CHRIS COPPOLA « HARDCORE TATTOO SK8 THRASH »
Enregistrement : 04/05/2011
Mise en ligne : 04/05/2011
Autant de prétextes pour revenir sur une époque aussi intense et agitée que méconnue, loin des clichés toxicomaniaques de la première vague punk française de la fin des années 70, pour parler de l'influence du tatouage dans la culture populaire contemporaine, faire un tour de planche à roulettes et enfin débattre de la place de l'underground dans les années 2010.
En parallèle de cette interview, nous vous invitons à consulter la galerie de photographies de Chris Coppola sur La Spirale.
Propos recueillis par Laurent Courau
* Association créée autour des groupes Cosmic Wurst, Witches Valley et G.I. Love, responsable des premiers concerts français de Fugazi, NoMeansNo, Youth of Today, Gorilla Biscuits, SNFU, Godflesh et quelques dizaines d'autres formations bruitistes américaines et européennes.
Je collaborais depuis presque une dizaine d'années en tant que pigiste avec Tatouage Magazine. Une collaboration qui avait démarré en 1998, lorsque je suis parti vivre à Tokyo. À cette époque, je réalisais des sujets sur des tatoueurs japonais, des Américains de passage là-bas et la fameuse première convention internationale de Tokyo, organisée par Permanent Mark et parrainée par Horiyoshi III.
Filo Loco de Serious Publishing et de la marque Deadlicious (Note de La Spirale : voir notre interview de Filo Loco) m'a fait rencontrer Gaby, mon boss actuel qui projetait de monter un magazine de tatouage et qui cherchait quelqu'un susceptible d'y contribuer. Dès nos premières rencontres, il a été question de faire quelque chose de plus moderne que ce qui existait déjà en presse « tattoo », que ce soit dans l'hexagone ou ailleurs. Après tant d'années à travailler en tant que pigiste, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai fait en sorte d'en devenir le rédacteur en chef. Gaby le voyant aussi de cette manière-là, bingo ! J'ai donc monté le concept général et trouvé le nom du magazine, l'ensemble étant approuvé par mon boss et mon éditeur. Je les remercie de leur confiance, car j'étais pour eux un parfait inconnu, malgré mon passif dans ce domaine.
Ainsi Rise Tattoo Magazine est né courant 2008, avec l'idée de se pencher sur l'aspect culturel, artistique et « life style » qui découlent du tatouage. Le reflet de ce que le tatouage est devenu depuis plus de vingt ans. Le tatouage est dorénavant partout, mais peu ou pas de magazines s'intéressaient à toute cette manne artistique incroyable. Aux différents courants et aux personnalités, aux individus qui composent son univers. Dans cette explosion, il y a du bon, du moins bon et du carrément dégueulasse. Certains s'approprient un univers qu'ils dénaturent. Des studios conceptuels débarquent avec des apprentis-sorciers « arty-tatoueurs » qui défoncent la peau de leur clients. Des médias proposent tout et n'importe quoi / n'importe comment... Bref, il y a de tout, pour tout le monde. C'est une question de goût.
Peut-être que je fais partie d'une certaine ancienne école et que j'ai une éthique et une vision différentes, du moins personnelles du tatouage. C'est aussi ce que je défends à travers Rise, mais ce n'est pas toujours évident de faire passer le message. Et il est encore plus difficile que ce message soit bien compris et bien interprété. Cela fait maintenant trois ans que l'aventure Rise a commencé et ce n'est pas prêt de s'arrêter !
Et justement, peut-on encore parler d'une « culture » unitaire du tatouage face à l'explosion des genres, des styles, des pratiques... et certainement des motivations ? Est-ce qu'il s'agit encore véritablement d'une « culture » ou plutôt d'une pratique artistique au croisement de la plupart des cultures contemporaines ?
Il n'y a pas de « culture » unitaire autour du tatouage, mais il y a un courant tatouage qui englobe un « tout ».
Des tatoueurs sont devenus des artistes tatoueurs. Et inversement, des dessinateurs, des graphistes, des typographes, des illustrateurs, des graffeurs, des peintres, des tailleurs de pierre, des décorateurs, des designers... sont devenus tatoueurs. Des deux côtés, les frontières deviennent floues puis finissent par disparaître ou se confondre totalement.
Des compagnies peu scrupuleuses en profitent et font un gros business dessus. D'un autre côté, pour équilibrer la balance, des personnes qui n'auraient jamais eu l'opportunité de vivre de leur art peuvent maintenant le faire grâce au tatouage. Et certains deviennent même très bons dans ce domaine. Pas tous, car une partie de ces « artistes » qui touchent au tatouage sont à mon avis autant des « fashion victims » que leurs clients, alors que d'autres encore s'auto-proclament « tattoo artist » pour cacher leur absence évidente de talent.
En contre-partie, des concepts originaux émergent de ci, de là. Et le tatouage devient une culture à part entière, car artistiquement parlant il s'élargit. Il crée sa propre identité, ses styles, ses langages, ses codes, ses tendances. Et l'engouement du public marche avec cette identité, car elle est accessible par toutes et tous. Il suffit de s'immerger dans le tatouage. De nos jours, il est tellement facile d'ouvrir la porte d'un studio de tatouage et d'y trouver ce que l'on recherche ou d'aller dans les conventions de tatouage qui sont de plus en plus nombreuses actuellement... et qui dit grand public, dit aussi vampirisation, récupération et déformation. C'est le revers de la médaille.
Depuis plus de dix ans, le tatouage est largement présent dans la musique, dans le sport, dans la mode, dans le graphisme, dans le graffiti, dans le design, etc. À une grande échelle. Et il y en a pour tous les goûts, des bons aux plus mauvais. Ensuite, ce n'est pas à moi de juger. Je ne fais qu'observer, mais avec Rise, on traite d'une partie que l'on apprécie particulièrement. Il suffit de lire le magazine pour se rendre compte de ce vers quoi nous aspire, sans donner de leçon à qui que ce soit.
Outre l'accessibilité croissante de cette forme artistique, avec des studios qui se sont ouverts dans toute la France, et l'explosion de créativité qui en découle, comment expliques-tu l'actuel succès du tatouage ? Il y a bien sûr l'impact visuel des musiciens, des sportifs et des nombreuses personnalités publiques qui affichent leurs tatouages sur les écrans. Mais est-ce qu'il n'y aurait pas aussi quelque chose du Zeitgeist, « l'esprit du temps » ou le climat culturel spécifique à ce début de XXIe siècle avec son tropisme narcissique ?
Le tattoo est devenu hype. Il m'arrive de croiser de très jeunes personnes, de vingt ans à peine, tatouées des pieds à la tête, avec des tatouages apparents sur le visage, sur les mains, sur le cou, etc. Sans looks, ni appartenance à telle ou telle « tribu » urbaine. D'autres deviennent des copies de ce qu'ils voient à la télé ou dans certains magazines : stars du show business, stars du sport... Le tatouage s'est démocratisé. Les excès sont hélas devenus inévitables, mais l'idée de la beauté physique a changé, l'idée et l'image du corps aussi. Il y a toujours un aspect positif dans le négatif et inversement.
Se démarquer à tout prix en ne ressemblant pas à son voisin, à sa famille, se rapprocher d'un idéal, d'une certaine liberté qui touche au corps. Même si l'esprit ne suit pas, même si le style de vie ne correspond pas. Il est aussi vrai qu'on assiste depuis quelques années à une « course à la parution » de la part d'une frange de personnes tatouées. Là, c'est l'aspect narcissique qui prend le dessus. Aussi, je pense que c'est lié à la boulimie de l'auto-médiatisation, via les réseaux sociaux que nous connaissons bien. Que deviendront ces gens dans vingt ou trente ans ? Espérons que toutes ces personnes archi-tatouées ne seront pas des parias... Seul l'avenir nous le dira. Beaucoup de studios ouvrent, c'est vrai. C'est aussi la course à la différence à tout prix, ne pas ressembler au studio qui existe depuis quinze ans au bout de la rue...
Encore une fois, il y a du bon et du moins bon. Certains vrais talents sortent du lot, apportent des idées originales, une façon de bosser intéressante, un discours et une éthique véritables. D'autres ne sont que des opportunistes, avec ou sans charisme, qui resteront médiocres ou qui finiront par disparaître. Mais globalement, des bons tatoueurs, tout comme des mauvais, ça a toujours existé.
Pour aborder le sujet d'un point de vue plus personnel, quel fut le déclencheur de ton propre intérêt pour le tatouage ? Peut-être une certaine scène hardcore et plus spécifiquement Henry Rollins, à l'époque où il officiait au microphone de Black Flag, un groupe que tu appréciais tout particulièrement si je m'en réfère à ta collection de t-shirts ? (sourire)
Tonton Rollins, Black Flag, oui... mais pas que. Les années quatre-vingt, des photos sur des cartes postales et des images de magazine de punks anglais supra lookés avec des tattoos jusque sur la gueule (oui, déjà à cette époque !). La punkitude en général, les rencontres de l'époque. Je vivais en banlieue nord de Paris, des voyous d'à peine dix-huit ans, tatoués sur les mains, le visage, des trucs pas très artistiques mais qui dégageaient une certaine rage de vivre et aussi un malaise profond, une certaine sensibilité « à fleur de peau ».
Ado révolté, issu d'une famille de la classe moyenne, une éducation à la fois très stricte, souvent violente, mais avec quelques bonnes valeurs quand même, des coups de gueule et des coups tout court, une incompréhension totale quand à mon évolution en tant qu'adolescent, pré-adulte... vive la punkitude ! La majorité de ces tattoos sont recouverts depuis longtemps et marquent ainsi les étapes et les évolutions de ma vie. La découverte de toutes les tendances musicales des années 80, les liens entre ces styles, l'imagination qui dérape et les fantasmes qui en émergeaient, l'anticonformisme, la rébellion, une certaine auto-éducation, cet ensemble m'a poussé à faire des choix de vie, pas toujours drôles et souvent difficiles au quotidien, mais je me suis accroché. La musique a été (et reste toujours) une aide précieuse face à toutes ces frustrations. Ca reste un catalyseur extraordinaire, une manière de créer son propre univers et le tatouage a aussi contribué à développé ma personnalité. Pas que l'aspect visuel, artistique ou esthétique, mais le côté « non retour » m'a toujours fasciné.
Il est certain que mes tatouages ont influencé mon existence même. Dans les années 90, avoir une manchette complète était pour certains un acte de mutilation. Beaucoup d'incompréhension et de rejet de la part de personnes non-tatouées. Donc, logiquement, je menais une existence un peu en marge, puis les moeurs ont petit à petit changé, mais pas moi. De nos jours, ça ne choque plus personne. C'est même « cool » d'être tatoué. A l'époque (fin des années 80), musicien indé, skater, looké, tatoué et piercé, sérieusement, j'étais un extra-terrestre, même à Paris, faut pas croire ! (rires)
En parlant de musique, tu as toi-même démarré au milieu des années 80 avec Cock Roachs, puis Krull. Deux groupes en avance sur leur époque, puisque déjà influencés par la scène hardcore à une époque où le punk français lorgnait plutôt du côté de l'Angleterre. Comment s'est établie la connexion avec la scène américaine, encore confidentielle à cette époque dans l'hexagone ? Il y avait New Wave, le fanzine de Patrice Herr Sang, qui lui consacrait des articles et des chroniques de disques. Quelques compilations, comme « 1984 the Second » de New Wave Records (encore Patrice Herr Sang aux commandes), mais pas grand-chose d'autre...
Oui, les fameux rendez-vous hebdomadaires du côté de la Gare de l'Est où une bonne partie de la toute jeune scène HxCx se rendait régulièrement !
En plus de New Wave, le zine et le label (Note de La Spirale : voir notre interview de Patrice Herr Sang), il y avait aussi Jungle Hop International, le label qui a fait la toute première compilation vinyle, le premier LP de hardcore 100 % français avec Rapsodie en 1986. Le second volet après Rapsodie en France trouvable uniquement en cassette à l'époque. Il y avait déjà une « scène » avec des groupes comme Heimat-Los, Kromozom 4, Final Blast, Human Being, Les Vandales, Rapt, Scraps, MST... et Cock Roachs, dont je faisais partie. La jeune scène hardcore hexagonale ! Plus quelques autres groupes d'un peu partout en France. Cock Roachs, via des amis du thrash métal, dont Alex d'Agressor et le groupe féminin Witches, a eu accés à cette scène du métal extrême au-delà de la France, une petite notoriété quoi ! (rires).
Cock Roachs fut un groupe du sud-est de la France, sur Fréjus. Déjà qu'il n'y avait pas de scène punk. Pas de punks non plus ou très très peu, alors imaginez un groupe jouant un hardcore supra rapide au son crado au possible, un vrai cheval emballé, un monstre bancale et hurlant ! La connexion avec l'émergence de la scène hardcore ricaine venait de potes sur Paris avec qui nous tenions une correspondance régulière et beaucoup d'échanges de son, de nouvelles, de zines via la « punk post » (quelque chose que beaucoup ignorent car totalement obsolète de nos jours). On écoutait déjà beaucoup de groupes comme Black Flag, Dead Kennedys et d'autres dont on ignorait le pays d'origine comme Circle Jerks, Misfits, HÃŒsker DÃŒ, etc. Il n'y avait pas Internet. On trouvait les informations au compte-gouttes.
On avait aussi un fort penchant pour le punk hardcore européen et d'ailleurs, la liste serait trop longue... Puis on a craqué sur des groupes comme D.R.I. (le premier album), Siege, Septic Death, Poison Idea, Corrosion Of Conformity, LÀrm, Raw Power, Negazione, The Stalin, The Stupids, Legion of Parasites, Inferno, Subterranean Kids, Mob 47, etc. Américains, Hollandais, Italiens, Japonais, Espagnols, Scandinaves, Anglais, Brésiliens, Allemands, Polonais... et les français d'Heimat-Los !!! Notre grande référence à l'époque restait quand même Discharge (le D-beat !). D'après François, le gratteux d'Heimat-Los, Cock Roachs était un hybride de Discharge joué à la vitesse des hollandais straight-edge de LÀrm ! Le truc improbable! (rires).
On ne savait pas jouer, mais par contre on jouait très très vite ! Même avec le recul, j'écoute toujours des trucs de l'époque. Il y a une énergie incomparable dans cette musique ! Et puis on avait créé notre propre fanzine (qui eut une très courte vie !), Positiv' Ripost et un petit label de distribution de cassettes : No More Cops Tapes. Ce qui nous permettait d'être en contact avec un réseau punk-hardcore de quasi toute la planète. J'avais des contacts et des correspondants d'un peu partout (du Mexique au Canada, en Nouvelle Zélande, en Australie, aux USA, en Angleterre, au Japon, en Colombie, au Pérou, en Pologne, en Suède, en Finlande...), plus nos liens avec Amnesty International, des réseaux anti-vivisection, anti-apartheid, etc.
Un truc qui m'a toujours fait marrer, c'est l'aspect pédant du rock alternatif français qui considérait le hardcore comme une musique de gosses sur skateboards. Peut-être que le hardcore était trop extrême (ou trop hard rock, trop brutal !?) pour leurs fragiles oreilles... sans largesse d'esprit aussi. L'ouverture ne se faisait que dans un sens, mais petit à petit la disparition de l'une a gonflé les rangs de l'autre.
Tu as ensuite participé à des projets plus expérimentaux, comme Power Wakan, Fisherman ou Geenomes, avant d'effectuer un retour aux sources avec El Justiciero. Quels sont les artistes ou les styles musicaux actuellement en rotation sur tes enceintes ?
Après Krull, groupe avec lequel on a ouvert pour SNFU, Fugazi, RKL, Verbal Assault, The Stupids, Soulside, Heimat-Los, etc... une formation qui lorgnait vers un positive metal punk hardcore (voir le EP Anguish sur New Wave Records, plus diverses compilations dont Hardcore Evolution, New Wave The Third, etc.) et que j'ai quitté courant 89. Cette même année, on a formé Power Wakan avec un ancien Cosmic Wurst (qui a eu comme line-up des anciens membres de Cosmic Wurst, Pourrave Circus, Apologize, Flitox, Krull, Cock Roachs, Nihil Zero...). Quelque chose entre ce qui allait exploser sous l'appellation grunge et un noisy punk psychédélique tantôt lourd et déjanté, un OVNI dans la scène française (concerts avec Buffalo Tom, Deity Guns, Treponem Pal, Silverfish, etc.).
Ensuite, encore plus loin, plus fou et conceptuel avec Fisherman. Quelque chose d'indéfinissable, un mélange entre Butthole Surfers, Melvins, Boredoms, Steel Pole Bath Tube, The Residents, GrötÃŒs... Indie rock post harcore métal psychédélique expérimental. Un split EP avec Deity Guns est devenu un must collector sur Uncontrolled Records en 1991. Une démo Fishboax où on explorait en trio et sans retenue des contrées musicales totalement vierges. Et surtout Kokoromi Karaoké, l'album sorti en 1994 chez Semetery/WMD (Wotre Music Distribution), où le concept du karaoké revu et corrigé par Fisherman. Beaucoup de drogues, du grand n'importe-quoi, des improvisations, des détournements...
Avec tout ça des passages scéniques genre rouleau compresseur chaotique : masques, combinaisons, lance confettis, etc. Du grand guignol sur une musique sauvage, malsaine, originale, ésotérique, étrange et puissante. Trop conceptuel, trop avant-gardiste. Les Belges, les Hollandais, les Suisses, les Allemands, les Italiens nous réclamaient. Des magazines ricains nous chroniquaient comme un des fleuron de la nouvelle scène noise japonaise au même titre que les Boredoms ou Zenigeva, alors que nous étions un groupe de frenchies... Le concept album Kokoromi Karaoke était entièrement en japonais. Les titres, les paroles, tout traduit de l'anglais au japonais par François, l'ex-gratteux d'Heimat-Los et de Tears Of a Doll) tandis qu'en France nous restions trop. Trop Fisherman quoi. (rires !)
Mais on a marqué notre temps, on a laissé une pierre dans l'édifice des groupes français bizarres, ça c'est sûr ! Pour en savoir plus : terasillon.voila.net/Interviews/int_fisherman.htm
Puis il y a eu Geenomes, eccentric experimentronic trio, un groupe franco-japonais mêlant musique, vidéo, graphisme, photographie... avec Frank Sinistra (ex-Fisherman, Power Wakan, Nihil Zero, etc.), Chris Coppola (ex-Power Wakan, Fisherman, Krull, Cock Roachs et j'en passe) et King Tamarr qui nous venait tout droit de Tokyo ! Hikari, un album au Japon avec le collectif japonais Aun : Qupe, Kim Ken et Geenomes. Des passages des vidéos de Geenomes sur MTV Japan et Space Shower entre 1999 et 2000 (les deux chaînes musicales du Japon à cette époque). Cet album a été considéré par la presse spécialisée et par des web mags au Japon, en Angleterre, en France, en Allemagne et aux USA comme l'avant-garde d'une certaine musique qui touchait à l'ambient et à l'électro... mais punk dans l'âme et dans l'attitude ! Geenomes ou les anti « French Touch » ! (rires) Geenomes existe toujours. Amputé d'un membre qui est retourné vivre au Japon, le groupe est en état de veille, mais toujours vivant. On a produit plein d'albums faits maison. Pour en savoir plus : www.geenomes.com
Et enfin retour à nos premiers amours avec El Justiciero, avec les anciens Geenomes et un p'tit nouveau Julien Arnaud qui vit au Japon, et ensuite avec Easy Sacha. Oui, The Famous One ! Un heavy punk hardcore rentre-dedans, simple et efficace (2003-2011). Quelque part entre Black Flag, The Stooges, Melvins, Bad Brains, Germs, Motörhead et les Ramones. Une démo a fait chavirer même le boss de Burning Heart Records en Suède (Turbonegro, The Hives), quelques apparitions sur des compilations, d'autres productions et des concerts sulfureux en France et jusqu'au Japon ! Pour en savoir plus : www.eljusticiero.net
En ce moment, j'écoute beaucoup Corrosion Of Conformity, Black Mountain, Municipal Waste, Entombed, GrötÃŒs, Guantanama School of Medecine, King Missile, Black Flag, Circle Jerks, Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, Jane's Addiction... Et plein d'autres trucs hardcore, punk ou métal... mais aussi du rock psychédélique : Zappa, Can, Captain Beefheart... Également du trip hop : Massive Attack, Tricky... et je découvre Amon Tobin ou redécouvre des bizarreries électro des 90's, du hip hop : Dj Shadow, Funkdoobeist, Delinquents Habits, Beastie Boys, Public Enemy... du funk et de la soul des 60's et 70's : Parliament / Funkadelic, James Brown, Rufus Thomas, Mandrill, etc. Enfin bref, un large panel musical. Il y a peu de musiques que je n'écoute pas, de celles qui volent tellement bas qu'elles en creusent leur propre tombe.
Revenons au tatouage... Comment s'est effectué le choix de tes premières pièces et à partir de là quelle fut l'évolution de tes tatouages ?
Ben disons, entre quinze et dix-huit piges, les années 80, jeune punk aimant des groupes comme GBH, Exploited, Discharge, Chaos UK... le UK hardcore quoi ! Et les Dead Kennedys, Black Flag et une chiée de groupes heavy metal, speed metal, black metal (Metallica, Venom, Motörhead, Slayer...). Ça a commencé avec des bouzilles. Et ouais ! Faites la plupart par mes soins et recouvertes depuis. Je tatouais aussi quelques potes keupons de l'époque et aussi les futurs Cock Roachs, ainsi que des potes métalleux. Puis mes premiers tattoos en machine, suite à des décisions... irréversibles.
Ensuite, il y a eu la rencontre avec Christian de Belleville et un paquet de tatouages réalisés par ses soins entre 1988 et 1995 (tribal bornéo, custom, manchette biomécanique, du recouvrement aussi) et ceux que je continuais à me faire tout seul, avec les moyens du bord. Après, j'ai intégré la jeune équipe de Tribal Act en 1997 avec les débuts de sieur Easy Sacha et pas mal de pièces aussi... tattoos blancs sur les poignets et les mains, tribal maori, crâne tibétain, lotus graphique, etc. Ensuite, il y a eu le Japon, un kriss tibétain tatoué à Tokyo par Han de Luz Tattoo Shop. Puis de retour en France, Sacha encore (et jusqu'à récemment) : bras nuages japonais, araignée logo El Justiciero en blanc sur tattoo noir, crâne et baguettes de batterie en blanc sur bras noir, etc.
J'ai aussi bossé comme assistant-manager dans le premier shop de Tin-Tin dans le XIe arrondissement, rue Saint Sébastien et je me suis fait tatouer par Guicho, alors tout débutant. Ce qui veut dire que je connais bien les ficelles du métier les gars ! Mes dernières petites pièces ont été réalisé par Benji à Artcorpus, le cafard « 1985 » en hommage à Cock Roachs. Le groupe a existé avec moi au chant entre 1985 et 1987, puis ils ont continué avec un autre line-up jusqu'en 1989 en jouant un thrash hardcore méga puissant ! Et un crâne bouffant un skate pour mes adieux au skateboard (trop vieux le Coppola!). Et enfin, mon tout dernier tattoo par Ripley chez Exoskull à Marseille, un oeil au centre d'un nuage jetant un éclair à l'intérieur de la main gauche pour l'arrivée de ma belle histoire actuelle, un changement de vie aussi et bien d'autres choses encore... Une évolution qui suit les aléas de la vie, les souvenirs, le futur...
Parmi tes sujets de prédilection, il y a la musique et le tatouage que nous venons d'évoquer, mais aussi la photographie et le Japon. Un pays que tu connais bien puisque tu t'y es rendu dès le milieu des années 90. Peux-tu nous parler de ton projet Japan Rising Girls ?
J'ai visité la première fois le Japon en 1997 et j'en ai donc des archives photographiques qui remontent de 1997 jusqu'à 2011. J'y suis resté un mois et demi et j'y ai commencé à shooter un peu tout ce que je voyais : les lieux (villes, temples, rues, paysages...), les gens (des tatoueurs, des skaters...), des portraits. J'ai ensuite vécu à Tokyo de 1998 à 2000, ce qui a occasionné beaucoup de rencontres et de sessions photos. De retour en France, on a monté une exposition de photographies nommée « Tokyo Girls » avec Anthony, le patron du concept-shop Le Bouclard, pour l'ouverture de son lieu en 2003. L'exposition comprenait des photographies réalisées entre 1998 et 2003, uniquement des portraits et des nus de filles japonaises rencontrées à Tokyo, des amies, des amies d'amies, des modèles occasionnelles ou plus sérieuses. Elle était composée de tirages uniques, contrecollés sur des plaques d'aluminium, qui existent toujours. À partir de ce moment-là, j'ai eu envie de poursuivre un travail photographique dans ce sens.
Ce que je voulais faire, c'était de montrer des aspects différents des filles de Tokyo, de filles japonaises loin des clichés habituels. De filles étant en marge, décalées, qui se battaient et se battent encore pour être et rester elles-mêmes dans une société qui écrase littéralement l'individu. Ãtre une femme indépendante, accomplie et libérée, est très difficile au Japon. Et puis j'en avais marre de ces pseudo-lolitas japonaises costumées. Trop cliché, trop évident, trop facile, ce que l'on voit partout... Au fil de mes voyages et de mes rencontres, j'ai ainsi pu shooter des dizaines de filles. Certaines en l'espace de plusieurs années, ce qui permet également de voir leur évolution. Mais j'ai dû abandonner tout espoir de voir certaines de ces images publiées un jour. La pression était trop forte. Ca impliquait tout un protocole compliqué et beaucoup trop d'argent (et avoir à faire à des gens dont il faut vraiment se méfier, si vous voyez ce que je veux dire).
C'est aussi ça le Japon. Bref, j'ai donc en réserve des centaines d'images de ces filles japonaises qui m'ont fait confiance et que je ne remercierais jamais assez. Certaines, la plupart même, ont disparu (échappé de Tokyo, voire même du Japon) ou ont changé de vie. Elles se sont rangées, mais conservent comme moi une certaine joie de savoir que cette période de leur vie a été capturé par un photographe étranger qui voulait montrer ce qu'elles sont, ce qu'elles étaient, réellement. C'est finalement sous le nom de Japan Rising Girls, car je n'ai pas shooté qu'à Tokyo, mais aussi dans des villes comme Osaka, Kyoto, Nagoya ou Fukuoka, que ce projet de portfolio photo continue d'exister. Je suis toujours à la recherche d'un éditeur (avis aux professionnels !). Sans omettre des milliers d'images du Japon en lui-même... car j'ai pas mal voyagé à travers le Japon aussi. Il y a matière comme qui dirait !
Autre sujet important dans ton parcours, le skateboard... que tu as traité au travers du magazine Sugar. On peut rappeler pour les plus jeunes que la connexion entre le skate et la scène hardcore s'est établie dès le début des années 80 sur la côte ouest des USA, dans les pages du magazine Thrasher et autour de groupes comme JFA, les Big Boys, Agent Orange, RKL ou Suicidal Tendencies. Avec le recul, comment vois-tu l'impact du skateboard sur la culture populaire ? Il est tout comme le tatouage au croisement de nombreux courants musicaux, mais on le retrouve également dans le street-art et la mode vestimentaire...
Au départ, le skateboard était un jouet que mon parrain m'avait ramené des États-Unis pour mes dix ans. Avec la bande de gamins que nous étions, on traînait dans les rues, juste pour rider et faire les cons. Les endroits comme Béton Hurlant, ces skate-parks tout en courbes sur Paris, n'existaient même pas pour la bande de jeunes banlieusards que nous étions. J'ai toujours cette board en fibre de verre avec de grosses roues en urhétane rouge, elle roule toujours !
Puis il a fallu attendre presque dix ans pour que je remonte sur une board, à l'époque de Cock Roachs puis de Krull. L'aspect rebelle du skate, les graphismes de l'époque réalisés par des artistes comme Jim Phillips, Pushead, Stecyk et d'autres pour les marques Santa Cruz, Powell Peralta, Blockheads, Vision, Zorlac, Bad Boy Club, Dogtown, Skull Skates, Santa Monica Airlines, etc.), le magazine Thrasher* et les compilations vinyles de l'époque. Pour la plupart orchestrées par Pushead (ancien chanteur du groupe thrash core Septic Death, contributeur pour Thrasher Magazine US et illustrateur pour la marque de skate Zorlac puis après pour Metallica, Misfits et d'autres...) et par l'éditeur du fanzine Flipside étaient tout simplement une référence du genre. C'était le skate-punk pur, le skate-core !
On pouvait écouter The AccÃŒsed, C.O.C., Big Boys, Black Flag, Circle Jerks, JFA (Jody Foster Army), RKL (Rich Kids on LSD), Gang Green, Dr Know, etc. En fait, à cette époque, quasi tous les groupes mêlaient musique et skateboard. Un des champions en « vert » (rampe) des USA skatait avec un spike sur la tête, un t-shirt Dead Kennedys et des docs martens aux pieds ! Ce n'étaient plus des skaters, mais des thrashers ! Oui, le skate a eu une très grosse influence sur moi. Pas en tant que sport, mais l'attitude et l'énergie étaient intéressantes.
Attention, je n'ai jamais eu un niveau extraordinaire, mais ce que représentait le skate des 80's et du début des 90's était très riche. Le skate était redevenu underground et marquait un virage beaucoup plus intéressant que le sport de beaux gosses en short des 70's. Énormément de gamins ont découvert des groupes et des styles musicaux via le skateboard, grâce aux vidéos de skate et des groupes utilisés dans les parts des skaters : Dinosaur Jr, Rites of Spring, Slayer, Black Sabbath, Black Flag, Dayglo Abortions, Flipper, Danzig, Minor Threat... la liste serait trop longue. Pour ma part, je retrouvais les groupes que j'aimais dans ces vidéos. Bref, tout ça c'est bien loin maintenant. Le business a largement repris le dessus et même le côté thrasher, le côté rebelle, est devenu un argument commercial.
Mais il y a eu de belles choses, de beaux moments, de belles rencontres et de belles sessions... qui font de beaux souvenirs... personnels. Dans le cas du magazine Sugar, avec lequel j'ai collaboré pendant dix ans, je m'occupais principalement des chroniques musicales (en dix ans j'en ai fait des centaines et des centaines !), d'interviews, de photos live et de portraits : les Misfits, Turbonegro, The Hives, Jon Spencer Blues Explosion, Madball, Sick Of It All, Motörhead, Slayer ou Guitar Wolf, des articles de fond sur des groupes (de Suicidal Tendencies à Fugazi, en passant par Bad Brains, Ozzy Osbourne, etc.).
Bref, la culture skate sorti des sujets 100% skateboard. Ma rencontre à Tokyo avec Glen Friedman, « LE » photographe présent dès les débuts du skateboard, du punk hardcore et du hip hop aux States (voir Fuck You Heroes et Fuck You Too, ses deux livres de photographies, indispensables !). Bref, je baignais dedans, sans être au centre de la matrice, sachant en plus que le lectorat de Sugar est principalement composé de gamins entre huit et quinze ans qui s'intéressent plus aux dernières fringues et aux tricks rentrés par tel ou tel athlète mutant du skateboard actuel.Sincèrement, ces gamins s'en foutent de tous ces groupes parus dans les pages de leur magazine préféré. Ils ne devaient même pas lire mon boulot, mais peut-être qu'en relisant leurs vieux numéros de Sugar dans dix ans, ça les interpellera... ou pas ! (rires)
* J'ai aussi contribué au magazine Thrasher France pour la musique dès ses débuts et je suis toujours en contact avec eux.
Avec le recul et toutes ces années d'activités, quelle est ta vision de l'underground des années 2000 et 2010 ? Quel est ton ressenti sur les cultures alternatives d'aujourd'hui, remises en perspective par rapport à ce que nous avons connu dans les années 80 et 90 ? En d'autres termes, qu'est-ce qui te fait vibrer ou qu'est-ce qui t'agace dans la période actuelle ?
Je crois que l'underground actuel ne correspond plus à ce que nous avons connu vingt ans en arrière. Je pense qu'il est encore plus difficile de s'y intéresser ou d'en faire partie qu'avant, du fait du nombre incroyable de possibilités d'être dans la matrice. Je veux dire par là qu'aujourd'hui avec un ordinateur, un téléphone portable ou une connexion internet, on a accès à quasiment à tout en un clic de souris, même si on n'a qu'une idée floue de ce que l'on recherche. Tout devient si facile, si accessible. L'underground de nos jours, c'est refuser ce trop-plein d'informations. C'est savoir faire le tri et pouvoir s'intéresser à ce qui couve, ce qui mûrit et ce qui avance quelque part tapi sur la toile ou au contraire à ce qui se débat sous nos yeux quotidiennement. Le cyber-espace reste underground, car je pense que c'est un outil qui n'est que survolé par la plupart des gens lambda.
L'underground, c'est aussi les personnes qui créent, qui pensent et qui agissent avec une éthique, des idées hors des schémas de réussite et de gloire, avec ou sans cause. Que ce soit dans le domaine de la musique digitale, analogique ou mixte, dans les domaines de la vidéo, de la photo ou de l'écriture... Il y a une quantité de domaines créatifs ou de manières de vivre qui forment un tout que l'on peut nommer « underground » ou « culture alternative ». Je pense que ça va bien au delà du simple aspect « jeune et rebelle »... Pour moi, un geek qui planche sur la création de robots de combat, c'est underground. Tout comme ces personnes qui véhiculent des idées subversives ne serait-ce que par leur mode de vie (vivre dans des arbres, les villages autogérés, le troc, l'indépendance énergétique, l'auto-suffisance, vivre la nuit et dormir le jour, etc.). L'underground ce n'est pas un style vestimentaire, ni un genre musical. Mais ça reste un choix de vie, une éthique et une volonté personnelle avant tout. J'associe toujours l'esprit créatif et artistique avec l'underground, une forme intellectuelle et créatrice qui s'allie à l'action, qui crée une alternative à ce qui existe déjà, à ce que les gens consomment bêtement en masse.
Il y a un état d'esprit underground, le désir de faire quelque chose hors du commun, sans que ce soit exposé au regard de tous. Ce qui me fait vibrer, ce sont toutes ces recherches en matières de robotique. Cette partie extrême qui touche à l'humanoïde. Est-ce underground ? Est-ce alternatif ? Je n'en sais rien... Tant que les robots à apparence humaine n'auront pas envahi notre quotidien, ça restera underground. Je pense plus à Blade Runner qu'à Terminator ou Matrix en fait. Ce que font les chercheurs japonais dans ce domaine est tout simplement bluffant. Cet avenir là n'est pas si loin. Ce qui me fait triper aussi ce sont toutes ces personnes qui utilisent la technologie actuelle pour s'exprimer librement, juste par plaisir, avec le besoin de créer comme exutoire, comme palliatif à la médiocrité ambiante, à l'absurdité « mainstream ». Ce qui me fait vibrer, ce sont ces personnes à la recherche de leur liberté et de leur indépendance face à notre système cannibale, ceux cités plus haut qui s'efforcent de vivre en marge ou qui prennent leur distance du monde complètement fou qui nous entoure. Tout comme ceux qui inoculent le virus subversif dans les veines de notre société endormie.
Ce qui m'agace, ce sont tous ceux qui se complaisent dans la consommation abusive, qui prêchent le paraître au détriment de l'être, ceux qui prétendent être et appartenir à l'underground ou à une des formes auto-proclamées « underground » ou « alternative », qui le revendiquent tellement qu'ils utilisent en fait ces termes pour se hisser hors de ce panier de crabes. Trop d'underground tue l'underground. (rires)
Concluons comme il est d'usage dans La Spirale en se projetant dans le futur. Outre les projets déjà évoqués plus haut, quel est ton programme ou quelles sont tes envies pour les mois et les années à venir ? Et de manière plus générale, comment vois-tu le futur d'un point de vue personnel, mais aussi global ?
Mon programme pour les années à venir ? Vivre une autre vie, ailleurs, car il y a plein d'ailleurs... et quand ce sera faisable... Faut se donner les moyens.
D'une manière globale, pour notre futur... À regarder ce qu'il se passe autour de nous, il faut se rendre à l'évidence. On assiste à la fin d'une civilisation. Le modèle occidental est arrivé en bout de course, il faut comprendre et accepter le fait que le capitalisme et tout ce qui en découle ont provoqué ce gigantesque chaos international. Ca se passe sous nos yeux, tous les jours: les guerres, les luttes de pouvoir, les manipulations politico-financières, les crises énergétiques et financières de grandes envergures et à répétition, les crises sociales, les labyrinthes et les cloisonnements formatés par des bureaucrates rigides, des lois qui poussent à l'exclusion, qui poussent au crime, qui petit à petit grignotent notre liberté individuelle (jusqu'où faudra-t-il aller pour enfin réagir ?), la montée d'un néo-fascisme international, les problèmes constants et non résolus, car impossible à résoudre de notre environnement global (les liens entre la vie végétale, animale et humaine).
Ce qui nous fait vivre, c'est l'endroit où nous vivons, je parle autant à l'échelle d'une ville, d'une région, d'un pays ou d'un continent, qu'à l'échelle planétaire. Plus on pourrit notre environnement, plus on se précipite vers le chaos. Mais loin des films hollywoodiens, il n'y aura pas d'autres spectateurs que nous-mêmes ou nos enfants ou nos petits-enfants qui assisteront impuissants au résultat de ce que nous avons fait et laissé faire depuis plus d'un siècle. L'intelligence humaine a créé un monstre hors de contrôle qui va nous anéantir. Faut croire que même notre intelligence a trouvé là ses limites ou alors ce n'est pas de l'intelligence. Quand on voit ce qu'il se passe au Japon, ce que l'évolution naturelle de notre planète alliée à la technologie humaine peut provoquer comme désastre, on ne peut qu'espérer n'être déjà plus de ce monde quand la réaction en chaîne se mettra en route.
Le côté optimiste, c'est que nous avons les moyens technologiques de nous adapter à notre monde et non l'inverse. Il reste à savoir quand nous aurons le réflexe d'abandonner notre style de vie pour revenir à l'essentiel, pour trouver l'harmonie (mais faut croire que les hommes ont un net penchant pour l'auto-destruction). Nous vivons une période de changements et de troubles, c'est grandement visible et palpable, l'avenir seul dira ce qu'il en sera. Wait and see.
Sinon à part ça, tout va bien ! (rires)
Commentaires
raimonaron - 2011-05-10 23:05:56salut chris, je dois dire que cette interview est vraiment sympa
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