« GUERILLA GARDENING », LA GUÉRILLA JARDINIÈRE


Enregistrement : 17/09/13

Activisme résultant des troubles de la guerre ou de crises économiques pour instaurer une économie de subsistance, lutte politique pour une société égalitaire et communautaire, branche atypique parmi d'autres de la permaculture, ou encore simple volonté de combler par la force les ternes friches de béton de l'espace urbain ?

Les partisans de la guerilla gardening, ou guérilla jardinière, partagent le dessein de se ré-approprier les terres inexploitées des villes et villages, à travers l'action écologique, individuelle ou collective.


Dossier réalisé par Soizic Sanson

Autres contenus de ce dossier consacré à la guérilla jardinière :

. Interview et galerie de Vanessa Harden
. Interview de Gabe I Guerilla Gardening France



GUÉRILLA JARDINIÈRE, CANAL HISTORIQUE

En remontant à la source du mouvement, c'est la première révolution anglaise, au milieu du XVIIe siècle, qui se trouve en être le point d'émergence. Mouvement contestataire pionnier, les références bibliques essaiment leurs diatribes révolutionnaires ; et pour cause, son meneur Gerard Winstanley et ses acolytes sont protestants. Pourtant, si la religion joue un rôle fondamental dans leur lutte, on peut sentir les premières émanations d'un communisme teinté de chrétienté : « une fois la terre redevenue trésor commun... il adviendra que nul n'osera chercher à dominer les autres, nul n'osera tuer son prochain et ne désirera posséder davantage de terre que son voisin ». Ils se sont baptisés les True Levellers (les Vrais Nivelleurs, rebaptisés les Diggers par la suite), revendiquant par là une volonté de nivellement égalitaire dans la répartition des territoires agricoles (et de manière générale), à la suite de l'Enclosure Act, une série de lois visant à privatiser les terres communales. On retrouvera, quelle que soit la période, ce refus de la propriété cultivable privée et inexploitée. La revendication de tous les squatters, sans limite temporelle ni géographique, en somme.



Un bond dans le temps et quelques longitudes plus loin, c'est le groupuscule Green Guerilla qui créé le terme de guerilla gardening au début des années 70. Menés par Liz Christy, c'est à New York que les premiers guérilleros lancent l'ancêtre de la seed bomb, généralement des graines de fleurs sauvages imbibées d'eau et contenues dans des préservatifs. C'est ensuite un terrain vacant au coin du légendaire quartier de Bowery, dans le Lower East Side, qui est petit à petit réhabilité en jardin communautaire et devient le premier du nom, initiative très vite reproduite dans d'autres quartiers de New-York. Toujours en activité, Le Liz Christy Garden bénéficie aujourd'hui d'une reconnaissance historique.

Une autre personnalité atypique et brillante dans l'histoire de la guérilla jardinière, est celle de Masanobu Fukuoka (1913-2008). Microbiologiste de formation et spécialiste de phytopathologie, c'est sur l'île de Shikoku qu'il met au point l'agriculture naturelle, ou agriculture du non-agir, empreinte d'une philosophie préconisant une union spirituelle avec la nature. Quatre principes sont fondamentaux : pas de labour, pas d'engrais, pas de sarclage, pas de pesticides. En somme, il s'agit de limiter au maximum l'intervention de l'homme, qui nuirait à la production innée de la nature. C'est Masanobu Fukuoka qui est à l'origine de la technique de confection des seed balls, qu'il parvenait à produire en grande quantité.



De nos jours et bien que pratiquant majoritairement la technique du bombardement de graines, les guerilla gardeners utilisent aussi un panel de techniques et d'outils, des plus élémentaires aux dispositifs les plus ingénieux...

DE L'ART ET LA MANIÈRE

Enfin, un léger défrichage numérique nous a permis de vous suggérer une ébauche du nécessaire du parfait petit guerilla gardener. Matières premières, confection de seed bombs et techniques variées vous sont proposées ci-dessous pour mieux rejoindre l'aventure de ces guérilleros urbains.

L'idée du seed bombing contemporain, soit la répartition arbitraire de bombes de graines, repose dans le lancer de graines de son choix, enfermées dans un mélange d'argile et de compost (complexe argilo-humique ou CAH) qui permet la germination sans plantation. Ce processus permet notamment de protéger les graines du dessèchement par le soleil et d'autres facteurs d'échec, tels que l'appétit des oiseaux ou un vent un peu zélé, mais aussi d'atteindre aisément certains espaces délaissés de l'espace urbain, rendus inaccessibles par des obstacles divers (clôtures, toits, etc). Sans négliger un autre avantage d'importance, la conservation longue durée de ces bombes de graines.

Il est donc aisé de devenir par soi-même un bon guerilla gardener, car les matières premières sont peu nombreuses et particulièrement accessibles ; même si l'intérêt de l'activité réside aussi dans l'aspect communautaire, que ce soit pour partager de nouvelles techniques de seed bombing, ou pour réaliser son méfait avec d'autres guérilleros. Les communautés ne manquent pas, vous pourrez vous renseigner à ce propos via guerillagardening.org ou encore guerilla-gardening-france.fr.



La technique la plus élémentaire réside donc dans le simple lancer de bombe de graines. Mais une autre technique rudimentaire expérimentée par Vanessa Harden et Richard Reynolds, est le seed balloon, le lâcher de ballon à l'hélium (bio-dégradable, est-il précisé) rempli de graines de fleurs. Le smudge n'est pas une technique en soi, mais plus une alternative au seed bombing : la bombe de graine insérée telle une pâte dans les interstices des bâtiments de la ville. Préférez les plantes à maigre système racinaire afin de ne pas (trop) détériorer les bâtiments.

Une idée originale pour faire fleurir les murs. Technique plus complexe mais amusante, mise au point par Society Creative, Matthew Boyko et Christina Ng : le peddling green. Vous et votre vélo vous transformez le temps d'un voyage en pissenlit à l'ouvrage : une machine à bulles intégrés dans un boitier en aluminium relâche des graines au fil de vos pérégrinations sur deux roues.

Une initiative déjà moins do it yourself est le projet Greenaid : la location de distributeurs de seed bombs. Celle-ci est surtout répandue aux États-Unis, mais on commence à en trouver sur le continent européen. A ce jour, quelques 250000 bombes de graines ont été distribuées par ce biais, via quelques 170 distributeurs.

Les plus paresseux trouveront des seed bombs déjà confectionnées en boutique, mais leur prix reste néanmoins élevé. Enfin, nous vous invitons à lire notre interview de Vanessa Harden, artiste et créatrice de solutions complexes et poétiques pour la guérilla jardinière. Entre autres outils, on notera les Seed Pills, des pilules de graines à semer, la série The Subversive Gardener, qui offre des possibilités de plantation ultra-discrète, ou encore The Horticulturalist, une série d'instruments à l'esthétique victorienne.



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Titre : « GUERILLA GARDENING », LA GUÉRILLA JARDINIÈRE
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Activisme politique, lutte politique pour une société égalitaire et communautaire ou simple volonté de combler les friches de béton de l'espace urbain, les partisans de la guerilla gardening, ou guérilla jardinière, partagent le dessein de se ré-approprier les terres inexploitées de nos villes et de nos villages à travers l'action écologique.

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