QUARXX « PANDEMONIUM »


Enregistrement : 05/09/2023

Après Tous les dieux du ciel, Quarxx revient pour nous entraîner dans des dimensions parallèles des plus perturbantes. Inspiré par une expérience aussi personnelle que traumatique, ce second long-métrage du réalisateur indépendant parisien questionne autant qu'il dérange.

Ce que pourront constater les spectateurs de L'Étrange Festival, où Pandemonium sera projeté dès le mercredi 06 septembre à 19:15, avec les honneurs de la salle 500. L'occasion de célébrer et de soutenir une œuvre cinématographique radicale et atypique, qui ne peut qu'enchanter les habitués de La Spirale.

PANDEMONIUM
Un film de Quarxx

2023 I France I Horreur I 1h36mn I Français I Couleur
Première française

Après un accident, deux hommes errent sur la route. Ils doivent se rendre à l’évidence, ils sont bel et bien morts. Quand Quarxx nous entraîne sur les rives de l’Enfer, il ne se contente pas de citer ses classiques – et notamment de revisiter somptueusement L’au-delà de Lucio Fulci. Il poursuit l’installation d’un univers bien à lui où dominent hallucination et folie. Être mort et bien vivant: superbe problématique symbolique soutenue par Pandemonium, qui efface les frontières, dans une horreur qui toute existentialiste et contemplative qu’elle est, n’en oublie jamais pour autant de faire trembler et rire. Le cinéaste définit son film en trois histoires comme « une plongée fantastique dans la psyché et l’imaginaire fertile de personnages en quête d’absolution ».

Mercredi 06/09 • 19h15 • Salle 500
En présence de l'équipe du film

Vendredi 15/09 • 14h30 • Salle 100
En présence de l'équipe du film


Propos recueillis par Laurent Courau




N’ayant pas encore eu l’occasion de visionner Pandemonium, je ne peux que m’en remettre aux (excellentes) critiques déjà disponibles sur Internet. Qu’est-ce qui a inspiré et motivé ce second long-métrage, dont l’intrigue se déroule dans un au-delà infernal, sur « les rives de l’Enfer », si j’en crois les articles cités plus haut et le catalogue de L’Étrange Festival 2023 ?

L'idée de Pandemonium m'est venu d'une expérience un peu traumatique qui m'est arrivé il y a vingt-cinq ans. Pour faire court, je me suis noyé à Bali. Quelques secondes avant de perdre connaissance, j'ai pris conscience du fait que j'allais mourir. Sensation plutôt désagréable, s'il en est. Je me suis réveillé trois jours plus tard dans une chambre toute blanche. J'étais persuadé d'être passé dans un autre monde, avant de voir arriver avec bonheur une infirmière qui m'a expliqué que j'ai eu beaucoup de chance... C'est cette histoire qui m'a donné le point de départ de Pandemonium. Que se passerait-il si on se réveillait pour doucement comprendre qu'on était mort... ?



Pandemonium © Quarxx

Tes films se distinguent non seulement par leur mise en scène et une esthétique très travaillée, mais aussi par leur atmosphère sombre d’une grande originalité, que d’aucuns situent à la croisée du film de genre et du film d’auteur. Qu’est-ce que ta pratique de la photographie et de la peinture ont amené à ton cinéma, à la fois dans ses aspect les plus visuels, mais aussi dans ses ambiances sombres et désespérées ? De quelle manière ont-elles participé à construire l’univers onirique qui caractérise tes films ?

La photographie et particulièrement la peinture m'ont formé à l'esthétisme, au cadre et à la lumière. Ils m'ont donné une meilleure compréhension des différents outils narratifs à ma disposition. J'aime utiliser ces aspects visuels pour les mettre au service d'une histoire, pour habiller mes personnages, pour transmettre des émotions. Ma collaboration avec le chef opérateur est toujours primordiale. J'essaye de ne rien laisser au hasard, ce qui nécessite beaucoup de travail en préparation. De plus, la peinture ouvre l'esprit et développe l'imaginaire tout en apportant une compréhension de ce que peut être une image forte.



Pandemonium © Quarxx

Tu persistes à l’écart des circuits traditionnels, pour ne pas dire financiers, institutionnels et industriels, du cinéma français. Ce qui t’apporte certainement une grande liberté, mais requière aussi une énergie et une résilience sans failles. Où trouves-tu le courage de continuer, où puises-tu cette volonté d’en « découdre », malgré les difficultés liées à cette indépendance ?

Comme tu l'as dit j'aime les atmosphères et les histoires empruntes d'originalité. Je ne persiste pas à l'écart des circuits traditionnels. Ce sont plutôt les circuits traditionnels qui persistent à préférer des modèles existants plus rassurants pour les diffuseurs. Alors, je me fais une raison et je me dit que le plus important pour moi est de pouvoir garder ma liberté de concevoir des films et raconter des histoires qui sortent des sentiers battus. J'espère ne pas faire des films « pop-corn » mais des films clivant qui suscitent le débat au-delà des salles obscures. J'ai cependant la chance d'avoir des investisseurs et une équipe formidable prête à me suivre dans mes projets un peu dingues !

C'est vrai que cette liberté à un prix et il est parfois plutôt élevé . Chaque projet est une montagnes de difficultés qu'il faut savoir agencer pour en tirer profit. La tache est colossale, mais le jeu en vaut la chandelle. Je ne te cache pas que je serais quand même heureux d'accéder à des budgets plus conséquent, en collaboration avec des institutions plus audacieuses qui puisse me faire confiance.



Pandemonium © Quarxx

Malgré les années que tu as passées en Californie, en Indonésie et en Chine, tes films restent ancrés dans une sorte de France parallèle et inquiétante. Qu’est-ce qui t’attire vers les recoins les plus cachés de l’Hexagone ? S’agit-il juste d’une question d’opportunités économiques ou, comme il me semble le deviner, aussi d’une envie de révéler certains soubassements de notre beau pays ?

C'est justement car j'ai beaucoup voyagé que je me sens profondément français. J'aime les paysages, la langue, ses spécificités et ses travers. Je crois que l'on parle toujours mieux de ce que l'on connait le plus. Par contre je pense que tu fais plutôt référence à Tous les dieux du ciel qui explore cette ruralité bien française, mais tu verras qu'avec Pandemonium, on s'en éloigne un peu... L'enfer ne connait pas de frontière.



Pandemonium © Quarxx

Nous traversons une époque compliquée pour les industries du « divertissement », dont celle du cinéma, avec une normalisation exponentielle des oeuvres désormais produites pour répondre au besoin des plateformes internationales. Au-delà des craintes émises par de nombreux professionnels, j’en attends plus un retour à une radicalité artistique qui m’a semblé faire défaut ces dernières années chez beaucoup. Quel est ton ressenti sur l’époque en tant qu’artiste, auteur et réalisateur ? Et comment te projettes-tu dans tes projets à venir ?

Il est vrai que l'époque ne prête pas vraiment à l'optimisme. Les plateformes ont beaucoup bridés la créativité. La qualité ainsi que l'originalité des oeuvres proposés sont drastiquement tirés vers le bas. Heureusement il y'a toujours de la résistance ! Des gens animés par la passions et ayant un regard different sur le monde qui les entoure trouveront toujours un moyen de s'exprimer et de proposer une alternatives artistique aux produits formatés majoritairement proposé par ces plateformes.

Quant à mes projets, j'ai actuellement deux films en pré-production et en recherche de financements. Corps et âme, un film de genre radical et complètement fou et Cette chose en moi, un « coming of age » sur un adolescent en quête de rédemption. Ce dernier sera proposé aux investisseurs et distributeurs dans le cadre du FanLab du prochain festivals de Sitges. Comme quoi, tu vois, je ne suis pas si fermé aux circuits plus traditionnels !



Pandemonium © Quarxx



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Titre : QUARXX « PANDEMONIUM »
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : La Spirale - Un eZine pour les Mutants Digitaux !
Date de mise en ligne :

Présentation

Suite à un accident, deux hommes errent sur la route. Ils doivent se rendre à l’évidence, ils sont bel et bien morts. Après Tous les dieux du ciel, Quarxx revient pour nous entraîner sur les rives de l’Enfer. Et il ne se contente pas de citer ses classiques – notamment, de revisiter somptueusement L’au-delà de Lucio Fulci. Il poursuit l’installation d’un univers bien à lui, où dominent hallucination et folie.

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