THE DEAD SEXY INC. « GOD SAVE THE QUEER »
Enregistrement : Archives de La Spirale (1996-2008)
Mise en ligne : Archives de La Spirale (1996-2008)
Ron Asheton, Hubert Selby, Asia Argento, Peaches, autant d'icônes rock 'n' roll. Les Dead Sexy Inc. incarnent à la perfection cette atmosphère de décadence entre jet-set et underground, comme un trait d'union entre les lignes de cocaïne du Palace des années 80 et les canettes de bière tiède des filles du Pulp. Comme un chaînon manquant entre les outrances soniques d'Iggy Pop, l'élégance froide de Gary Numan et l'agitation curviligne des Suicide Girls.
Propos recueillis par Laurent Courau.
Il me semble qu'il y a eu un certain Charles Aznavour avant nous...
Comment décririez-vous The Dead Sexy Inc. à un aveugle, par surcroît accablé de surdité ?
En lui faisant humer un cocktail d'odeurs : pot d'échappement, vodka Red Bull, petite culotte usagée, grenouille momifiée, le tout saupoudré d'un peu d'essence de Guerlain.
Par le passé, vous n'avez pas été tendre avec la scène musicale française. Etes-vous toujours aussi critiques sur ce qu'il se passe dans l'hexagone, tant d'un point de vue musical qu'artistique au sens le plus large du terme ?
Je ne me suis pas senti en phase avec la vague french touch, la house française, même si je reconnais le talent et l'intérêt de certaines personnes de cette scène, comme Laurent Garnier ou Scan X par exemple. Les choses bougent en France depuis deux ans, il y a de nouveaux groupes vraiment bien comme The Penelopes, Neimo, The Flaming Pussy, Colder. De nouveaux lieux qui ont décidé de changer les choses comme Le Pulp, le Tryptique, Twins, le Truskell. Les choses sont plus excitantes. Ce n'est pas New York, Los Angeles ou Berlin, mais il y a une nouvelle énergie qui ne demande qu'à s'exprimer.
Présentez-nous Mix Shake, votre compilation mixée qui vient de sortir chez Universal ?
C'est une compilation thématique sur les années 80. Une sélection de titres parfois dans leur version originale, parfois des remixes parus à l'époque sur des maxis, ou bien des reprises faites par des groupes actuels. L'idée était de faire découvrir une nouvelle scène plus pointue par le biais de certains titres qui sont des standards des 80's.
Stéphane revendiquait le côté subversif de votre démarche dans une interview récemment accordée au webzine Scar[e] Culture. Pour revenir sur cette compilation, comment concevez-vous de sortir un disque chez Pascal Nègre, un des grands architectes de Pop Star et de la Star Academy ? Vous y voyez vraiment une possibilité de subvertir le système de l'intérieur ?
Oui, l'argent qu'ils nous ont donné pour ce travail nous sert à produire nos disques de manière autonome... Et il permet de faire découvrir de nouveaux groupes qui n'accéderaient pas à ce genre d'exposition/promotion. Le reste n'est que blabla...
Toujours dans la même interview, Stéphane disait que la seule façon de jouer est fabriquer ses propres dés avec des 6. 666? Je cite : « l'appel de la bête, le signe du grand Satan contre le vrai Satan, Big Brother. » Aleister Crowley ferait-il partie des sources d'influences secrètes de The Dead Sexy Inc. ?
Oui, je voue surtout un culte sans borne à Kenneth Anger.
En parlant de ces chers disparus, quels sont vos Top 05 respectifs des macchabés les plus sexy, outre Lénine qui est bien entendu hors-concours, à l'abri dans son mausolée de la place rouge ?
Johnny Thunders, Marquis de Sade, Vince Taylor, Nico, Michel Journiac.
Vous passez beaucoup de temps à Los Angeles. Quelles sont vos meilleures anecdotes sur cet épicentre mondial de la folie humaine ?
C'est une ville à double face, ensoleillée, glamour, relax et pleine d'espaces verts et en même temps dark, folle et speed où s'échouent les personnes et leurs rêves avec... Il y a toujours des mélanges surprenants, inattendus. Par exemple, je suis allé dans un club un soir sans bien regarder le flyer pour voir Los Super Elegantes, un groupe electrocrash mexicain de Los Angeles. A l'entrée, on me demande si je veux un ticket normal, ou bien un ticket avec vin et dégustation à volonté. Un peu surpris, je choisis la seconde option. Et je me retrouve dans le club où il y a des tables un peu partout, des gens de tous âges installés, assez normaux d'apparence, qui goûtent du vin français avec un peu de fromage. Sur la scène, un type en costume donne des leçons sur un tableau, explique les cépages.
Une heure se passe. Je me demande ce que je fais là, je bois, et tout à coup la salle se remplit de gens lookés. Ca devient un mélange étrange de gens hétéroclites. Les tables sont poussées sur les côtés, le tableau aussi, tout le monde est un peu ivre... Le concert démarre, hystérie... Après le concert, la soirée continue, le vin coule à flot et je me retrouve à parler avec l'oenologue, ainsi qu'avec une américaine blonde typique de Los Angeles, d'une quarantaine d'année. Soudain le DJ joue un morceau de Psychic TV, et alors je les entends dire : « Oh cool, ce morceau, cela fait longtemps que je n'ai pas vu Genesis... Blablabla. » C'est le genre de chose qu'il serait impossible de vivre à Paris où les gens ne se mélangent pas...
Puisque la lecture de votre site laisse supposer que vous êtes de grands spécialistes de la chose, racontez-nous votre plus belle orgie ?
No Comment.
On note, toujours sur votre site, que vous êtes les champions incontestés du « name dropping ». Je tenais donc à vous fournir une nouvelle occasion de vous défouler en vous demandant quelles sont selon vous les vingt personnalités incontournables du moment ?
Iggy Pop, Ron Asheton, Scott Asheton, Mike Watt, Asia Argento, Dieu, Peaches, Michael Moore, Sid Vicious, Bruno Peinado, Karen O, Ben Laden, Alexa Adams, Larry Clark, Marlon Brando, Superman, Georges Bush, la drosophile, Heidi Slimane?
Quels sont les disques qui ont l'honneur de tourner sur vos platines en ce début d'été ?
Pink Grease, Felix Da House Cat, Northern Lite, Dirty Sanchez, Black Moustache, Cool Kids of Death, X Wife, Boyskout...
Les visuels de The Dead Sexy Inc. (photos de presse, flyers, etc.) font la part belle au dandysme, avec ce que ça comporte d'ambiguïté. On y trouve de nombreux clins d'oeil au glamour rock 'n' roll, aux paillettes du glitter et au rimmel de la new wave. Qu'est-ce qui vous attire dans cette esthétique décadente ?
L'ambiguïté sexuelle, le jeu de rôle, la provocation.
Ne craignez-vous pas d'être récupérés par la hype et d'atterrir par exemple sur les rayonnages de Colette dans le rôle des nouvelles figures underground jetées en pâture à la jet-set ?
On ne craint rien, on a envie d'agir...
A votre avis, que valent les vieux adages « Sex, Drugs and Rock 'n' Roll » et « Do It Yourself ! » à l'aube du 21e siècle ?
« Sex, Drugs and Download 'n' Roll »... « Do It Yourself » est tout à fait d'actualité, le système économique est omniprésent dans les médias et la culture. Heureusement, il a produit des outils sophistiqués à bas prix qui permettent de court-circuiter, notamment grâce à la communication par le web, la création et les réseaux contrôlés par les grands groupes.
Qu'en est-il aujourd'hui de vos activités parallèles, notamment LTNO pour Emmanuelle, l'écriture ou la réalisation de DVDs pour Stéphane et The Go Devils pour les deux ?
Nous sommes en suractivité... Beaucoup de projets en cours : Dvd, un road-movie sur une traversée des USA, l'organisation d'un festival ElectroDiscoPunk à Paris pour le printemps prochain, de nombreux sets de DJ dont une résidence au Pulp à partir d'octobre. Puis en ce qui me concerne l'album Sea, Sex & Burn de LTNO qui sort aux USA fin août, sur le label Cleopatra, ainsi qu'en Allemagne chez Vielklang, en septembre. Un nouvel album est aussi en cours, le volume 2 EHB Fragment d'un discours pornographique est presque terminé...
Comment voyez-vous le futur, plutôt Amanda Le Pore ou Diamanda Galas ?
No Future, God save the Queer, No Future.
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