JOHAN VON SYDOW « TINY TIM: KING FOR A DAY »


Enregistrement : 01/09/2020

Encore une fois, l'édition 2020 de L'Étrange Festival ne faillit pas à sa mission et à son appellation avec la programmation de Tiny Tim: King for a Day, film documentaire consacré à l'un des crooners les plus décalés de la seconde moitié du 20ème siècle. Jamais avare de bizarrerie, La Spirale a sauté sur l'occasion d'interviewer son réalisateur, le Suédois Johan von Sydow.

BILLETTERIE & INFORMATIONS


05 Septembre 2020 - 14H45 - Salle 300
Première européenne du film.
06 Septembre 2020 - 22H00 - Salle 300
Site officiel : ÉtrangeFestival.com

PRÉSENTATION DU FILM

Entre archives, interviews et fragments du journal intime de Tiny Tim, Johan von Sydow retrace le parcours de cet excentrique chanteur et joueur d’ukulélé. Passionné par les chansons populaires américaines, il connut le succès en les réinterprétant de sa voix de fausset. Icône des années 60, figure queer avant l’heure, Tiny Tim continue à faire des émules, de Marilyn Manson à Lady Gaga.

Beaucoup connaissent sans le savoir sa version extrêmement aiguë de Tip-Toe Through the Tulips, qui semble tout droit sortie d’un Betty Boop. On se dit que Tiny Tim aurait fait un héros burtonien parfait, à l’image d’Ed Wood. Au-delà du freak ludique et chantant faisant rire le public, Johan von Sydow dresse le portrait d’un artiste complexe, paradoxal, croyant, homosexuel, inadapté au système et star du show-biz. «Mon père a insisté pour que je voie un psychiatre, mais j’ai répondu que Jésus Christ était mon docteur ». Ses mots bouleversent, révélant également combien l’image publique de gentil monstre protège dans une Amérique camouflant son intolérance sous la culture du divertissement.

Propos recueillis par Laurent Courau.
Traduction par Éric Francoiseau.





Au sujet de Tiny Tim, vous avez dit que « ce film documentaire vous avait donné l’occasion de rencontrer une personne si extraordinaire que c’est difficilement imaginable ». Ce qui m’amène à ma première question. Nos lecteurs français ignorant pour la plupart le phénomène, pouvez-vous nous présenter - selon vos propres termes - le monde merveilleux d’Herbert Buckingham Khaury alias Tiny Tim?



« Nous sommes tous des individus uniques, mais personne n’est aussi uniquement individuel que Tiny Tim ! »

S’il était en vie aujourd’hui, il aurait définitivement sa propre émission de télé-réalité. Quelque chose comme « Tiny Tim au jour le jour ». Il incarnait, la télé-réalité avant même qu’elle ne fut inventée. Imaginez un homme costaud, aux cheveux longs, portant un maquillage blanc et chantant d’une voix de fausset dans les rues de Manhattan des années 1950. On dit qu’il a troqué sa guitare pour un ukulélé afin de pouvoir échapper à ses agresseurs.

Ses parents ont tenté de le faire hospitaliser, mais il leur a répondu « qu'un jour, il serait la plus grande star de ce pays ! » Tous se sont esclaffés en secouant la tête. Quinze ans plus tard, Tiny Tim se mariait dans le Tonight Show de Johnny Carson, sous les yeux de quarante millions d’Américains. Il avait réussi ! La descente aux enfers pouvait alors commencer.



Qu’est-ce qui vous a motivé à initier Tiny Tim : King for a Day ? Quelle fut l’étincelle qui démarra ce projet de film, en dehors de la personnalité extraordinaire de Tiny Tim ?

C’était en 2012, je réalisais un film sur un artiste disparu dans les années 1960. Au cours d’un entretien avec l'un de ses amis, il me confia que l’artiste en question adorait Tiny Tim. Et il s'est mis à rire si fort qu’il en avait les larmes aux yeux. Du coup, j'ai fait une recherche sur Google et à mon tour, j’en pleurais de rire, quelques secondes plus tard.

Qui était ce type ? Quel était son parcours ? Malgré sa joie apparente dans l’émission de télévision, je ressentais comme une montagne de tristesse. En cherchant un documentaire sur lui, je découvrais bientôt qu’il n’en existait aucun. « Alors pourquoi ne pas le faire moi-même ? » ai-je pensé, inspiré par mon ami Malik Bendjelloul qui se débattait alors avec Sugar Man.

J'entrais également en contact avec Justin Martel à New York, qui était en pleine écriture d’une biographie de Tiny Tim et nous avons commencé à coopérer. La première interview était prévue seulement quelques semaines plus tard, avec le légendaire D.A. Pennebaker que j’avais croisé sur un autre projet. Il avait rencontré Tiny Tim au milieu des années 1960 et m’a montré ses magnifiques prises de vues.



Est-ce que cela fut compliqué d’inviter Weird Al Yankovic sur le projet ? (sourire)

Nous souhaitions que la voix de Tiny paraisse authentique. Son journal intime présentait une telle importance pour le film. C’était vraiment un regard intime et unique sur l’âme d’un personnage historique. Il nous fallait quelqu’un qui ait connu Tiny ou qui comprenne ce que ça avait pu représenter que d’être Tiny Tim.

Notre sélection finale était mince : Bob Dylan, Jim Carrey, Al Yankovic. Le gagnant fut « Weird Al » ! Il s'est montré très positif dès le départ et ce fut un vrai plaisir que d’enregistrer avec lui à Los Angeles.

J’ai lu que le fameux Wavy Gravy de la Hog Farm (NDLR. Éminente troupe de clowns hippies nomades, active depuis les années 1960) avait aimé le film, ce qui ne me semble pas pas très surprenant. Comment réagit le public actuel vis-à-vis de Tiny Tim : King for a Day ? Et surtout, comment réagissent les jeunes spectateurs qui ne l'ont pas connu ?

J’aimerais en savoir plus sue ces réactions ! La première mondiale du film s’est tenue la semaine dernière au Festival du Film Numérique de Montréal. Je n’ai as encore eu beaucoup de retours sur les réactions ! J’ai lu que le public avait vraiment aimé le film, qu’il contait l’histoire d’un artiste unique, à la fois chaleureux, drôle et triste. J’ai également entendu des gens demander « Est-ce authentique ? Tiny Tim a-t-il réellement existé ? Est-ce un documentaire parodique ? » Et aussi : « Wow, les Sixties ! »

Que préparez-vous après Tiny Tim : King for a Day ? Avez-vous un nouveau projet à l’esprit ? Quelque chose d’aussi étrange, curieux et captivant que ce dernier ?

Cela fait plusieurs années que je tente de raconter l’histoire du plus petit pays du monde, une île dans le Pacifique, mais j’ignore si j’y arriverai jamais. C’est triste et cela me donne envie de pleurer, tout comme l’a fait Tiny Tim. J’aime les histoires tristes...



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Titre : JOHAN VON SYDOW « TINY TIM: KING FOR A DAY »
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Genre : Interview
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Date de mise en ligne :

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Encore une fois, l'édition 2020 de L'Étrange Festival ne faillit pas à sa mission et à son appellation avec la programmation de Tiny Tim: King for a Day, film documentaire consacré à l'un des crooners les plus décalés de la seconde moitié du 20ème siècle. Jamais avare de bizarrerie, La Spirale a sauté sur l'occasion d'interviewer son réalisateur, le Suédois Johan von Sydow.

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