SOPHIE HAZA & BULLIT BALLABENI : IN MY BRAIN


Enregistrement : 21/12/2010

Studio de tatouage, galerie d'exposition et atelier multi-supports, In My Brain représente parfaitement cette nouvelle génération de lieux qui associent travail, vie, rencontres et création dans un même espace commun. La Spirale a rencontré son fondateur Bullitt Ballabeni et sa compagne Sophie Haza, tous deux artistes, tatoueurs et passionnés par les univers décalés dans lesquels ils gravitent.

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In My Brain
Atelier - Galerie - Tattoo
18, rue de Bonald
69007 Lyon Guillotière

Propos recueillis par Laurent Courau



Pour démarrer, parlons de votre lieu, In My Brain, où nous nous sommes rencontrés... Il s'agit à la fois d'un studio de tatouage, d'une galerie d'exposition et d'un atelier, installés dans le quartier de la Guillotière à Lyon. Un endroit chaleureux où se déroulent à intervalle régulier des vernissages que j'oserais qualifier de « festifs » (sourire). Qu'est-ce qui a inspiré et motivé l'ouverture de cet endroit, d'autant que je crois me souvenir que Bullit gérait déjà un autre studio de tatouage, Arts Métalliques, à Bourg-en-Bresse ?

Bullitt : C'est en revenant d'un voyage au Japon que je me suis tourné vers une formation en piercing. Je sortais d'une longue période où j'enseignais le sport. Je bossais avec mon père depuis quelques mois en ferronnerie d'art, à la Guillotière ; j'ai alors rencontré Johann Clerget, perceur-tatoueur et fondateur du studio Arts Métalliques à Bourg-en-Bresse (Ain) et de Sang en aiguilles, les années ont défilé. Johann m'a formé en piercing puis en tatouage, il est un ami à qui je dois énormément. Nous nous sommes associés il y a maintenant cinq ans passés et nous gérons à deux le studio de Bourg.

Le projet de l'espace « In My Brain » s'est concrétisé avec mon envie d'avoir un atelier dans lequel je pourrais bosser sur des pièces en volume, et le reste s'est fait naturellement : on trouve un local dans un coin qu'on aime, on fait des travaux, et on se dit qu'il est dommage de ne pas avoir un espace « tattoo », et qu'un espace d'exposition a tout à fait sa place dans cet ensemble...

C'est au retour d'un moment passé à Hawaï que j'ai déménagé à In My Brain, j'habitais derrière la boutique, entre l'atelier, le tattoo et les expos. Étant plus souvent à Bourg qu'à Lyon, il était complexe de faire en sorte que le lieu émerge, mais je crois que ça me convenait comme ça. C'était mon laboratoire, j'essayais des trucs, à la croisée de sphères différentes, ce qui m'a amené à laisser le lieu à d'autres personnes qui faisaient de superbes choses : les expos mensuelles sont apparues, avec plus ou moins de succès, et la « famille » s'est agrandie, avec partage, entraide et l'envie commune de créer.

En 2009, Ben (Benjamin Fessetaud, tatoueur et illustrateur) m'a rejoint, ce qui a donné une nouvelle énergie au lieu, une vraie bouffée d'oxygène ; Ben tatouait chez Fabrice (Screaming Needle, Lyon) et tatoue aussi chez BBR (Annecy), il est en fixe à In My Brain. Puis courant 2010, Sophie Haza, ma partenaire de vie, nous a rejoint, illustratrice et tatoueuse, elle a aussi ajouté une nouvelle énergie au total ; elle bossait à Viva Dolor (Lyon) et bosse aussi chez BBR.

Donc, actuellement, nous sommes trois et nous organisons une exposition toutes les six semaines (avec vernissage festif, je confirme !) à partir d'une programmation sur dix mois.

In My Brain défend une certaine idée de la création, dans une veine entre l'art singulier, le street-art et la board culture. Qu'est-ce qui détermine le choix des artistes qui exposent chez vous ? Est-ce qu'on peut parler d'un esprit de famille, d'un réseau ou d'une mouvance ?

Bullitt : Quand on parle d'In My Brain, on ne sait pas si l'on doit dire atelier, galerie, lieu de famille, studio... c'est un peu tout ça à la fois. On n'y vient pas que pour bosser ou que pour se faire tatouer. On y rencontre des gens, on y crée des projets, on y fait des réunions, on visite et on y fait le curieux. C'est en ce sens, en cette pluralité, que nous voyons la vie en ce lieu : de l'urbain avec du street-art (graffitis, pochoirs, fresques, architecture, arts issus de la déambulation, etc.), de la board-culture (customs, pinstripping, etc.), de l'art singulier, In My Brain fait partie des galeries participantes à la Biennale Hors-les-Normes ; mais aussi du travail au support plus académique, photo, peinture, numérique, projection, danse... toujours avec un traité et un thème particulier.

Cette diversité étant à double tranchant, je dois choisir les artistes correspondant ; pour se faire je dispose d'un réseau d'artistes-amis dont j'aime le travail, réseau qui ne cesse de s'étendre, de manière solide ; des vieilles connaissances aux personnes croisées plus récemment, chacun a sa place. Je travaille à flux tendu depuis peu, c'est-à-dire que chaque artiste exposé a sa place d'exposant d'une part de manière individuelle, lié à son travail propre, et d'autre part de manière collective, inclus dans une programmation annuelle et suivant un certain équilibre. Ce schéma de fonctionnement, sorte de jonglerie d'influences, est l'identité même d'In My Brain. Et cela me plaît !

De la même manière, comment définiriez-vous l'esprit de votre salon de tatouage ? Comme Bullitt l'avait souligné lors de notre rencontre, il ne s'agit pas d'un street-shop, d'une boutique ouverte sur la rue où les clients entrent sur un coup de tête en se promenant dans le quartier. Il me semble que l'on vient au contraire chez vous à la recherche d'une atmosphère particulière, avec une idée ou des envies spécifiques...

Bullitt : En ce qui concerne le tattoo, on ne fonctionne pas comme un street-shop, on ne possède aucun book de « tattoo-flash », avec des modèles tout faits « prêt-à-porter » ; on crée des pièces uniques, en fonction de la demande et du dossier de recherche du futur tatoué. Les expériences et capacités de chacun de nous trois nous permettent de ratisser un large éventail de styles ; mais il est vrai que les personnes qui poussent la porte du shop le font le plus souvent en connaissance du style de tattoo qu'on propose sur nos books respectifs... C'est un peu comme un resto, ça fonctionne au bouche-à-oreille et on se refile l'adresse !

Sophie : Après il y a souvent des personnes qui viennent sans culture graphique affirmée, du coup c'est à nous d'aller leur soutirer. C'est intéressant car en réalité tout le monde en a une, ils n'en ont juste pas forcément conscience, du coup on prend toutes les pièces, petites ou grandes, légères ou avec du sens, je ne suis pas juge de bon goût. Chaque personne a son propre vécu avec son tatouage et ça se respecte. A nous d'y trouver un intérêt et de rendre le projet cohérent, construit et esthétique même si des fois c'est difficile, il y a toujours une piste à creuser. Des fois, on ne trouve pas mais ce n'est pas grave. Il y a suffisamment de boutique sur Lyon pour y trouver son compte.

On parle beaucoup d'une nouvelle école du tatouage, plus libre, plus moderne, inspirée par le graphisme des années 90 et 2000, une mouvance à laquelle on pourrait associer Yann Black, Kostek et Jeff de la Boucherie Moderne à Bruxelles, etc. Avez-vous le sentiment de faire partie d'un tel courant ?

Bullitt : On peut, en effet, parler d'une mouvance contemporaine du tattoo, avec des personnes comme Yann Black, Topsi, Jeff, Kosteck, Guy, Navette, Léon et Cy pour rester dans du francophone, mais aussi Nick Baxter (si on parle de pixels, de points, d'informatique) et tellement d'autres qu'on ne médiatise pas ; des portes entrebâillées continuent de s'ouvrir, d'autres se créent. Ce courant graphique, dans lequel nous évoluons nous aussi, concerne une génération commune de tatoueurs, c'est un fait ; nous avons une culture commune de l'image, dans notre enfance (contes, TV, dessins animés, BD ), mais aussi par le biais de nos bibliothèques et vidéothèques équivalentes, par la présence d'outils communs comme l'informatique (logiciel, web, et surtout par le cursus scolaire pour bon nombre de tatoueurs actuels (formation professionnelle, écoles d'art, d'illustration, d'architecture, de dessin industriel...). Par là on pourrait donc définir que ce courant plus moderne et plus libre prend sa source dans cette phrase objective qui colle à tout type de création : l'idée est dans l'air du temps ! Notre travail est d'encrer la peau et nous sommes en 2010, avec des valeurs, des influences et des échanges contemporains ; pas d'ambiance à l'ancienne ou la communication et le conservatisme pouvaient être rudes, tiens d'ailleurs je vais mettre un petit panneau « encrer sans frapper » !

Sophie : Je rejoins Bullitt sur cette question de mouvance actuelle dans le milieu, pour ma part je m'éclate beaucoup plus à adapter un graphisme à chaque client en fonction de leur univers. Faire et refaire ce que je connais me permet de travailler plus vite et de façon plus efficace mais j'aime bien les défis techniques et apprendre en tentant de nouvelles choses. Les recherches vont plus être pour mes créations personnelles, même si bien sûr le travail dans sa globalité avance en parallèle dans les deux domaines.

Tatoueurs, artistes, peintre, illustratrice, sculpteur... Quels furent vos parcours respectifs ? Je sais que Sophie est passée par l'école de dessin Émile Cohl, avant d'opérer pour un temps chez Viva Dolor... Quant à Bullit, on m'a parlé d'un apprentissage auprès de ton père, Vitalis Ballabeni, ferronnier d'art, boxeur et meilleur ouvrier de France ?

Bullitt : Pour ma part, après la fac et après avoir passé des B.E. en sport, j'ai en effet bossé avec mon padre en ferronnerie d'art (M.O.F., ça forme l'oeil et la main !) ; entrecoupé de voyages mon apprentissage m'a mené jusqu'au piercing puis au tattoo, le tout vécu sur un fond bien présent de monde décalé, de créations et d'expositions. Je n'ai jamais intégré une formation scolaire ou professionnelle dans l'artistique ou la manipulation de ses médias, je me classerais plus facilement dans l'autodidactie.

Sophie : Petite, j'étais fascinée par les personnages que mon père me dessinait, et j'aidais ma mère à repeindre chaque année les murs et les meubles de la maison... Ça a dû commencer là. J'ai suivi une formation scientifique et ai décidé d'arrêter le carnage après cinq ans de DEUG.

J'ai donc intégré l'école Emile Cohl à vingt-trois ans, où j'ai rencontré Jean-Luc Navette qui m'a permis de comprendre plus rapidement les trucs et astuces de l'illustration, j'ai beaucoup appris à son contact. Au sortir de l'école j'ai tenté de démarcher les maisons d'édition avec un projet en poche mais les portes sont restées closes. J'ai eu l'occasion d'exposer à Viva Dolor, boutique que Navette avait monté entre-temps et quand il m'a proposé de me former au tatouage, c'est volontiers que je me suis lancée dans l'aventure ; sa vision et son travail apportait une note attractive supplémentaire à ce métier. Travailler de façon régulière à Annecy au contact de BBR est encore une autre approche et un travail différent, autant d'expériences qui permettent de se faire sa propre cuisine.

Qu'est-ce qui vous attiré dans le tatouage, alors que vous aviez déjà tous les deux d'autres moyens d'expression à votre portée ?

Bullitt : Le tattoo m'a apporté un nouveau support, vivant, un media inconnu donc attractif... la curiosité l'a emporté ! Il s'agit aussi et surtout de la seule activité professionnelle, me concernant, qui me fait manger quotidiennement, et qui possède sa part de créativité et d'artistique, non négligeable ! Encore plus concrètement, le tattoo me permet aussi de financer d'autres projets, et de les mener à terme. Donc, du travail, de la recherche au quotidien et un moyen financier répondant à mes besoins, le tattoo est mon levier principal, un plaisir et une école.

Sophie : C'est un bon travail alimentaire qui s'est imposé à un moment où je galérais et qui m'obligeait à dessiner tous les jours. En fait, j'ai énormément appris de mes clients. Le fait de s'adapter à leurs univers et à leurs demandes m'a forcé à bosser dans des styles inattendus, pour lesquels je n'aurais pas eu de curiosité naturelle. Chaque rencontre apporte son lot de découverte. C'est de plus un métier qui permet une souplesse de rythme pour pouvoir investir du temps et de l'argent dans des projets plus personnels tout en étant une source d'inspiration.

Le travail de Sophie m'évoque parfois les productions Hanna-Barbera, les mangas de Yumiko Igarashi et de Kyoko Mizuki, certains comics anglais des 90's ou américains des années 2000, voire un arsenal mythologique des plus diversifiés, de la Grèce antique au Japon, en passant par la Thaïlande. Tandis que chez Bullit, je retrouve une décoction très particulière d'art singulier, d'art brut, de lowbrow, avec très certainement quelques clins d'oeil aux ex-votos de nos églises et de nos chapelles... Et justement, où trouvez-vous votre inspiration, que ce soit dans votre vie quotidienne ou chez d'autres créateurs ?

Bullitt : Concernant mon travail de création, on peut avoir l'impression que les oeuvres sont produites de manières tous azimuts, on est tantôt face à un dessin, tantôt face à un volume de grosse taille, métallo-industriel, ou encore devant un animal à tête de maison tractant un véhicule « divin »... En fait, chaque pièce a sa place dans une série, tout est prêt sur papier, je fais des « listes » d'outils, de matières premières, de textes, de projets de grosse taille, de fils conducteurs, de scénographies... Je range, je classe, je mets des titres, etc. Puis quand c'est le moment j'attaque une pièce jusqu'au blocage, technique ou par manque d'un élément, alors j'en attaque une autre, même si elle n'est pas dans le même projet global, même si elles ne se suivent pas. Il faut juste le faire ! Et ça n'arrête jamais...

Ma pratique étant une pratique ouverte et intuitive alimentée d'une accumulation d'expériences et de voyages, j'accorde une importance toute particulière à la recherche des matières premières, mais aussi à la logistique et à la pérennité de l'oeuvre. J'explore ponctuellement des médiums comme la peinture, le travail sur taxidermie, le dessin, la sculpture, ou le tattoo; un mélange de plein de choses que j'aime et qui me parle qui nous plonge dans un univers ambigu, mêlant attraction et malaise.

En cela j'aime beaucoup les oeuvres de Sun Yuan (avec Peng Yu), de Xiao Yu, des frères Gailla, l'éléphant de Barcelo, les estampes de Masami Teraoka, les engins de Delarozière, les encyclopédies de Monestier, les dessins de Keiichi Tanaami, ceux de Thomas Ott, les appareils de Wayne Martin Belger, les sculptures de Nicky de Saint Phalle, de Tinguely, mais aussi le travail de Jeff Soto, d'Otto Dix, de Bosch, d'Hirst et autre Wim Delvoye... et tout autre chercheur d'équation !

Je reste un fan d'art religieux et chamanique, c'est pourquoi j'aime travailler sur des « mises en valeur », comme les autels, les ex-votos, les reliquaires, les triptyques, mais toujours en y ajoutant une dimension que je qualifierai de « sortie », de dé-dramatisation, le plus souvent en y insérant un facteur ludique,
un mouvement de jeu, ce qui n'enlève rien à l'impact de la pièce, mais qui, dans ce sens, la rend intelligible.

Sophie : Mes premiers émois graphiques dont je me souvienne on commencé avec la BD de Rahan fils des âges farouches, le trait un peu lâche mais une technique académique impressionnante et des déformations proches de celles des comics. Plus tard j'ai vraiment été fan des Thorgal, les premiers en tout cas, une réelle fascination pour le trait de Rosinski (quand il avait encore ses yeux) j'ai passé beaucoup d'heures à dessiner dans ce style pour comprendre les raccourcis particuliers du monde de la BD. De même, la Quête de l'oiseau du temps m'a occupé un bon moment. Ayant vécu mon enfance au Maroc, les seuls dessins animés auxquels on avait accès se résumaient à Disney Channel et Goldorak (en arabe), premier contact avec le manga.

J'ai débarqué en France à l'âge de treize ans en pleine règne du Club Dorothée et j'ai bien sûr découvert l'univers manga. J'ai adhéré très vite aux Chevaliers du Zodiaque, Nikki Larson, puis, une fois familiarisée au genre, déliré un peu plus dans l'univers décalé et débile du genre Ranma 1/2 et le Collège fou fou fou. Après avoir lâché complètement le dessin durant ma période de lycée et de faculté, je m'y suis remise en intégrant l'Ecole Emile Cohl à Lyon en 1998. Passé l'aspect académique de cette formation, il a fallu affiner un style. C'est la découverte des travaux de Joe Sorren, d'Eric White et de Mark Ryden, des peintres américains contemporains qui a influencé cette nouvelle recherche d'identité graphique (Ryden par ailleurs très diffusé par le milieu du tattoo, tout comme Junko Mizuno). Ce mélange de déformations outrancières des personnages, aidé d'une technique de peinture très classique, très surréaliste m'a fasciné. Parallèlement gardant toujours un oeil tourné vers le Japon, le côté « kawaï » ou leur facilité à raconter beaucoup de choses avec peu de traits, m'ont aidée à simplifier beaucoup, apprendre à résumer les personnes et les objets à leur forme brute tout en gardant un sens esthétique très fort comme on peut le voir dans le travail de Junko Mizuno, Chiho Aoshima dont je suis fan, Murakami...

Cela devient un style qu'on qualifierait d'enfantin mais qui traite de sujets adultes, trash et un peu gore ; une belle représentation finalement de cette génération de trentenaires dont je fait partie, qui sortira jamais de l'enfance, un côté ado révolutionnaire désuet et qui malgré tout, pour certains, accueille une réalité difficile des conditions de vies actuelles... et on joue le jeu !


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Titre : SOPHIE HAZA & BULLIT BALLABENI : IN MY BRAIN
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : Laurent Courau - La Spirale.org
Date de mise en ligne :

Présentation

Studio de tatouage, galerie d'exposition et atelier multi-supports, In My Brain représente parfaitement cette nouvelle génération de lieux qui associent travail, vie, rencontres et création dans un même espace commun. La Spirale a rencontré son fondateur Bullitt Ballabeni et sa compagne Sophie Haza, tous deux artistes, tatoueurs et passionnés par les univers décalés dans lesquels ils gravitent.

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