INTRODUCTION
Lancée par Laurent Courau à l’automne 1995 sur les ruines encore fumantes de l’underground des années 1980, La Spirale s’est donnée pour mission première de remettre l’énergie féroce du PUNK au coeur du CYBERPUNK.
Radical, anonyme et gratuit, ce fanzine électronique détonne par son propos et son esthétique au coeur de la première vague de publications DIY d’un Internet francophone encore balbutiant. Dès ses débuts, les contenus de La Spirale prennent une dimension internationale :
intervention du pape de la contre-culture Timothy Leary, guide du New York underground, focus sur les mutants industriels de Survival Research Labs, interviews du fondateur de Robot Wars et des pirates médiatiques du Billboard Liberation Front, connexion avec les cyberpunks californiens de Mondo 2000 et de Boing Boing.
Fidèle à ses origines, aux années passées sur le bitume parisien, ainsi qu’aux romans de J.G. Ballard, de Norman Spinrad et de William Gibson, La Spirale prophétise que « l’avenir ne se passera pas dans l’espace, mais dans la rue ».
À l’inverse des utopies marchandes du village global, elle prend le pari d’un nouveau désordre mondial qu’il convient de transformer en « grand terrain de jeux absurde » pour les mutants du XXIe siècle. Quitte à emprunter les chemins de traverse de notre meilleur des mondes numérique.

UNE HISTOIRE DE LA SPIRALE.ORG
Au commencement étaient le verbe… le code et les pixels.
Certainement l’un des premiers médias de l’Internet francophone toujours en activité, La Spirale est lancée par l’auteur et réalisateur Laurent Courau au début des années 1990, dans les soubresauts de la déferlante techno-industrielle et cyberpunk. Une mouvance qui associait déjà les technologies de pointe aux contre-cultures les plus étranges. Fanzine vidéo, puis lettre d’information photocopiée, ce magazine alternatif explore plusieurs supports avant de s’incarner définitivement dans le cyberespace en 1995, quelques mois après la démocratisation de l’Internet en France.
Le site n’a depuis lors cessé de muter et de se développer pour réunir aujourd’hui plusieurs centaines de pages consacrées à tout ce qui sévit du côté obscur de la culture populaire contemporaine. Autoproclamée « eZine pour les Mutants Digitaux », La Spirale s’est choisi pour mission de documenter les secousses qui agitent les bas-fonds de la sphère informationnelle en défendant l’idée que les excentriques d’aujourd’hui annoncent le monde de demain et que les courants culturels les plus intéressants apparaissent dans les marges, loin de la sieste ronronnante des institutions et des médias de masse.
Très axée sur la culture cyberpunk à ses débuts, La Spirale s’est depuis ouverte à l’éventail complet des contre-cultures et des subcultures contemporaines, zappant sans complexe d’une interview de Randy Trochmann, l’inquiétant fondateur de la Milice du Montana, à des articles sur le hacking, le techno-chamanisme, l’intelligence artificielle et l’émergence des modifications corporelles en Europe. Les délires acidulés de Timothy Leary, les perspectives inquiétantes de Maurice G. Dantec ou l’exhibitionnisme joyeux des punkettes des Suicide Girls y ont trouvé un espace d’expression libre et complice.
Bien que se définissant dans une perspective plus ludique que politique, La Spirale a su réagir aux événements marquants de ces dernières années (guerre du Kosovo, bug de l’an 2000, attentats du 11 septembre, etc.) en proposant une tribune à ses lecteurs et aux agitateurs d’idées habitués de ses colonnes. Des écrivains, des journalistes et des artistes tels que Alan Moore, Maurice G. Dantec, Michel Houellebecq, Jean-Marc Ligny, Roland C. Wagner, Douglas Rushkoff, Yann Minh et Maxence Grugier se sont exprimés librement, voire opposés, à de nombreuses reprises dans ses pages.
Mutations pop & crash culture, la première anthologie de La Spirale, (éditions Chambon et éditions du Rouergue, 2004) témoigne de cette effervescence en réunissant une large sélection d’interviews publiée durant les huit premières années du site, accompagnées de textes permettant de les situer dans un contexte chaotique et culturel. Une parution suivie, quelques années plus tard, par Vampyres, quand la réalité dépasse la fiction, un film documentaire (Avalanche Productions, 2007) et un livre (Flammarion, 2006) de Laurent Courau, tous deux directement liés à La Spirale.
En 2025, La Spirale reprend son rôle d’incubateur de futurs multiples et s’apprête à célébrer son 30ème anniversaire à l’automne, toujours libre, toujours indépendante et hors des sentiers battus.
