HORNY CHICKEN CLUB « PSYCHO KILLERS, STRIPPERS, POLE DANCERS & OTHER GOODIES »
Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)
Mise en ligne : Archives de La Spirale (1996-2008)
Grands spécialistes des reprises de tubes disco version tronçonneuse, ils ne cachent pas leurs influences teutonnes en matière de délicatessen et avouent volontiers leur désir de collaborer avec Francis Heaulmes. Ce qui constituerait une forme de consécration pour leur carrière. La Spirale ne pouvait que s'amouracher de ce fleuron de la scène musicale hexagonale.
Propos recueillis par Laurent Courau.
Pam est alsacienne, Bob est vosgien... On était prédestiné. Nous vivons ensemble depuis trois ans et Horny Chicken Club existe depuis un an. On n'a pas mal bougé dans l'est de la France (Strasbourg / Mulhouse / Nancy / Lyon). Sur scène, on joue avec trois ou quatre vieux PC qui balancent des samples distordus. Notre son est pourri à souhait ! Notre meilleure carte son doit être une Sound Blaster 16. On fait de la "extreme computer dance". On a un set assez court (3/4 d'heure), on nous invite souvent une fois que l'on nous a vu. On essaye de mettre le paquet en live, même si nous avons que des ordis. On ne reste pas comme des cons plantés derrière notre table à cliquer. On a un final "string et tronçonneuse".
HCC n'est pas uniquement un groupe du musique pour nous. Nous sommes graphistes à la base. Donc on fait nos flyers, nos stickers, nos t-shirts, nos produits dérivés, nos posters, notre site et nos clips ! A vrai dire on a un arsenal de productions visuelles assez balaise. Je dirais même assez disproportionné par rapport à notre production musicale ! Tout cela assure notre com assez facilement. On squatte aussi les festivals de graphisme, les festivals vidéo ou les expos barrées.
Racontez-nous la genèse du Horny Chicken Club. Comment vous sont venues l'illumination et la motivation pour vous lancer dans une entreprise d'aussi bon goût ?
"I don't know why I did it, I don't know why I enjoyed it, and I don't know why I'll do it again." - Bart Simpson
Un beau jour, nous avons rencontré le label Bad Sound de Lyon à force de traîner dans les soirées electros. Nous avons sympatisé et ils nous ont invité à participer à leur concert de promo. Nous n'avions alors jamais fait de musique.... En trois mois il a fallu pondre cinq morceaux ! Comme nous n'avions pas d'instruments de musique, on a utilisé ce que l'on avait sous la main : nos vieux PC (du 486 au P166... ) et le web. Bob télécharge le top 50 de dance sur Kazaa tous les mois pour sampler les morceaux les plus tartes. Pam s'occupe des beats ! - (Avec une boîte à rythme) - Et pour finir nous parsemons le morceau de samples divers : cris de meufs de Brain Dead, paroles de Duke Nukem', extraits de films de cul...
Comment peut-on avoir des idées aussi saugrenues dans une ville comme Besançon ? Ne m'en veuillez pas mais on est quand même un peu loin des mégapoles cyberpunks dans lesquelles rôdent des tueurs en série aux neurones décimés par les drogues synthétiques ?
Viens faire un tour à Besançon ! Un paradis, c'est pas cher, des grands apparts vétustes, les gens sont cools et modestes, des bars hardcores, des frees à la pelle... Bref une bonne adresse pour ceux qui n'ont pas trop de dollars en poche. Et comme on ne travaille pas trop, on est toujours sur quatre chemins.
Autre élément étrange de votre univers bigarré, le concept des Caddies de la gloire. Auriez-vous la bonté de nous expliquer la chose, si je puis m'exprimer ainsi ?
On adore les supermarchés. On y va souvent quand il y a personne, le mardi après-midi c'est bien. On y bouffe des gâteaux, on goutte les derniers sodas. On adore les rayons poissonnerie et boucherie. On sacrifie quelques boites d'oeufs pour le fun. Pam se parfume, on écoute des disques de merde aux écouteurs du rayon musique, parfois on se tape une bd. Récemment on a pu jouer sur un synthé qui était en démo (au moins dix minutes). Le seul reproche que l'on a à formuler c'est que la console Xbox au rayon jeux vidéos est toujours à moitié plantée et que l'on n'a pas accès à la touche Reset.
Autre concept sur lequel j'aimerais beaucoup que vous nous éclairassiez, c'est le "Don't Worry Be Nazi". Désolé pour la question un peu piège, mais chacun sa merde...
Dire "Don't Worry Be Nazi" c'est comme dire "Un vaste merdier" ou "Mon esprit part en couille", c'est juste que ça sonne mieux. On aime les slogans simples.
Votre courte biographie cite Negativland et Tom Jones, deux références auxquelles les lecteurs de La Spirale ne peuvent certes que souscrire. Qu'en est-il toutefois des Revolting Cocks, autre groupe séminal (au sens propre comme au figuré) avec lequel vous partagez une reprise du Do You Think I'm Sexy de Rod Stewart.
Revolting Cocks... on est fan !
Bob a vraiment trop écouté Alan Vega et Sigue Sigue Sputnik quand il était petit. Pam ne se réveille que sur Godflesh. On évolue entre la vieille electro, genre Die Krupps ou DAF, jusqu'au grindcore d'Anal Cunt.
Vous prônez un monde de sexe et de jeux vidéos. Parfait, je vous prends au mot et vous communique mon intérêt pour la publication dans La Spirale de clichés déshabillés, voire plus si affinités, de Pamela. Bob, tu m'excuseras, mais on a déjà Erik Rémès. Ca nous suffira pour le moment.
Bob : Moi, ça me va, je serais fier.
Pam : J'ai déjà fait les fétichistes du pied et j'ai posé dans Pouf Magazine. Je ne suis plus à ça près. Tu veux quoi comme photos ?
Présentez-nous le personnage de Toni Denise, la transsexuelle qui vient de se faire opérer, qui se balade dans sa décapotable les seins à l'air et qui a pour but dans la vie de devenir une petite Américaine moyenne pour vivre la vie d'une ménagère normale?
Dans une humanité déracinée, Toni Denise tente de trouver son chemin. Fils d'aristocrates, Toni doit apprendre à survivre et à choisir son camp. Au fil des années, Toni connaîtra tout ce que la nature humaine peut offrir comme plaisir : l'amour, le sexe, la drogue. Il croit enfin comprendre son unique destin, il devient transsexuel, un concept de qualité permettant l'observation, la compréhension, l'appréciation et la participation à la mise en oeuvre d'un subtile anéantissement du monde. En nous faisant partager son amour devant la beauté et la diversité des moyens de sabotages, il croit, qu'ensemble, nous pourrons chaque jours être un peu plus subversif et sans vergogne sur cette terre.
On l'aime bien Toni. Si tu veux, c'est le troisième de HCC, sauf qu'il n'existe pas ! On le trimballe avec nous depuis un bon moment. Private joke au début, légende urbaine demain ?
Le coup de l'hommage aux tueurs en série, Francis Heaulmes et Ted Bundy, ça ne serait pas un peu éculé ? Les grands romans de James Ellroy sur le sujet remontent aux années 70 et Le Silence des agneaux date déjà de 1990.
Mère Theresa, EinstÃŒrzende Neubauten, Ted Bundy, Elvis Presley, même combat. Peu importe le flacon pourvu qu'il y ait l'ivresse.
Je vous trouve un peu trop déjantés pour la scène electro-clash, qui n'est finalement qu'un ramassis d'habitués du Pulp et de clientes de Colette qui se prennent pour des punks mondains alors que ce ne sont que des idiotes qui regardent trop Paris Première. Quels sont donc vos circuits habituels ? Ou en clair, qui veut bien de vous ?
Euh... Nous, c'est plutot le frigid-froove et l'electro-yéyé. On zone dans les soirées techno-barbecue du label lyonnais Bad Sound. On sort d'ailleurs un vinyle-compil' chez eux ce mois-ci. C'est aussi notre seul enregistrement. On ne produit pas de cd. Pas de disque à vendre ! Tout est gratos sur le site en Mp3 et le reste sur Kazaa. Le charme de Pam bat tous les records en matière d'incruste dans les programmations, les partys, les frees... On tourne pas mal dans les soirées revival-electro. Faire un balloche du samedi soir nous tenterait bien !
Terminons sur une note joyeuse, ce qui ne pourra que ravir des amateurs des fêtes de la bière comme vous. Ça vous fait quel effet d'être le meilleur groupe du monde ex-aequo avec les Muckrackers et Punish Yourself ?
On garde la tête froide. On ne se monte pas le bourrichon. On essaie de rester modeste.
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