« UNE INTRODUCTION À LA CRYONIE »
Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)
Mise en ligne : 10/01/2014
- Dani Mellon du Pont, chargé des relations publiques de la Fondation Alcor, dans Chaos & Cyberculture de Timothy Leary, publié en France par les éditions du Lézard.
La cryonie est la science de la suspension cryonique.
La suspension cryonique est la pratique qui permet de conserver les corps de patients déclarés légalement décédés en les maintenant à des températures extrêmement basses dans l'espoir d'une future réanimation et éventuellement guérison dans le cas de maladies actuellement incurables.
UN BREF HISTORIQUE DE LA CRYONIE
L'idée de conserver dans la glace le corps d'un être humain dans l'espoir d'une réanimation ultérieure apparut pour la première fois dans une nouvelle de l'écrivain de science-fiction Neil R. Jones, The Jameson Satellite, publiée par le magazine Amazing Stories en 1930. Il fallut néanmoins attendre 1964 et la publication de The Prospect of Immortality, livre dans lequel Robert C. W. ETTINGER, professeur de sciences physiques, pour qu'on envisage sérieusement pour la première fois de congeler des êtres humains en vue d'une future réanimation.
LA PROCÉDURE DE SUSPENSION
Durant la première phase de la suspension cryonique, la température corporelle du patient est descendue jusqu'à la limite de la congélation pendant qu'on lui administre différentes substances, afin de prévenir au maximum les dommages pouvant être occasionnés par la congélation et les arrêts respiratoires et cardiaques. La température est ensuite réduite en deux temps, tout d'abord à -79°C dans un premier container, pour finalement atteindre -196°C, température de "suspension" finale.
QUELQUES CHIFFRES
Soixante-douze corps et têtes sont à ce jour conservés aux USA dans les différentes sociétés offrant des services de cryonie.
On estime aux alentours de 1200 le nombre de personnes ayant souscrites à un programme de suspension.
La suspension d'un corps entier ou de la tête seule (neuro-suspension) coûtent respectivement (chiffres officiels communiqués par Alcor) 120 000 $ ou 50 000 $. Les opérations de suspensions sont estimées à 32 000 $ (ou 25 000 $ dans le second cas). Le reste de la somme versée est placé afin de garantir un équilibre financier stable nécessaire à la poursuite du programme de suspension pour une durée indéterminée. Le coût annuel de conservation d'un corps est évalué à 2465 $ ( 689 $ pour une tête seule ).
LES LIMITES DE LA CRYONIE
Outre les nombreux problèmes d'ordre sociaux ou économiques que poseraient le succès de cette pratique, il n'est pas possible dans l'état actuel des techniques de ranimer les corps suspendus. L'obstacle principale vient des dégâts causés par le gel (voir nos interviews de Pierre Boutron et d'Anatole Dolinoff) et donc de l'impossibilité de congeler un corps entier dans des conditions satisfaisantes. Les cryonics placent tous leurs espoirs dans l'évolution des nanotechnologies ( possibilité d'intervenir à l'échelle moléculaire et de réparer les lésions causées par la cristallisation de l'eau restant contenue dans le corps ). Toutefois, il est bon de rappeler que cette solution reste pour le moment parfaitement hypothétique (voir nos interviews de Roderick A. Carder Russel et de Pierre Boutron).
Les candidats à la suspension font un pari sur l'avenir et nul ne peut présumer de leurs chances de résurrection.
LES INTERVIEWS DE LA SPIRALE
. Anatole Dolinoff - Président de la Société cryonics de France
. Pierre Boutron - Chercheur au Laboratoire Louis Neels du CNRS (Grenoble)
. Brian Shock - « Membership administrator » de la Fondation Alcor.
. Roderick A. Carder Russel - Immortaliste et adhérent de Alcor
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