SPINA


Enregistrement : Automne 1997

Electro Body Music, Cyber Techno Core... Les superlatifs manquent pour décrire l'univers musical et visuel de Spina qui prend toute sa dimension sur scène.

Les membres du groupe ont répondus aux questions de La Spirale depuis leur quartier général de Bordeaux qui n'est autre qu'une ancienne base navale datant de la seconde guerre mondiale.


Quels furent vos premiers contacts avec les machines et la technologie, tant pour l'image que pour le son ?

Ce sont les jeux vidéo qui ont été la première approche de l'imagerie numérique.

Pour la musique, tout a commencé par l'intégration d'une batterie Simmons ,d'un juno 106 et d'un QX7 (séquenceur de base) pour en arriver rapidement aux samplers et ordinateurs...

Qu'est-ce qui a motivé votre décision de les utiliser aussi ouvertement dans vos créations ?

C'est plus qu'une 'décision', c'est une conjonction de volontés et énergies individuelles qui a engendré le passage à l'acte.

Spina associe le son, l'image, les applications interactives, la vidéo... Cela semble extrêmement lourd à gérer. Comment travaillez-vous ? Quelles sont vos ressources ?

C'est de moins en moins lourd grace à la puissance et l'éfficacité croissante des machines, et à notre expérience de plus en plus monstrueuse... Cela nous oblige malgré tout à une bonne répartition des tâches.

Cd audio, cd-rom, vidéo, images numériques, internet... Vos productions abordent de nombreux supports. Ne pensez-vous pas que cette démarche participe d'une certaine manière à la surproduction médiatique actuelle, à ce que Guy Debord décrivait dans La Société du Spectacle ? Comment analysez-vous votre propre volonté de production ?

En effet, nous y participons et nous pensons qu'une sursaturation médiatique peut engendrer, par réaction, la métamorphose nécessaire dans les domaines de l'art et de la communication.

C'est d'ailleurs un des principaux axes de notre performance scénique. En ce qui concerne notre volonté de production, nous avons surtout une volonté de communication.

L'univers visuel de Spina, à l'instar de nombreux jeux vidéo, associe la modernité des nouvelles technologies - réseaux informatiques, images numériques - à de nombreuses références à l'ancien temps - univers 3D du vidéoclip de North qui rappelle le site de Stonehenge, textures de pierres du logo, crânes humains, etc... -. D'où vous vient ce désir de fusionner des éléments aussi éloignés ?

Nous avons clairement le sentiment de participer à une sorte de préhistoire (ou moyen-âge) de l'ère numérique.Face aux "mystères" engendrés par le réseau et le numérique en général, nous assistons à une "activation" consciente ou inconsciente d'une symbolique "universelle". Chaque support de mémoire est à même de générer un aspect "magique".

Les expériences associant le son et l'image au sein d'une même structure sont plus courantes en Angleterre ou en Allemagne qu'en France. A quoi attribuez-vous le décalage de la scène musicale française ?

L'association musique-images fait partie de l'évolution actuelle de la scène. Malheureusement, la scène musicale française n'a jamais été vraiment en avance sur son temps....nous sommes là pour conjurer cette fatalité.

Il est aujourd'hui de bon ton dans certains cercles intellectuels et culturels européens de revendiquer une certaine méfiance quant à l'impact des nouvelles technologies sur notre société. Quelle est votre sentiment sur la question ?

Depuis Abel et Caïn, il a toujours été de bon ton de démoniser la technologie. Si il y a en effet clairement des risques de manipulation, contrôle et bénéfice abusif, nous essayons de notre côté d'envisager avant tout l'aspect positif de la chose et de se situer en tant qu'électron libre...

Par exemple, le réseau Internet, communément décrit comme un moyen d'élargir notre liberté et notre potentiel de communication est aussi pour certaines "puissances" un outil de contrôle supplémentaire.

La scène Industrielle et Electro Body Music européenne fut régulièrement attaquée pour son utilisation de références esthétiques "totalitaires". On peut notamment citer à ce sujet, sans non plus faire d'amalgame, les cas de Front 242 et de Laibach. Bien que n'utilisant pas, du moins explicitement, de telles références, avez-vous eu à souffrir de telles attaques de par le côté martial de votre son ou de vos visuels ? Quelles sont, ou seraient, vos réponses à de telles attaques ?

Il est probablement délicat et abusif de faire l'amalgame entre Front 242 et Laibach (les second étant clairement des nationalistes actifs). Quand à Spina n'avons jamais eu à subir ce genre d'attaques. La violence de notre action et de notre esthétique puise ses sources dans la sensibilité de notre époque: jeux vidéo, SF, ras-le bol général de la télévision et du commerce au sens large du terme.

Sur votre site, vous présentez Spina comme un mouvement artistique en devenir. Quelle est votre vision de l'avenir du groupe, de la structure ?

La période actuelle voit s'agréger de nouvelles personnes (grâce à Internet à la diffusion des disques, des vidéos, des concerts), éléments majeurs de notre mutation présente. Pour qui visite notre site, nous voit sur scène, écoute la musique, voit lesimages, il est évident que Spina n'en est qu'au tout début...


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A propos de cet article


Titre : SPINA
Auteur(s) :
Genre : Interview
Copyrights : Laurent Courau - 1997
Date de mise en ligne :

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Spina - Une interview tirée des archives de La Spirale.

A propos de La Spirale : Née au début des années 90 de la découverte de la vague techno-industrielle et du mouvement cyberpunk, une mouvance qui associait déjà les technologies de pointe aux contre-cultures les plus déjantées, cette lettre d'information tirée à 3000 exemplaires, était distribuée gratuitement à travers un réseau de lieux alternatifs francophones. Sa transposition sur le Web s'est faite en 1995 et le site n'a depuis lors cessé de se développer pour réunir plusieurs centaines de pages d'articles, d'interviews et d'expositions consacrées à tout ce qui sévit du côté obscur de la culture populaire contemporaine: guérilla médiatique, art numérique, piratage informatique, cinéma indépendant, littérature fantastique et de science-fiction, photographie fétichiste, musiques électroniques, modifications corporelles et autres conspirations extra-terrestres.

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