RU SIRIUS « MONDO 2000 : CYBER SEX COMPUTER DRUGS CULTURE »


Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)

Fondateur de l'excellent Mondo 2000, magazine que l'on se procurait à l'époque au Regard Moderne de Jacques Noël, et lui-même propagateur de la « cyber sex computer drugs culture », R.U. Sirius nous a parlé de The Revolution, son parti politique qui associe des idées libérales de gauche à un futurisme post-politique et à l'amour d'une bonne rigolade.

Mais aussi de piratage médiatique, de trips d'acide, de starlettes du porno, de cyberculture, de l'étrangeté californienne, des libertés individuelles et de la cérémonie magique à laquelle George Bush se préparait à participer au sommet de l'une des grandes pyramides égyptiennes, le soir du réveillon de l'an 2000 pour accumuler un maximum de pouvoir.


Propos recueillis par Laurent Courau.



Comment vous présenteriez-vous à quelqu'un qui n'a jamais entendu parler de la Cyber Sex Computer Drugs Culture ?

Voyons voir. J'ai bien une biographie prête à l'emploi sur le disque dur de mon ordinateur mais pour résumer... j'ai lancé Mondo 2000 qui était le mélange de Wired et de Mad Magazine dont aurait rêvé Abbie Hoffman après s'être endormi l'estomac plein de pizza froide.

Quels furent les meilleurs moments de votre long voyage à travers les cultures marginales ?

Les 500 micro grammes (NDLR: on peut supposer qu'il parle d'acide lysergique là) que j'ai pris le jour où John Lennon a été tué. Recevoir une réponse chaleureuse de l'univers ce même jour, tellement chaleureuse même que j'y ai vu que j'arriverai à me sortir des "horribles années 80". Traîner à Hawaï avec Christy Canyon, une star du porno, durant toute une semaine. Faire partie des Yippies à Miami en 1972. Toute la période de Mondo 2000. Prendre de l'ecstasy dans la Tate House (NDLR. La maison où la femme de Polanski fut assassinée par des membres de la secte de Charles Manson) avec Tim Leary à l'époque où Trent Reznor y vivait.

Comment expliquez-vous que la Californie ait été un tel paradis pour les sous-cultures de tous poils durant les quarante dernières années ? Vous avez vous-même grandi dans l'état de New York... Qu'est-ce qui vous a fait partir vers l'ouest ? La vision des poitrines nues des jeunes filles hippies dansant au clair de lune sur le campus de l'université de Berkeley ?

La Californie est un endroit jeune. Tout y est nouveau. Et San Francisco a depuis longtemps la réputation d'être un repaire de bohémien. Cette ville s'est construite grâce à la prostitution.

Le tirage de Mondo 2000 est monté jusqu'à 100 000 copies par numéro. Ca paraît gigantesque pour un magazine aussi spécial. Comment mesurez-vous son influence avec quelques années de recul ?

Je pense que la cyberculture n'aurait jamais pu être aussi branchée qu'elle l'est aujourd'hui sans Mondo 2000. Nous avons aussi influencé bon nombre de magazines, ceci jusqu'à Time Magazine. Ce sont les gens de leur département artistique qui nous l'ont avoué lorsque nous avions conçu leur couverture sur le Cyberpunk en 1993.

La cyberculture de la fin des années 80 était particulièrement influencée par la culture psychédélique. Etiez-vous proche de Timothy Leary et de Terence Mc Kenna à cette époque ?

J'étais ami avec Tim et Terence, sans doute un peu plus proche Tim. Tim contribuait d'ailleurs à Mondo, et j'ai séjourné à plusieurs reprises dans sa maison de Beverly Hills. C'est un bon endroit pour rencontrer tout La, des représentants des sous-cultures les plus dures jusqu'au plus grandes stars.

A ce propos quelle est votre dope préférée en ce moment ?

J'ai un peu levé le pied ces derniers mois. Juste de la Kétamine de temps à autres. En dehors de ça, un peu d'herbe mais même pas tous les jours. Rester clean est finalement assez éclatant lorsque vous avez eu l'habitude d'être tout le temps défoncé. En fait, j'aime bien faire passer l'idée qu'être défoncé n'est intéressant qu'en opposition avec le fait d'être clean.

Vous avez dit lors d'une interview accordée à CTheory que les medias hackers doivent avoir un sacré talent pour le divertissement. Je suis tout à fait d'accord mais que pensez-vous lorsque Warner Bros produit un film comme Matrix qui mélange allègrement l'esthétique punk et gothique, le piratage informatique, les théories conspirationnistes, les luddites et la philosophie bouddhiste entre autres choses. Vous voyez ça comme un signe que la contre-culture a réussi à infecter le divertissement de masse ou plutôt qu'elle s'est plantée et que son potentiel subversif a été récupéré, et donc annihilé, par les méga-corporations de l'industrie du divertissement ?

J'ai plutôt trouvé que c'était un bon film. Pour se replacer dans la contexte original de cette citation, nous parlions de How To Mutate & Take Over the World, le roman que j'ai écrit avec St Jude, un roman dans lequel des hackers sont confrontés à une situation de censure totale. Ils vont donc pirater des chaînes de télévision afin de diffuser leur propre contenu. Maintenant, avec l'équipement informatique, un peu d'habileté et pas mal de boulot, ce devrait être possible de sortir pour quelques milliers de dollars quelque chose d'aussi extraordinaire que Matrix et qui soit plus intelligent au niveau du contenu.

Par dessus tout, je pense qu'il est inévitable que les générations qui se succèdent soient influencées par la contre-culture et que ce soient ensuite les corporations nous la revendent. C'est la raison pour laquelle la révolution culturelle sans contreparties politiques est une impasse. J'apprécierai le produit quel qu'en soit le distributeur mais n'ai pas d'illusions sur l'efficacité de ces idées si elles ne sont pas appliquées de façon à traiter les problèmes que rencontrent les gens dans leur vie de tous les jours.

Vous aviez largement eu l'occasion de faire passer vos idées à travers les différents médias pour lesquels vous avez travaillé, alors pourquoi ce besoin de lancer The Revolution, votre parti politique ?

Exactement pour les raisons que j'ai développé en réponse à votre question précédente. Je pense que The Revolution est vraiment une excellente idée.

Vous dites dans l'introduction du site de The Revolution que vous voulez combiner les idées de gauche et les idées libérales avec un futurisme post-politique et l'amour d'une bonne rigolade. Vous pourriez nous en dire un peu plus sur vos objectifs ?

J'aimerais lancer une organisation politique efficace afin de répandre la notion que l'accroissement des libertés individuelles et le bien-être collectif ne sont pas antinomiques.

Un écrivain américain appelé Virginia Postrel a dit que les nouvelles dichotomies politiques ne sont plus entre la droite et la gauche mais entre le dynamisme et la stagnation. Mais elle se réclamait ouvertement du Libéralisme. Je pense qu'on peut trouver une approche plus humaine et libertaire du dynamisme en intégrant la démocratie et le commun des mortels dans cette dynamique.

Vous avez dit avoir l'étrange désillusion que le seul espoir restant en ce bas-monde est entre les mains des gens qui vivent aux Etats-Unis. Je comprends bien ce que vous voulez dire mais vous croyez vraiment que le peuple américain est prêt se lancer dans des solutions alternatives et à se lancer dans les changements nécessaires pour que ça avance ?

Le "peuple américain" est un drôle de concept. Mais je pense que la portion du peuple américain prête à évoluer est restée silencieuse durant les dernières décennies. Un grand nombre de gens ont tourné le dos à ce qui se passait, ont battu en retraite et la droite a tiré parti de ce vide politique. Maintenant, ça va changer.

Les médias grand-public, ainsi que les productions alternatives, sont plus que contrôlés par l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest. Vous ne pensez pas qu'il serait temps de donner la parole au reste de la planète ?

Ouais, mais ça ne veut pas dire que je vais la fermer.

Qu'avez-vous pensé des manifestations de protestation contre la réunion de l'Organisation Mondiale du Commerce à Seattle ? Est-ce que vous avez le sentiment que ce pourrait être le début d'un nouveau mouvement global ?

J'ai pensé que c'était un bon coup porté à l'hégémonie des multinationales et j'étais désolé d'avoir raté ça. D'un autre côté, si j'étais directement en contact avec ces manifestants, je risquerais de les trouver aussi réactionnaires que le sont les partisans du globalisme institutionnel. Je suis tout sauf un luddite et je considère d'ailleurs les biotechnologies comme un grand espoir pour le futur. Je pense néanmoins que c'est un crime de déposer les droits de la structure génétique humaine (comme ça a déjà été fait), ou dans le cas de Monsanto d'essayer de refiler ses graines Terminator au monde entier. Mais les manifestants ont fait ce qu'il y avait à faire.

Vous pensez toujours que toutes les formes de médias seront censurées dans un futur proche, que le tabac, la fourrure, la réalité virtuelle et les steaks avec des frites seront illégaux ? Etes-vous bien certain que la censure serve les intérêts des multinationales ?

Je pense que ce genre de chose pourrait arriver aux Etats-Unis si la vague actuelle de fusillades aveugles continue. Mais ce n'est pas certain. Le puritanisme serait trop dangereux pour l'économie.

Maintenant que la convergence de la technologie et de la culture fait partie de l'histoire, où voyez-vous les nouveaux et les prochaines évolutions excitantes ?

En dehors d'un lent mouvement en direction d'une politique plus dynamique et plus participative, je pense que la prochaine étape sera la mutation de notre forme physique. Etre capable de faire ce dont nous rêvons avec la matière. Créer une architecture mutante et faire croître de nouvelles extensions à nos corps.

Après avoir participé à High Frontier, Mondo 2000, Boing Boing, Wired et des douzaines d'autres sites web ou magazines, avoir chanté et écrit des paroles pour Mondo Vanilli et écrit plusieurs livres, vous êtes maintenant le rédacteur en chef de Getting It, un webzine consacré aux aspects les plus bizarres et les plus sexys de la culture de masse. Comment faites-vous pour rester motivé après toutes ces années ?

Déjà on me paye un salaire presque décent pour m'occuper de Getting It. Et en plus de ça, c'est franchement marrant. Je me retrouve à gérer quotidiennement les articles les plus étranges qu'il m'ait été donné de lire sur toutes sortes d'activités humaines.

Quels sont vos projets pour le futur en dehors d'avoir un harem et de vous envoyer en l'air avec des adolescentes ? Et que pensez-vous faire pour le réveillon de l'an 2000 ?

Je crois que je vais devoir laisser tomber le sexe avec les adolescentes vu que je vais me marier avec Eve Berni. Sinon pour ce qui est du réveillon, George Bush se prépare à le passer au sommet d'une pyramide en Egypte pour ce qui ne peut être qu'une cérémonie mystique ayant pour but d'accumuler un maximum de pouvoir. Je vais donc ruiner ses projets avec une cérémonie de mon cru encore plus puissante qui utilisera le Koo Koo Kachoo.


Commentaires

Vous devez vous connecter ou devenir membre de La Spirale pour laisser un commentaire sur cet article.

A propos de cet article


Titre : RU SIRIUS « MONDO 2000 : CYBER SEX COMPUTER DRUGS CULTURE »
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : La Spirale.org - 1996-2008
Date de mise en ligne :

Présentation

Fondateur de l'excellent Mondo 2000, magazine que l'on se procurait à l'époque au Regard Moderne de Jacques Noël, et lui-même propagateur de la « cyber sex computer drugs culture », R.U. Sirius nous a parlé de The Revolution, son parti politique qui associe des idées libérales de gauche à un futurisme post-politique et à l'amour d'une bonne rigolade.

Liens extérieurs

Wikipedia.org/wiki/R._U._Sirius
Rusiriusradio.com/
Revolting.com/
Wikipedia.org/wiki/Mondo_2000

Thèmes

Cyberculture
Nouveaux médias
Contre-culture

Mots-clés associés

R.U. Sirius
Mondo 2000
The Revolution
Cyberculture
Contre-culture
Cyberpunk

Contact


Connexion


Inscription
Lettre d'informations


Flux RSS

pub

Image aléatoire

pub


pub

Contenu aléatoire

Texte Video Texte Texte Texte Texte Texte Texte Texte