bon film d’ailleurs, nous paraissait totalement exagéré, caricatural et pourtant nous n’en sommes plus très loin. Le bateau coule et on continue de jouer du violon sur le pont.

Si c’était avec lucidité et panache encore, mais c’est plutôt cynisme, profit immédiat et aveuglement. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme le disait déjà si bien Pangloss. Enfin, malgré ce constat pas très brillant, j’ai une nature quotidienne plutôt enjoué et optimiste. L’humanité est aussi capable d’innovation, d’adaptation, de resistance, de résilience très importantes, donc je reste positif. Je suis persuadé que nous vivons des moments de transformation incroyables, dont nous ne mesurons pas encore la véritable ampleur.

En tant que fourmi perdu dans l’univers, je reste très curieux et passionné de pouvoir vivre cette aventure. No Future Yes ! Une réponse de Normand, comme dirait mon ami Stephane Hervé. (Sourire)


Affiche du festival Ich Bin Ein Berlinerin (2018)


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