L’Étrange Festival nous fait le grand honneur d’une carte blanche en cinq épisodes, forcément délirante, rare, insolente, merveilleuse, paranoïaque, dissidente, punk et psychédélique… à l’occasion du 30ème anniversaire de La Spirale, qui renaît enfin de ses cendres et fusionne avec Mutation Magazine.
L’Étrange Festival : « Le médium, c’est le message, » scandait il y a soixante-et-un ans le Canadien Marshall McLuhan. Créateur de l’épatant site web La Spirale, Laurent Courau l’a bien compris et offre depuis trente ans tout ce qui se fait de plus passionnant et de créatif à travers la planète des arts « divergents ». Un anniversaire en forme de carte blanche s’imposait afin d’attester du bien fondé de sa mission.
Au programme de ces projections abracadabrantes, de la magie sexuelle, un maelström de réalités alternatives, beaucoup de nudité en public, deux bombes atomiques, des manipulations mentales, de la surveillance de masse, de l’art singulier, des overdoses d’acide et des tirs de fusils à pompe !
. L’Étrange Festival
. Carte blanche à La Spirale
Partagez ! Diffusez ! Et rejoignez-nous à L’Étrange Festival pour ces futurs moments d’anthologie ! On se retrouvera après chaque séance au bar du Forum des Images pour prendre un verre et échanger. Présentations, bandes-annonces, dates et horaires de séances plus bas sur cette même page.
L’ÉTRANGE FESTIVAL – XXXIe ÉDITION
02 > 13 septembre 2025 au Forum des Images
Forum des Halles – 2, rue du cinéma – 75001 Paris
A SCANNER DARKLY (2006)
Richard Linklater – États-Unis – Science-Fiction / Animation
Séance
Jeudi 04 septembre • 14h15 • Salle 500
L’Étrange Festival : Dans un futur proche, un policier infiltré doit enquêter sur les effets de la Substance M, une nouvelle drogue ultra dangereuse. La testant lui-même, il perd progressivement conscience de son identité.
Les superlatifs manquent pour qualifier A Scanner Darkly. Avec l’utilisation de la rotoscopie comme coup de génie, meilleur moyen de traduire la distorsion du réel, la sensation de perte de conscience et le point de vue brouillé du junkie, Richard Linklater signe la meilleure adaptation de Philip K. Dick. Le spectateur se sent comme un émetteur parasité, à l’image des protagonistes, avalés. Le cinéaste a tout capté de l’essence métaphorique de l’écrivain et la transmet, nous rend sa douleur palpable. Avec ce bloc formel fascinant et ce brûlot anticapitaliste, Linklater traduit à l’écran la substance même d’un écrivain… et son cri. Hallucinant et bouleversant.
Avec Keanu Reeves, Robert Downey Jr., Winona Ryder, Woody Harrelson, Rory Cochrane – Scénario : Richard Linklater (d’après un roman de Philip K. Dick) – Photographie : Shane F. Kelly – Montage : Sandra Adair – Musique : Graham Reynolds – Production : Tommy Pallotta, Jonah Smith, Erwin Stoff, Anne Walker-McBay, Palmer West – Durée : 100 minutes – Couleurs
La Spirale : Un futur proche, où paranoïa et identités floues s’entrelacent dans une société qui implose sous les effets conjugués des drogues et de la surveillance de masse. Ça vous rappelle quelque chose ? Richard Linklater questionne, non sans ironie, notre rapport à l’effondrement des derniers lambeaux de réalité consensuelle qui maintenaient encore le vieux monde en activité.
JAPANESE AVANT-GARDE PIONEERS (2025)
Amélie Ravalec – Grande-Bretagne, Japon, France – Documentaire
Séances
Samedi 06 septembre • 16h15 • Salle 300
Dimanche 07 septembre • 19h15 • Salle 100
L’Étrange Festival : Mishima, Araki, Terayama, Hijikata, voici quelques noms parmi les plus emblématiques d’un mouvement d’avant-garde qui fit exploser les règles et le langage culturel du Japon des années 60 en plein bouleversement social et politique. Toute une génération d’artistes provocateurs et fiers de l’être sublima le traumatisme de la guerre, emportée par le désir contestataire et l’appétit d’une liberté sans condition. Que ce soit avec le cinéma et le théâtre underground, la photographie expérimentale hyper charnelle, l’art graphique surréaliste entre pop et eroguro ou les infernales danses butō, ils allaient redéfinir les règles en les refusant. Encore aujourd’hui, ces artistes continuent d’étendre leurs influences, du Japon au reste du monde. Véritable feu d’artifice visuel, le documentaire d’Amélie Ravalec leur rend magnifiquement justice.
Avec Nobuyoshi Araki, Tatsumi Hijikata, Eikoh Hosoe, Yukio Mishima, Daido Moriyama – Scénario : Amélie Ravalec – Photographie : Maaserhit Honda, Chris Moore – Montage : Amélie Ravalec – Musique : Greg Dombrowski, The Secession – Production : Amélie Ravalec – Durée : 100 minutes – Couleurs
La Spirale : Une formidable leçon de choses, dont on ne saurait trop s’inspirer dans la période chaotique que nous traversons… Comment les artistes japonais ont su réinventer un monde fantastique, unique et d’une beauté folle, après un demi-siècle de militarisme forcené, conclu par le traumatisme des deux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki.
Précédé de SUMARSÓLSTÖÐUR (2025)
Amélie Ravalec – 2025 – France, Grande-Bretagne – Science-fiction
Avec Gô Arisue, Hu Chia, Ásgerður Eria, Paul Michael Henry, Osamu Kuroda – Scénario : Amélie Ravalec, Vincent Ravalec – Photographie : Maaserhit Honda, Chris Moore, Kevin Pagès – Montage: Amélie Ravalec – Musique : Greg Dombrowski, The Secession – Production : Vincent Ravalec – Durée : 30 minutes – Couleurs
THE INSTITUTE (2012)
Spencer McCall – États-Unis – Documentaire
Séance
Mardi 09 septembre • 20h00 • Salle 100
L’Étrange Festival : Entre 2008 et 2011, dix mille personnes ont été admises au Jejune Institute, une mystérieuse organisation leur promettant un jeu de réalité alternative qui allait changer leur vie… mais pas forcément comme ils l’attendaient. Le réalisateur Spencer McCall raconte cette étrange aventure du côté des participants.
Parfois, la réalité dépasse les concepts de science-fiction les plus insensés… à moins que Spencer McCall ne nous égare, avec une certaine perversité, entre le mockumentaire et le documentaire, sans qu’on ne puisse vraiment démêler le vrai du faux. Il suggère ainsi que les vrais cobayes de cette expérience cinématographique unique sont peut-être nous. Une saisissante réflexion sur l’image et sur une époque où vérité et réalité sont devenues des concepts malléables et évanescents.
Avec Arye Bender, Boston Blake, Jeff Hull, Chelsea London Lloyd, Gordon Mclachlan – Scénario : Jeff Hull – Photographie : Paul Justin Encinas – Montage : Spencer McCall – Musique : Anthony Cardenas – Production : Spencer McCall, Uriah Findley, Phil Benson – Durée : 92 minutes – Couleurs
La Spirale : Plongée hypnotique dans un univers parallèle… ou l’étrange aventure de la Jejune Institute. Une mystérieuse organisation fictive, implantée dans les rues de San Francisco, qui a réussi à attirer des milliers de participants. Quelque part au croisement d’un culte underground post-moderne, d’une œuvre d’art immersive et d’une incroyable manipulation de masse.
THIS IS ROCKBITCH (2003)
Norman Hull – Grande-Bretagne – Documentaire
Séance
Mardi 09 septembre • 22h15 • Salle 100
L’Étrange Festival : Vivant au sein d’une communauté sexuelle, les musiciennes de Rockbitch se produisent sur scène, nues, mêlant la démonstration de leur amour libre à la prestation musicale. Ce documentaire captivant traduit cette singularité d’un collectif qui, loin de considérer leur comportement comme provocateur, l’envisage comme une libération s’adressant à toutes les femmes du monde. Sans tabou, excitant, passionnant, This Is Rockbitch capte ce fusionnement de la vie et de l’art qui retrouve l’exaltation quasi païenne d’une magie sexuelle qu’on croyait perdue.
Avec Suna Davi, Nikki Fay, Joanne Heeley, Amanda Skinner, Lisa Willis, Julie Worland – Scénario : Norman Hull – Photographie : Don Freeman – Montage : Olivia Baldwin – Musique: Rockbitch – Production : Toby Dye – Durée: 81 minutes – Couleurs
La Spirale : Grandes prêtresses de la magie sexuelle, communauté féministe, matriarcale, polyamoureuse et païenne, nudité et pornographie, punk-rock et heavy-metal! Sans conteste, le film le plus inclusif de cette Carte Blanche. Plus que le portrait d’un groupe de musique, une immersion dans une contre-culture où le fist-fucking et les sécrétions corporelles deviennent acte de résistance.
BUTTHOLE SURFERS: THE HOLE TRUTH AND NOTHING BUTT (2025)
Tom Stern – États-Unis – Documentaire musical
Séances
Samedi 12 septembre • 21h15 • Salle 300
Dimanche 13 septembre • 14h15 • Salle 100
L’Étrange Festival : L’odyssée du groupe art-punk révolutionnaire texan et de ses fondateurs : le chanteur Gibby Haynes et le guitariste Paul Leary. Lorsque Tom Stern ne coréalise pas des films azimutés et inclassables comme Freaked avec Alex Winter, il n’en abandonne pas pour autant son amour de la marge et de l’antisocial avec ce documentaire aussi passionnant qu’émouvant. Le scénariste disait avoir comme modèle James L. Brooks, et de fait : non seulement le résultat est déjanté, mais il est également particulièrement touchant, amer, propre à tirer des larmes aux plus insensibles d’entre vous.
Avec Gibby Haynes, Paul Leary, King Coffey, David Yoh, Eric André – Scénario : Tom Stern, Simon Weinstein – Photographie : Alex Poppas, Jim Saah – Montage : Scott Evans, Nick Ferrell – Musique : Butthole Surfers – Production : Noa Durban, Scott Evans, Derrick Rossi, Tom Stern – Durée : 106 minutes – Couleurs
La Spirale : À la question traditionnelle du disque que l’on emmènerait sur une ile déserte, je réponds sans hésiter par la discographie complète des Butthole Surfers. Escouade de Texans fous-furieux, aussi punks que psychédéliques, option LSD, « bad trip » et fusil à pompe, dont le réalisateur Tom Stern réussit ici à nous narrer les aventures avec brio. Totalement total !